Innovation : de Sumer au numérique !

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Cette présentation a pour objet l'expliquer l'évolution de la représentation des connaissances et ses conséquences sur le système socio-technique.

NB : le chanrgement peut être long car il y a beaucoup d'images.. Un peu de patience, merci...


S'emparer des outils numériques pour revitaliser l'économie

Où en est la France dans la relance de son économie ? Perdue dans le rêve d'un retour à la croissance d'antan, transpercée par les déficits, la France se vit comme la grande victime de la mondialisation. Comme tous les autres pays, elle dispose toutefois d'un levier de transformation majeur, la généralisation des outils numériques pour simplifier, rationaliser le passé et ouvrir le champ immense du futur. Or tout se passe comme s'il fallait encore convaincre les dirigeants qu'ils avaient entre les mains un moyen puissant de reconfigurer leurs processus et d'inventer de nouvelles activités. Cette cécité paradoxale dans un pays qui aime l'innovation technologique pour ses usages individuels conduit, par exemple, à être très en retrad en matière de robots industriels. Or le web et internet fournissent des solutions accessibles, faciles à mettre en oeuvre et peu coûteuses. Il n'est que temps d'agir sans délai pour changer et aller de l'avant !

Vingt ans après la démocratisation de l’accès à internet par la mise au point d’outils de navigation simples et efficaces, le réseau internet et l’ensemble des services accessibles par le web sont partout dans le monde devenus une réalité économique, culturelle et sociologique dont l’ampleur, dans l’histoire de l’innovation, est unique. La France n'y échappe pas. Pourtant elle en retarde la prise de conscience en dépit du nombre élévé de rapports pertinents qui visent à en réveiller la conscience numérique.

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Or cette mutation a été servie par la démocratisation de l’accès aux services de l’internet et du web, qui n’exige aucun apprentissage, par la baisse des coûts des terminaux et des services et par la généralisation des usages dans chacune des sphères de la vie professionnelle et sociale. Chacun de ces vecteurs de transformation va continuer à agir dans les prochaines années pour amplifier le nombre des innovations et leur impact sur la vie sociale. C'est un phénomène inéluctable, sauf cygne noir qui viendrait bouleverser toutes les perspectives mondiales.

Avec plus de 90% de la population mondiale pouvant accéder aux services de la téléphonie mobile, avec plus du tiers de la population mondiale disposant d’un accès au web, avec plus d’un milliard de terminaux intelligents mobiles vendus en 2014, le web ne représente plus une nouvelle frontière élitiste et confidentielle, mais un phénomène de masse totalement immergé dans la réalité économique et sociale de notre époque. La France qui a pu se considérer comme en retard par rapport à ses principaux concurrents n’est plus techniquement pénalisée grâce à la concurrence qui offre des accès économiques aux ressources fixes et mobiles du web. Le nombre de start-ups, l’action publique  pour la numérisation des services publics, le développement des services numériques dans les grands secteurs économiques mettent la France au diapason des grands pays.  La France peut même s'enorgueillir d'être classée en 2014 par l'ONU parmi les premiers pays mondiaux et même au premier rang en Europe pour la e-administration.  Mais toute situation acquise est fragile dans un champ hautement concurrentiel et mondial. Car très prochainement, c’est bien l’ensemble de la population mondiale qui pourra accéder aux potentiel du web, ce sont les objets connectés qui  vont être au cœur de la future vague de transformation. Cette double expansion dans le nombre d’utilisateurs  et dans le champ des usages possibles du numérique offre naturellement de nouvelles opportunités mais aussi dilue rapidement tout avantage comparatif temporaire. 

Nous avons construit pour la simple année 2010, selon les calculs du MIT,  cent fois le volume d’informations créées depuis l’origine de la civilisation.  Nous ne sommes qu’au début d’une aventure humaine exceptionnelle où la mise en connexion par le web de milliards d’êtres humains constitue une expérience cognitive sans aucun équivalent dans notre histoire. Nous sommes sortis d’une vision linéaire, prédictive du progrès de connaissances pour entrer dans un modèle à la fois systémique et exponentiel, où chaque discipline se nourrit et alimente les progrès des autres disciplines. De cette croissance sans limite  vont émerger des produits et services aujourd’hui simplement inimaginables. 50% des produits et services que nous utiliserons couramment en 2025 n’existent pas aujourd’hui.

La  capture de données, la recherche d’informations et l’élaboration de connaissances constituent les fondements d’un nouveau cycle économique impliquant nouveaux acteurs, nouvelles disciplines, nouveaux modes de gestion et de management.

C'est là où se joue vraiment l'avenir des entreprises : concevoir et mettre sur le marché des produits innovants, attractifs, en ligne avec les besoins des clients  est la vraie -et seule- finalité des entreprises. Le faire en disposant d'un moyen ultra efficace pour rapprocher des informations structurées issues du système d'information interne, et les informations non structurées internes comme externes, donne une efficacité accrue au système de conception, qui bénéficie d'une nouvelle qualité d'exploitation du stock d'informations et de connaissances, souvent dormant. Il s’agit non seulement de gérer des données structurées, mais surtout non structurées, dont des images 3D. Veille technologique, analyses concurrentielles, suivi en temps réel du cycle de vie des produits, analyses fines de la réaction des clients sont les nouveaux outils de la performance. Ce qui naguère fut un exercice souvent négligé, la gestion et l’archivage des données numériques devient désormais un outil incontournable d'efficacité dans tous les métiers.

La France, par la qualité de son enseignement, par la persistance d’une industrie numérique qui a su résister dans les applications professionnelles, même si elle a quasi disparu dans les applications grand public, par l’existence d’une génération d’entrepreneurs numériques audacieux, par une infrastructure numérique de qualité  peut retrouver une dynamique de croissance économique alimentée par un usage pertinent du potentiel numérique dans l’entreprise.

Produire dans l’ère numérique c’est bien évidemment s’adapter en temps réel à la  demande par une analyse continue de l’évolution de la demande finale, des stocks et des encours de production. Le cycle de conception, production, distribution est désormais ramassé dans le temps ce qui offre de nouvelles perspectives de réindustrialisation des territoires. Cet exercice est sous-tendu par la capacité de gérer les approvisionnements en flux tendu grâce à une logistique précise. Passer de la conception numérique à la maquette numérique puis au  process numérique devient naturel grâce aux outils de PLM (« product life management ») qui permettent de rassembler dans un référentiel unique l’ensemble des informations nécessaires à la conception, à l’évolution et à la production. La conception entièrement numérique  permet des gains considérables dans les phases d'industrialisation et de production : élimination des retouches et problèmes de fabrication, qualité maximale atteinte dès le démarrage de la production industrielle,  temps d'assemblage divisé par deux, outillage de production réduit de plus de 50%. Ainsi, l’avantage lié au coût de la main-d’œuvre disparaît si les gains obtenus par la vitesse de conception et de déploiement des produits, la réduction des stocks et la limitation des coûts logistiques.

Cette logique s’applique également aux produits dont toute la chaîne de conception est numérique, qu’ils adoptent une forme matérielle (le journal papier) ou immatérielle (l’image du même journal sur internet). Cette continuité protéiforme qui conduit d’ailleurs à remettre en cause l’opposition duale matériel/immatériel s’applique à de nombreux produits comme par exemple un prêt bancaire ou un voyage où la chaîne de conception et de décision purement numérique s’incarne dans une réalité physique. Ces outils permettent un gain de temps et d’efficacité considérables par rapport aux circuits fragmentés de décision. Leur mise en œuvre est de plus en plus simple et accessible, même aux petites entreprises.

Que peut faire l'Etat dans ce contexte nouveau pour lui d'une révolution dont il n'a pas les clefs ? De ce fait, les modes d’actions que peut impulser l’initiative publique ont changé de nature. Il ne s’agit plus de faire connaître et comprendre  le web en tant qu’objet technologique à travers des laboratoires d’expériences, il faut désormais construire avec les outils courants du marché, largement disponibles, les organisations et les processus d’affaires qui vont servir la compétitivité de la France à travers de nouveaux modèles d’affaires, à travers de nouvelles structures, de nouveaux modes d’apprentissages et de nouveaux comportements. Il est aussi indispensable, dans cette réalité mouvante qu’est l’économie numérique, d’en comprendre les ressorts pour anticiper les évolutions futures et préparer leur intégration dans la quotidienneté. Le choix de soutenir des projets techniques doit être sélectif pour éviter une dilution préjudiciable des moyens.

Certes en dépit de cette généralisation rapide, la révolution numérique est encore inégalement répartie entre les territoires, les groupes sociaux, les usages. Comme face à chaque nouvelle mutation, certains acteurs peuvent estimer être gagnants et d’autres perdants, voire victimes. L’action publique doit favoriser un accès équitable aux ressources numériques en laissant l’initiative individuelle opérer de façon libre. Un des thèmes majeurs de cette dynamique est l’accès aux ressources de l’internet haut débit dans les zones où la rentabilité des investissements ne peut être garanti par la seule dynamique du marché. Or la qualité de l’accès à internet, de façon fixe ou mobile, est une des conditions de base d’un usage pertinent du web.

Le monde du web, et de façon générale l’économie numérique, présente la caractéristique d’être oligopolistique dans ses fournisseurs techniques et totalement dilutif dans la capacité de chacun à tirer profit des objets et services fournis par les moteurs du cœur technique. La compétition ne porte plus sur seulement sur l’invention de nouveaux outils mais sur la combinaison rapide des outils et des services pour proposer  de nouvelles opportunités aux utilisateurs. C’est en portant ces nouvelles opportunités dans les activités et métiers que l’impulsion numérique fait naitre de nouveaux potentiels qui trouveront leurs marchés et leurs publics. Ce processus de métabolisation peut être favorisé et accéléré par les acteurs publics dès lors que les composantes de cette dynamique sont bien identifiées et comprises. Il ne s’agit plus de donner des moyens financiers, il faut favoriser la construction d’écosystèmes qui deviendront rapidement autoporteurs. C’est la philosophie du Fonds national pour la société numérique gérée par la Caisse des dépôts.

C’est bien la capacité à construire des modèles coopératifs entre acteurs qui va permettre de concevoir et porter de nouvelles propositions de valeur dont l'utilisateur sera, in fine, seul juge de la pertinence. S'il y a bien une caractéristique de l'économie numérique qui perturbe les pouvoirs publics et les décideurs, c'est bien cette absence de prévision sur la maîtrise des éléments. Or si l'on ne peut prévoir, c'est alors qu'il faut préparer !

Références

 - Pour ceux que l'industrie numérique passionne, il faut lire l'excellent document publié par le Gimelec  sous le thème de l'industrie 4.0  http://www.gimelec.fr/Publications-Outils/Industrie-4.0-l-usine-connectee-Publication

- Le rapport des Nations Unies, élogieux pour la France, sur le e-government est accessible sur le site

 http://unpan3.un.org/egovkb/en-us/Reports/UN-E-Government-Survey-2014

- Philippe Lemoine a été chargé par Fleur Pellerin en janvier 2014 d'une mission sur la transformation numérique de l'économie française dont les conclusions seront présentées en septembre 2014

 


Qui peut orchestrer la mutation numérique de l'entreprise ?

Le débat, récurrent, sur la nature et le positionnement de la direction des systèmes d’information est, cette fois, en train de changer radicalement. Il est tout à fait normal que la DSI du XXIe siècle ne ressemble pas à celle du XXe siècle. Depuis les années soixante-dix, c’est surtout une direction technique  qui s’est construite pour installer progressivement l’informatisation dans les entreprises. Après une époque pionnière de défrichage technique, elle a été un acteur de l’industrialisation de l’informatique  pour ensuite intégrer l’organisation et créer le système d’information. Si internet n’avait été dans une première étape qu’une évolution technique supplémentaire dans une longue histoire d’innovations techniques de « traitement du signal », le web  s’inscrit dans une autre histoire.  Il est clair que c’est aujourd’hui  une transformation sociétale qui envahit  les entreprises et submerge la direction des systèmes d’information par un flot ininterrompu d’innovations comportementales.

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Ce n’est pas l’informatique qui s’est transformée, mais le monde qui a changé

Certes ce sont bien les progrès techniques qui nourrissent ces innovations, mais elles ne doivent plus rien à l’informatique interne car elles sont initiées et propagées par les acteurs du marché grand public. Quand il se vend un milliard de smartphones dans le monde,  et que chacun des collaborateurs de l’entreprise détient à titre personnel un de ces ordinateurs  mobile, moderne et surpuissant que l’on appelle smartphone, équipé de dizaines de logiciels attractifs, l’informatique interne n’est plus audible ni dans ses recommandations ni encore moins dans ses interdits.

 Mais cette évolution des comportements ne se limite pas au confort de communication  individuel comme l’ont longtemps cru les DSI. Elle  touche surtout les processus d’affaires. Le web conduit à travailler autrement au sein des directions, intégrer les fournisseurs dans un processus de conception, répondre aux clients, inventer de nouveaux produits, voire même de nouveaux métiers. La DSI ne peut prétendre « diriger » les systèmes d’information qui par nature appartiennent à toutes les composantes de l’entreprise dont le système d’information constitue le système nerveux central. Elle ne peut pas non plus impulser ces transformations organiques de l’entreprise.

C’est pourquoi naissent à côté de la DSI de nouvelles structures pour capter l’énergie du web et construire les fondements de cette nouvelle économie, « l’iconomie »,  que le web soutient et propage dans toutes les entreprises et dans tous les métiers. Ces nouvelles structures, à l’instar des directions e-commerce du début des années 2000, ne s’occupent pas d’infrastructure mais d’usage et de business. Qualifiées « d’ agency », de « lab », de « factory », elles portent des  appellations flatteuses, au goût de marketing anglo-saxon, synonyme de modernité. Leurs moyens ne sont que peu comptés et non intégrés dans les coûts du SI de l’entreprise.

La Direction des systèmes d’information se voit confier de fait  la tâche certes essentielle mais moins en visibilité de faire fonctionner les systèmes classiques de l’entreprise. Elle s’appuie sur les outils historiques de l’informatique, autour des ERP, qui n’ont jamais déchaîné l’enthousiasme des utilisateurs. Elle diffuse certes les outils modernes que sont les smartphones, tablettes et apps, mais plutôt dans une logique de régulation économique et de contrôle de la sécurité, fonctions qui là encore sont guère flatteuses. Plus que jamais, la DSI est victime d’un processus  d’individualisation des gains de la numérisation par les directions métiers et de socialisation des coûts sur le budget système d’information, notamment l’infrastructure. Concentrant le budget, la DSI apparait naturellement comme un centre de coûts dont le seul objectif de la direction générale est d’en obtenir une réduction constante.

Choisir, c’est renoncer : le gambit de l’infrastructure

La DSI est donc aujourd’hui à la croisée des chemins. Structure généraliste mêlant le fonctionnement opérationnel, l’entretien des systèmes et des infrastructures et quelques projets d’envergure aux résultats aléatoires, elle oscille entre indifférence  et critiques sur ses coûts et ses règles normatives d’attribution de matériels et de gestion contraignante de la sécurité. Ce positionnement la condamne à ne jouer qu’un rôle, certes vital, mais subalterne, dont le très faible nombre de DSI parvenant à des postes de direction générale est un indicateur.

Or il est plus que jamais nécessaire d’investir dans les technologies du XXIe siècle pour booster la capacité des entreprises à innover et conquérir une nouvelle rentabilité. Cette recherche de performances nouvelles ne peut que venir que de l’utilisation intensive de toutes les techniques qui  permettent de produire, capter, traiter, traduire, restituer, transformer, stocker l’information. Chaque jour de nouveaux progrès scientifiques sont obtenus grâce à l’exploitation des outils numériques. De nouveaux outils comme le Big Data, c’est-à-dire l’exploitation des données massives, permettent l’essor de disciplines nouvelles ou jusqu’alors confidentielles comme l’intelligence artificielle,   l’analyse des comportements, la modélisation de systèmes complexes. Les capteurs se multiplient ajoutant aux informations de gestion classique de nouveaux champs considérables d’informations opérationnelles. La démocratisation de ces outils permet de les exploiter dans des situations de plus en plus larges, au plus près de la décision, dans chacun des contextes d’action, au niveau le plus approprié. Que ce soit en matière logistique, dans le domaine du transport, de l’énergie, de la santé, pour concevoir de nouveaux produits et services, on exploite le rapprochement de données par des outils logiciels puissants et la diffusion de ces informations à travers les réseaux et les écrans de toutes natures.

 Ce choc numérique ne peut se faire à l’écart des professionnels du traitement de l’information

Qui peut maîtriser cette expansion infinie de la donnée  et des outils ?  Il est évident que l’initiative de chacun risque de conduire à une vaste cacophonie où données, informations et connaissances seraient gérées par impulsions aléatoires. Il faut donc un chef d’orchestre. Ce ne peut être que le dirigeant lui-même. Mais pour exercer cette fonction, il lui faut s’appuyer sur un professionnel des systèmes complexes  qui saura architecturer, structurer et pérenniser  les flux de données qui constituent aujourd’hui l’ADN de l’entreprise. On ne confie pas son ADN à une « fonction support ».  Cette fonction métier d’un nouveau type doit agir comme un pôle de veille et d’impulsions, mais aussi comme un référent des pratiques, des outils et un garant de l’intégrité des données.  Elle gère aussi la dynamique du « temps du web », où les décisions sont prises rapidement, les outils produits et mis en œuvre de façon collaborative en mode agile, les méthodes de déploiement instantanées… Chef d’orchestre, elle garantit la cohérence systémique, veille à une exécution parfaite et à une qualité qu’aucun des instrumentistes ne peut atteindre seul.

Plutôt que de multiplier les initiatives fractionnistes, la création de cette entité nouvelle doit assurer à l’entreprise que toutes les innovations seront exploitées dans les règles de l’art et dans l’intérêt commun de chaque composant de l’entreprise. Il s’agit clairement d’une fonction centrale majeure pour l’avenir qui doit s’affranchir des lourdes opérations ancillaires qui occupent encore largement l’emploi du temps des DSI.

Pour se hisser à ce niveau, il faut que les DSI acceptent de ne plus gérer l’infrastructure et le service au quotidien qui sont aujourd’hui des fonctions industrielles et banalisées qu’il faut confier au marché en les standardisant et mutualisant. Cela s’appelle, notamment,  le cloud computing, qu’il faut mettre en œuvre sans inquiétude en créant les normes d’excellence opérationnelle indispensables et en en pilotant l’exécution. Ce métier relève d’une entité professionnelle très proche de la performance au quotidien.

Deux pistes institutionnelles complètent cette analyse de l’évolution fonctionnelle, et plusieurs scénarios d’évolution pourraient être envisagés en fonction de la nature et de la maturité informatique et numérique de l’entreprise. Si l’ancrage de ces entités n’est pas le sujet majeur, on sait également qu’il revêt en termes d’autorité et de symbolique une importance non négligeable.

 On   peut imaginer que les fonctions de la DSI soient confiées à deux entités clairement distinctes dans une gouvernance unifiée conforme aux principes de COBIT:

-        Une Direction de l’efficacité opérationnelle du système d’information, chargée du pilotage au quotidien à travers des partenariats et donc de la conclusion des contrats d’externalisation et de leur pilotage, rattachée au Chief operation officer de l’entreprise ou au DG

-        Une Direction de la transformation numérique, chargée de l’orchestration de la mutation numérique de l’entreprise et rendant compte au président directeur général

Les CIO actuels sont d’excellents candidats pour les deux postes. Mais ils doivent clairement choisir entre l’optimisation incrémentale du passé ou l’incertaine mais exaltante construction de l’avenir.

 

NB : l'image est tirée de ce document étonnant  http://www.buzzwebzine.fr/digital-orchestra-beethoven-joue-avec-ipads-iphones/


Contre la complexité du monde, repenser nos priorités !

 Si les parallèles entre 1914 et 2014 sont tentants  en cette année mémorielle, le contexte est, bien entendu, profondément différent.  On fête – si ce mot a ici un sens – le début d’une tragédie, cette terrible première guerre mondiale dont l’absurdité suicidaire n’en finit pas de surprendre, et les soixante-dix ans du débarquement qui allait accélérer fin d’une autre tragédie, la seconde guerre mondiale qui a ravagé la planète pour longtemps. Ces conflits, en fait, n’en font qu’un, une longue séquence de violences au nom du nationalisme et de l’idéologie qui commencent dans l’embrasement de l’été 14 et s’achèvent dans les soubresauts de la décolonisation.  On peut même dire que le communisme, comme le nazisme,  étant les produits de la première guerre mondiale, et sa consolidation ayant été amplifiée par la seconde, c’est bien en 1989 avec le chute du mur de Berlin que  s'achève cette longue séquence. C’est  donc  une  période de 75 ans  de guerre et de tensions  qui a été alimentée par la folie des Européens. Si la « construction » européenne, processus aléatoire, chaotique et par nature  inachevé, a bien servi à quelque chose, c’est d’avoir construit  en Europe, à partir de ces ruines,  un espace de paix prospère. Rien ne permet de penser que cela peut durer…

Le résultat de ces deux conflits est hélas sans appel : ils ont cassé l’idée de progrès et scellé l’irrémédiable déclin de l’Europe.  Or, malgré ses échecs et ses excès, l’Europe a toujours donné du sens à l’aventure humaine. Sa culture humaniste et universaliste ont aidé à construire un monde habité par l’idée de paix et de développement harmonieux. Si ce phare devient palot, le reste du monde en subira les conséquences.

Si la croyance dans le progrès avait cimenté l’opinion publique de la fin du XIXe siècle, c’est  l’angoisse du futur qui paralyse les « vieux pays » en ce début de XXIe siècle. On solde ainsi le XXe siècle, ses conflits, ses idéologies, ses succès aussi dont les trente glorieuses et l’état solidaire ne sont plus que des souvenirs enjolivés. Mais on est incapables d’inventer l’avenir. Les mythes refondateurs, comme l’Europe, sont sérieusement ébréchés et les élections européennes de mai risquent de confirmer que les opinions n’ont plus guère de foi en ce concept fourre-tout.

Mais si l’Europe n’a plus de confiance en son avenir – l’échec de l’agenda de Lisbonne en étant le pathétique symbole - qu’en est-il des pays en croissance ? Les Etats qui souhaitent mener le bal du XXIe siècle ne sont guère en meilleure santé, drogués par la corruption, incapables d’inventer de nouveaux mécanismes qui ne singent pas les modes et dogmes de la pensée occidentale triomphante dans sa quête d’enrichissement individuel au détriment de la solidarité et du long terme de la planète. On peut se réjouir à court terme pour l’industrie automobile que la Chine représente désormais le premier marché automobile de la planète avec plus de 21 millions de voitures vendues, on ne peut que frémir de l’impact à moyen terme de cette invasion dans un pays qui connaît une pollution sans précèdent aux conséquences sanitaires et politiques incalculables.

Les vieux pays sont ceux qui menaient le monde à l’orée du XXe siècle : Europe occidentale, Russie, Etats-Unis. Ils ont été rejoints par la Japon, naguère modèle de modernité, aujourd’hui encalminé depuis plus de vingt années par l’absence de perspective économique sinon un vieillissement insulaire fatal. Les Etats-Unis ont perdu toute vision du monde, et donc tout leadership, aveuglés par leur paranoïa anti-terroriste qui leur permet de conduire, avec l’arme du renseignement et son bras séculier, les drones, une guerre permanente, non dite, en dehors de toutes les règles.

Le bilan est sombre. On constate d’un côté l’affaiblissement culturel, scientifique et économique de l’occident, de l’autre une croissance sans but qui apporte un bien-être fragile et tellement dissymétrique qu’il en compromet les bases sociales et politiques. L’incapacité collective à définir une stratégie mondiale de  protection  des ressources naturelles n’en est que la conséquence, certainement tragique pour l’humanité.

Aussi pour satisfaire la demande de sens qui émane des jeunes générations, mais aussi pour répondre à l’angoisse de la majorité de la population qui pense que le futur sera plus sombre que le passé, il faudrait déployer beaucoup de pédagogie et d’enthousiasme pour faire naître la confiance en un futur indéterminé.

Trois idées sont de nature à dissiper ce brouillard :

-          Réinventer la démocratie

-          Réorienter la science

-          Reconstruire le travail

Réinventer la démocratie

La démocratie en Europe, qui l’a inventée,  n’est guère florissante, et ailleurs elle est bien pâle… Ce modèle en théorie enthousiasmant souffre de la médiocrité constante des dirigeants incapables de donner du sens à leur action au-delà d’une agitation médiatique aussi vaine qu’activiste.  Or la démocratie, c’est proposer des alternatives, construire dans la durée, rendre compte de façon objective, cultiver la rigueur et la probité, en commençant par la première étape, la probité matérielle… La démocratie, au service de la République, c’est à dire du bien commun, ce n’est pas fabriquer de l’illusion, mais pratiquer la lucidité, s’en tenir aux faits sans inventer avec les « conseillers en communication » dont on voit l’influence délétère un récit mythique et pathétiquement inconsistant, proposer un chemin souvent aride sans tirer des chèques sur un futur semé de cygnes noirs.

Nous avons besoin de démocratie pour, simplement, vivre ensemble. Et pour ça il faut de l’ordre et de l’équité. De la lucidité et de l’espoir. De la tolérance et de la fermeté.

Le régime représentatif ne satisfait plus guère à ces conditions. Il faut le tempérer par la démocratie directe avec des référendums aux effets tangibles sur des sujets clairs. Il faut également développer une information précise sur l’action des élus, en négligeant les grands cris d’orfraie de ces démocrates qui crient au voyeurisme quand on leur demande d’apporter la preuve que leur mandat ne les a pas enrichis illicitement. Coûts réels des projets, connaissance des rémunérations, analyse a posteriori de l’impact des décisions sont autant de données qui doivent être largement partagées pour être soumises à l’analyse des citoyens. Le web peut être cet outil de partage indispensable.  Il faut aussi que le parlement soit plus un organe d’investigation et de contrôle de l’exécutif qu’une machine à produire du texte législatif  sans consistance car mal construit et inapplicable. Référendums et open data sont deux contrepoisons efficaces à toutes les tentations de dérive. Ultimement, il faudra bien apprendre à dissoudre la classe politique pour ne prêter provisoirement l’exercice du pouvoir qu’à de citoyens intègres et peu soucieux de « faire carrière ». Utopique ?? Non, transparence, honnêteté et sanctions réelles doivent cimenter ce nouveau pacte social. Le risque à ne pas faire cette révolution est bien de laisser aux groupes animés par la rancoeur, la peur de l’autre, le plaisir d’occuper le devant de la scène avec leurs projets inconsistants mais attractifs dans leur simplification rassurante.

Réorienter la science

La science a déçu. Non pas l’idée de science, mais son application opérationnelle dans des disciplines qui touchent la vie au quotidien, le quotidien de la vie : santé, énergie, alimentation. Il n’y a pas de journée où on ne découvre les effets négatifs sur la santé et l’environnement de tel ou tel molécule. Les excellents documentaires de la 5 ou d’Arte, les articles  de Science &Vie, sont une longue série de catalogues déprimants de l’effet imprévu à long terme de découvertes primitivement miraculeuses…  L’évaluation scientifique doit être entourée de toutes les garanties de rigueur et d’objectivité en évitant que le financement des recherches scientifiques « indépendantes » ne se fasse par les heureux bénéficiaires  de ces découvertes.  Or la course aux financements conduit au compromis, et le compromis aux compromissions… Les exemples sont nombreux dans le monde médical, dans celui de l’agro-alimentaire. Les lobbies, puissants et efficaces,  auxquels une grande liberté est offerte arpentant les couloirs des Assemblées, et ont pignon sur rue au Parlement européen. Leur action publique vaut certainement mieux que les pressions clandestines, mais on doit clairement savoir qui ils rencontrent… les personnalités du monde de la médecine n’hésitent pas à confondre leur intérêt personnel et celui de leurs commanditaires. Les lobbyistes  ont réussi à persuader les Parlement européen que l’étiquetage informatif très clair qui a été adopté en Grande-Bretagne n’avait pas de sens…  en Europe continentale.

Reconstruire le travail

Le chômage mine la jeunesse, déprime les seniors, délite les banlieues, relègue les femmes dans des rôles domestiques non valorisés. Ce poison violent remet en cause la dignité humaine et détruit le sens de l’effort pour participer à la  construction de monde. Le chômage détruit l’image que les hommes ont d’eux-mêmes et comme le chantait Félix Leclerc «l ‘infaillible façon de tuer un homme,  c’est de le payer pour être chômeur ». Les dégâts d’un assistanat permanent sont considérables sur la santé, l’éducation, la cohérence du tissu social. Or le chômage ne cesse de progresser en Europe et dans le monde. Ce résultat heureux du progrès technique qui devrait réduire la pénibilité du travail se mue à court terme en fléau faute de capacité rapide d’adaptation.

Le coût social du non-travail est en fait  le principal facteur de non-compétitivité. Laisser en dehors des entreprises des millions d’actifs formés est un gaspillage considérable de talents et de propositions d’activités. Le travail n’est  pas un stock fini, qu’on se partage, mais un flux qui se recompose de façon dynamique. Plus il y a d’acteurs, plus il y a d’idées qui germent et réussissent. Il faut donc abattre toutes les barrières à l’entrée à l’activité en renforçant, avec un code du travail simplifié, l’efficacité des sanctions. Alors que les règles du jeu changent sous la poussée des techniques de communication et face à la transformation culturelle, il ne faut pas interdire a priori en matière de durée du travail, d’activité dominicale ou nocturne, de travail à la maison. Il faut en revanche punir sans pitié les exploiteurs et les escrocs.

Aussi mettre de façon volontariste les gens au travail non seulement leur redonne un revenu lié à une activité utile, mais fabrique de la confiance et donc induit une spirale vertueuse qui agit sur tous les paramètres de la vie sociale et économique. Seulement ce droit au travail est aujourd’hui nié au nom de la rentabilité immédiate.

 

Ceci représente un vaste chantier collectif. Car n'attendons d'aucun homme providentiel qu'il se risque à sortir des sentires battus pour lancer de tels changements qui sortent du cadre des "réformes". C'est aux citoyens de s'organiser pour réagir et créer un nouveau sens au bien commun. Et c'est par l'échange sur le web que se tissent les idées, les relations et se préparent les transformations.


Le choc numérique

Lancé en mars 2013, notre travaill collectif est entré dans sa phase finale, l'impression. Dans quelques jours, l'ouvrage va être mis en distribution par l'éditeur Nuvis sous forme papier et numérique. Toute l'équipe est heureuse d'avoir mené à bien ce projet collectif qui illustre pleinement notre propos : le numérique met en synergie les compétences et les efforts individuels pour un résultat supérieur à celui atteint par une personne seule. Bien entendu le collectif ne se décrète pas, c'est aussi le résultat d'une volonté et d'un effort particulier de se mettre au service du groupe en acceptant de négocier son point de vue afin de trouver systématiquement un consensus; nous expliquons cela dans le "making off" du livre. Que toute l'équipe enthousiaste des consultants de Sia Partners qui ont participé spontanément à cette aventure soit ici remerciée !

En attendant la parution voici, en avant-première,  la préface de Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du MEDEF en charge, notamment, de l'économie numérique et l'introduction.

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Préface

Jamais l’espèce humaine n’a produit autant de traces de son quotidien, de ses actions, de ses modes de vie et de son intelligence en si peu de temps et à si grande échelle. Jamais elle n’a bâti de réseaux aussi gigantesques et ouverts, qu’elle ne le fait aujourd’hui grâce aux technologies de l’information et de la communication. Jamais elle n’a tiré autant parti de l’intelligence collective pour changer son environnement, son quotidien et pour transformer son futur.

Et pourtant, ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est qu’un commencement ! Nous sommes à l’aube de transformations qu’un seul individu est incapable de conceptualiser mais que chacun d’entre nous est d’ores et déjà en train d’amorcer. La force du numérique est une promesse que nous contribuons tous à construire, à titre individuel mais surtout de façon collective.

L’enjeu maintenant est d’être en capacité de tirer le meilleur de cet écosystème mouvant, itératif, évolutif, en s’en appropriant les règles du jeu, la logique et surtout en en définissant les objectifs. Tout semble désormais possible, le numérique nous affranchit des distances et du temps, il est un levier incontestable d’optimisation des actions et un accélérateur de la prise de décision. Mais il  impose en même temps, une veille, une vigilance et une responsabilisation des acteurs décuplées tant les effets produits sont puissants.

 

Pour l’entreprise, le défi est à la hauteur des promesses portées : promesses de performances, promesses de compétitivité, promesses de créativité et d’innovation renouvelées. Le saut qualitatif est renforcé par des conditions de coûts qui ne constituent plus une barrière à l’entrée. La PME et le grand groupe bénéficient des mêmes accès, des mêmes avantages, pour peu que la transformation des process et des modèles devienne leur priorité. Nous sommes passés dans un univers où les pesanteurs matérielles s’estompent par la montée en puissance de l’immatériel et sa souplesse d’appropriation.

Tout serait alors vraiment idyllique ?

L’avantage comparatif ira désormais au plus souple, au plus adaptable, à celui qui aura su capter les forces de la métamorphose des systèmes. Il ne faudra plus être le plus gros pour durer mais le plus agile, il ne faudra plus être le riche pour se doter des moyens les plus performants mais certainement le mieux informé, le plus initié. Parce que voilà, la clé du succès dans l’appréhension de ce changement majeur de paradigmes, se cache dans ces petits détails : l’information et sa maîtrise !

Ces deux notions sont en effet le corolaire de la performance des outils qui ont contribué à imposer les nouveaux modèles. Celui qui décode, rend intelligible, s’approprie, diffuse ou organise les flux d’informations produits par la « multitude » saura, à n’en pas douter, tirer son épingle du jeu. A l’inverse, ne pas s’en emparer condamne à quitter le jeu.

Aussi, l’entreprise quelle qu’elle soit, n’a plus le choix du numérique ! Elle n’a d’ailleurs même plus le temps de se poser la question. Tôt ou tard, l’ensemble de ses fonctions, son organisation elle-même, son management et les ressources humaines dont elle a besoin seront impactées par ces transformations.

Le défi aujourd’hui pour les entreprises de France est d’opérer au plus vite ce basculement inéluctable.

En tant que vice-Président délégué du MEDEF en charge de l’économie, de la fiscalité, de l’innovation et du numérique, j’aurai donc à cœur d’accompagner les entrepreneurs dans cette mutation des modèles. Parce que le « Choc numérique » fera résonner encore et pour longtemps ses répliques, nous devons tous nous mobiliser pour rendre cette mutation la plus opportune qu’il soit ! Il en va en effet, de l’intérêt de notre économie, de l’emploi et plus largement du rayonnement de la France dans le monde.

 Geoffroy Roux de Bézieux 

 

Introduction

« J’ai fini par comprendre que les grandes révolutions économiques de l’histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergie »

Jeremy Rifkin, La troisième révolution industrielle

 Ceci est une oeuvre collective. Passionnée. Imparfaite. Nous avons voulu rassembler nos connaissances, nos interrogations, enrichir notre culture naissante de cette ère de l’internet et du web. Tous acteurs d’un cabinet de conseil, engagés auprès de nos clients, nous souhaitons comme eux comprendre cette époque pour les aider à tirer parti des formidables opportunités qu’elle recèle, mais aussi à en déjouer les pièges et les risques. Nous ressentons aussi le devoir comme acteurs sociaux de contribuer à éclairer ce chemin nouveau et bien entendu incertain pour expliquer les faits, poser les problèmes, les expliquer et tenter de contribuer à les résoudre. Avec cette écriture à plusieurs mains, beaucoup de neurones et de travail, de longues discussions et échanges animés, nous avons aussi voulu écrire un ouvrage contemporain. Casser le mode traditionnel avec un livre qui puisse se lire facilement, permettant de rassembler les pièces de ce puzzle parfois complexe que représente l’émergence d’un nouveau cadre socio-technique. Essayer, à chaque instant, de dépasser les modes, dont on mesure la volatilité, comme la pensée toute faite, unique, aux conséquences aussi tranchantes que fragiles. Se poser plus de questions certainement, que les résoudre totalement, car ce monde se créée chaque jour et bien ambitieux celui qui pourra prétendre en dessiner les contours à dix ou vingt ans. C’est un essai. C’est-à-dire une réflexion inachevée, avec  des impasses assumées, qui se poursuivra sous forme d’un site web collaboratif, ouvert aux réflexions de chacun. Nous avons tenté de ne pas refaire ce qui a déjà été fait cent fois en assénant des convictions définitives sur le monde numérique ou en poussant des solutions marchandes du moment. Chaque chapitre éclaire des thématiques indépendantes, des questionnements forts sur le « comment faire ? », étayés par de nombreux exemples. Chaque entrée peut être abordée indépendamment et permet de comprendre le sujet de façon holographique à partir de plusieurs angles.

Nous sommes partis d’un constat simple : beaucoup de gens se posent des questions sans réponse sur cette époque déconcertante. Nous pensons que l’irruption dans nos vies de travailleur, de consommateur, d’épargnant, de citoyen, de parent de cette avalanche de données et d’outils numériques rebat totalement les cartes. En nous adressant aux chefs d’entreprise comme aux décideurs politiques qui sont par leur position actuelle les acteurs majeurs de cette transformation, nous leur disons aussi que leur responsabilité n’est pas seulement économique et politique, mais aussi sociétale. La transformation ne viendra plus seulement comme par le passé des seuls décideurs, mais sera aussi entraînée par de puissants courants décentralisés. Mais il appartient aux responsables politiques de préparer cette société nouvelle en avancant sur deux éléments du socle sociétal : l’éducation et la sécurité.

 Nous disons à tous ceux qui pensent que le développement de nouveaux objets et programmes numériques suffit à transformer le monde que la technologie seule ne fait rien, mais que le changement suppose la révolution des usages, et donc l’adhésion et la compréhension de tous. Un système n’a ni centre ni périphérie. Tout y est important et suppose engagement et conscience.

 Nous vivons une rupture dans l’histoire qui ouvre les portes d’un monde nouveau, attirant et inquiétant à la fois. Mais n’en était-il pas de même lorsque le livre, tous les livres, et surtout ceux qui n’étaient ni attendus ni autorisés, se sont répandus dans l’Europe du XVe siècle ? Aujourd’hui, c’est la planète tout entière qui est entraînée à grande vitesse dans ce monde de l’information et de la connaissance en temps réel. Sans frein, sans chef de projet, sans régulateur...

 

 

 


Retrouver les sources de la démocratie : la e-démocratie

Il ne suffit pas de comprendre le monde, si on reste impuissants à résoudre les problèmes du monde. Or le paysage actuel de la planète, tel que nous le livre en temps réel le web, est assez peu encourageant dans la capacité des dirigeants à faire émerger des solutions durables et crédibles. Cette crise de crédibilité crée un malaise général qui mine la confiance envers les solutions et les régimes démocratiques. Les tentations totalitaires, le pouvoir de la rue, la violence sous toutes ses formes s’infiltrent toujours dans ces situations de crise morale et de précarité économique. Il est pour le moins affligeant en France de voir réapparaître des mots que l’on croyait oubliés, fascistes et anti-fascistes, certes modernisés à la sauce SMS en « fa » et « antifa ». Mais ce symptôme renvoie à une cause unique, la perte de confiance envers la classe politique et les solutions démocratiques issues des urnes. Cette perte de confiance trouve sa source à la fois dans le comportement personnel des dirigeants et dans leur incapacité collective à faire émerger des solutions crédibles. Cette situation est dangereuse car elle ne permet pas aux peuples d’exercer sereinement leur responsabilité dans la recherche de solutions aux graves problèmes de notre planète.

Les dirigeants à la peine

 En France, un an seulement après la dernière élection présidentielle et les élections législatives qui ont donné une large majorité au Parti socialiste, l’accumulation de déconvenues mine l’exécutif au point que chaque élection partielle devient un calvaire pour le parti au pouvoir. La « faute morale impardonnable » dont a été coupable le ministre chargé de la probité financière, Jérôme Cahuzac, ouvre une brèche bien difficile à colmater  dans la crédibilité d’un pouvoir qui se voulait exemplaire. L’ancienne équipe dirigeante n’est pas en reste tant dans son incapacité à faire émerger une « chefferie » stable que dans les démêlés multiples avec la justice de quelques uns de ses leaders. Sur fond de chômage et de récession, cette série noire renforce le sentiment général dans l’opinion que le pouvoir est impuissant à contrôler la situation et s’enfonce d’échec en échec dans l’impuissance. La multiplication des révélations sur les conduites indignes d’acteurs clefs des clans au pouvoir alimente un rejet global de la classe politique, non seulement impuissante, mais de plus malhonnête. La cyclique tentation populiste devient alternative crédible. 

Cette situation n’est pas propre à la France. Tous les pays démocratiques vivent une crise de leur exécutif pour des motifs multiples qui tiennent soit à leurs décisions impopulaires soit à leur inconduite coupable. Julia Gillard, l’atypique premier ministre australienne vient d’être poussée à la démission par son propre parti, à la veille des élections générales, comme Margaret Thatcher en son temps. Son style carré a pu miner sa crédibilité au moins autant que la taxe carbone qu’elle a fait adopter dans un pays très hostile à ce type de mesure. Aux Etats-Unis, Barack Obama surfe entre les scandales et sa popularité est en chute libre. L’opposition à Angela Merkel se réveille pour stigmatiser la dureté de sa politique en des termes inédits et très durs.

L’exemple du Québec est intéressant. Il y a été crée en 2011 une commission, dirigée par la juge France Charbonneau, chargée d’enquêter sur les « possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics dans l’industrie de la construction incluant, notamment, les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités, incluant des liens possibles avec le financement des partis politiques et le crime organisé ». Ses travaux déstabilisent la classe politique. Quelques mois après la démission de son prédécesseur, Gerald Tremblay, pour liens supposés avec la mafia, c’est Michael Appelbaum, nouveau maire de Montréal élu en novembre 2012, qui démissionne à son tour accusé de « complot, abus de confiance et actes de corruption dans les affaires municipales" ! Pour faire bonne mesure le maire de la troisième ville du Québec, Laval, vient à son tour d’être rattrapé par un scandale sexuel et a démissionné. Comment dans un tel contexte faire confiance aux élus ?

 Au-delà des joutes électorales classiques, et de leurs jeux de coups bas et petites phrases assassines, le problème change en effet de dimension. Le peuple semble tellement désabusé qu’il consomme son personnel politique à belles dents. Il n’y a plus d’état de grâce... Mais changer ne conduit qu’à plus de la même chose avec un personnel politique usé et une gouvernance minée par les scandales et l’impuissance.

Crise de confiance sous le regard instantané du web

 Cette situation n’est peut-être pas nouvelle mais nous sommes dans un monde tellement différent avec la globalisation numérique qu’elle prend un tour beaucoup plus inquiétant. Tout se passe comme si la démocratie était en panne et ouvrait le champ à toutes les éruptions de violence soudaine qui démontrent chaque fois leur impuissance et leur stérilité nihiliste. La révolte des peuples est certes l’expression du refus des mesures d’austérité imposées par l’échec des dirigeants dans la gestion de la crise financière de 2008.  Les racines de cette réaction sont en fait beaucoup plus profondes. La classe dirigeante démontre son incapacité à comprendre les  causes profondes de cette crise qui dure depuis cinq ans et dont on ne voit aucune solution crédible. Les mesures annoncées, et âprement discutées entre dirigeants, comme la lutte contre la corruption et les paradis fiscaux, ne se concrétisent pas rapidement. Plus encore, les tensions entre les vieux pays démocratiques riverains du fleuve atlantique et leurs nouveaux rivaux asiatiques font planer une menace sur le maintien de la prospérité et de l’équilibre social de l’ouest alors que la démographie profite aux nouveaux pays « émergés » leur ouvrant de prometteuses perspectives. Et ce spectacle est désormais en temps réel, amplifié par les caméras de télévision et par le web.

Faire de la politique ou remplir une mission ?

 Nous sommes en train de constater que nous vivons sur un mythe, celui de la démocratie, qui veut bien dire le gouvernement par le peuple. Comme il n’est pas très commode de diriger avec la foule, on a inventé le système représentatif qui est supposé apporter par le jeu d’élections libres des représentants du peuple dans les instances d’élaboration de la loi, le législatif,  et de sa mise en oeuvre, l’exécutif. L’article 3 de la constitution  de la République française en rappelle les principes. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. 

Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. » La voix du peuple est censée être protégée par les institutions qui assurent que les conditions de concurrence politique sans être pures et parfaites demeurent loyales. Ce bel édifice si tant est qu’il n’ait jamais fonctionné conformément à l’intention de ses concepteurs a été purement et simplement balayé par l’émergence d’une « classe politique » qui s’est interposée durablement entre le peuple et le pouvoir.  Elle désire tant le pouvoir qu’elle a fait le champ clos de ses ambitions, de sa quête de couverture médiatique et n’hésite plus à monnayer son rôle, comme de vulgaires footballeurs ou stars de téléréalité.

Dès lors la distinction entre « le » politique, champ de la réflexion et de l’action sur la conduite des affaires de la cité, et « la » politique, champ de batailles d’une oligarchie qui a fait de la conquête du pouvoir son obsession quotidienne devient impossible. La mauvaise monnaie chasse la bonne. La polis grecque définissait un lien étroit entre un territoire, son peuple et ses institutions, une capacité à vivre ensemble et à se projeter dans un avenir commun. Or dans nos sociétés modernes, ce lien s’est dissocié entre l’état, la nation et le peuple. Le pouvoir politique s’est affaissé derrière les exigences du marché. Si cette distinction  avait peu de conséquences pratiques pour le citoyen dans un monde de croissance économique et de redistribution sociale, elle devient cruciale alors qu’il n’y plus de croissance et que la redistribution se révèle à chaque instant de plus en plus problématique. L’attente de leadership des citoyens est de plus en plus exigeante face aux périls qui les menacent et  la désinvolture de la classe politique est particulièrement troublante. La tension est à son paroxysme quand la classe politique explique avec le naturel le plus stupéfiant que ses agissements sont « naturels ». Mentir est normal, comme est normal de dépenser en liquide quand on est payé en argent liquide...

La démocratie 2.0, seule solution ?

 Face aux tensions démographiques, économiques, écologiques, la qualité et la crédibilité de la réponse des gouvernants est majeure. Sans confiance, le système se déchire, les perspectives s’assombrissent, et la crise s’amplifie en se nourrissant d’elle-même dans une prédiction auto-réalisatrice.

Revenir aux bases pour arrêter cette dérive est une obligation pour les dirigeants. Or "le" politique, c’est défendre la cité, le territoire, et ceux qui l’habitent. La grande supercherie du citoyen du monde ne tient pas la route face aux besoins réels des peuples. Nous sommes tous ancrés dans un territoire, à la fois refuge et lieu d’épanouissement des talents.

La fin de l’histoire que nous promettait la chute du mur de Berlin, et Francis Fukuyama, se révèle en fait le retour aux vieilles tentations totalitaires et hégémoniques dans un climat de violence et de révolte. Le Brésil se réveille dans la douleur de son rêve de croissance. La Chine suffoque sous la pollution et connaît une vive tension intérieure. Le monde arabe ne se relève pas de son printemps bien trop prématurément loué par les intellectuels occidentaux. Et tout le monde se désintéresse du sort des peuples afghans et irakiens qui ne font plus la une des journaux télévisés dès lors que la vie des « boys » n’est plus en jeu.

 Réinventer la démocratie pour les pays qui en ont été le creuset est aujourd’hui une impérieuse nécessité. Au delà des enjeux de court terme, il faut en France, mais aussi aux Etats-Unis, autre république fondatrice, un sursaut national qui restaure leur dignité aux élus du peuple et ressoude le pacte républicain. Il y a certes beaucoup de travail. Mais le web qui permet le partage des problèmes peut faciliter l’émergence de solutions comme le peuple islandais l’a démontré. Mais en même temps dans ce XXIe siècle vacillant, cet effort de refondation est vital pour réussir la réconciliation entre efficacité et équité. 

5xBoz

http://www.coe.int/web/world-forum-democracy

http://www.opendemocracy.net/thorvaldur-gylfason/democracy-on-ice-post-mortem-of-icelandic-constitution


Sortir de la crise en exploitant les ressorts de l'iconomie

Ce texte a servi de trame à une intervention que j'ai faite le 27 mars au deuxième colloque organisé par l'Insititut Xerfi sur "Iconomie et entrepreneuriat". L'objectif est de mettre en évidence le rôle des entreprenuers innovants dans la nouvelle dynamique  de la troisième révolution industrielle.

Notre enthousiasme pour la force des idées qui sous-tendent l’iconomie nous pousse à travailler sans cesse à réduire l’espace qui sépare cette vision globale, cohérente et séduisante, de la réalité économique quotidienne. Car, si les mauvaises nouvelles sont nombreuses, il faut avec encore plus d’intensité aller à la recherche des pistes qui vont permettre non seulement de sortir de la crise du système d’hier, mais surtout de construire le système de demain.

Nous voulons montrer que l’iconomie loin de n’être qu’une construction théorique, est devenue une réalité opérationnelle. Nourrie par internet et par l’audace d’entreprendre, l’innovation permet dès maintenant à des dirigeants avisés d’explorer avec succès ces voies nouvelles. Nous en avons identifié trois dont l’expérience nous donne tous les motifs de penser que, ici, dans cette France pessimiste, et maintenant,  la transformation de notre économie est en marche.

L’Iconomie révolutionne les objets du quotidien

Prenons un premier exemple de transition réussi vers l’Iconomie : celui de la start-up française Withings et de son pèse-personne. Il permet de comprendre que l’Iconomie ne concerne pas forcément des algorithmes sophistiqués et  des processus complexes. Non ! l’Iconomie concerne aussi des produits aussi simples et familiers qu’un pèse-personne, que tout le monde a dans sa salle de bains. Aujourd’hui, le pèse-personne de Withings figure parmi les plus belles réussites du prestigieux Consumer Electronic Show de Las Vegas qui chaque année sélectionne les innovations  les plus marquantes.

Alors voici l’histoire de Withings : l’entrepreneur Eric Carreel et son équipe produisaient il y a quelques années des box internet pour France Télécom. Ils ont ensuite exploité leur connaissance de l’électronique grand public, acquise grâce à cette activité dans les box, et ont doté le banal pèse-personne de fonctionnalités remarquables qui en font un auxiliaire de santé efficace. En connectant de façon ultra-simple en wi-fi cet outil à un site spécialisé, on dispose d’un suivi personnalisé de son poids et de son IMC accessible de tout ordinateur, tablette ou smartphone. On peut le partager avec son médecin ou un groupe engagé dans la réduction collective du surpoids.

Withings1

En quatre ans, Whitings est devenu un des symboles des entreprises françaises qui ont su séduire le difficile marché américain et figurer dans les meilleures ventes des magasins Apple. Et puis pour l’entreprise Withings, le pèse-personne  a ouvert la voie à une gamme de produits de santé personnelle, dont un tensiomètre, qui leur assure aujourd’hui un succès mondial.

L’Iconomie au service des industries 1.0

Vous allez me dire en entendant ce premier exemple : l’Iconomie ne concerne que les start-up de l’internet. Eh bien non, pas seulement. Vous allez le comprendre avec mon deuxième exemple. 

Il concerne Lippi, un industriel de Mouthiers en Charente spécialisé dans la production de clôture métallique. En 2008, Lippi se battait pour sa survie sur un marché particulièrement déprimé, coincé entre les prix de l’acier et les exigences économiques des donneurs d’ordre. Aujourd’hui, cette PME est une référence pour sa profession et pour l’industrie du bâtiment.

Alors comment s’est passée cette mutation ? Eh bien quand Frédéric Lippi récupère avec son frère   les clés de l’entreprise familiale de son père, il fait un pari : exploiter tout le potentiel de l’internet pour se donner l’oxygène dont a besoin l’entreprise pour reconstruire son futur. Et pour cela il choisit de faire confiance à chacun de ses trois-cents salariés. Tous seront formés à toutes les techniques de l’internet, faire un site web, exploiter les réseaux sociaux, construire un wi-ki, utiliser Twitter pour communiquer. En vingt-quatre mois, l’entreprise est transformée, le bureau d’études communique avec l’atelier, les commerciaux s’appuient sur la logistique pour conquérir des marchés nouveaux, le savoir est partagé dans un wiki public sur la clôture métallique qui est la référence de la profession. Plus encore, les collaborateurs sont fiers de cette expertise nouvelle qu’ils mettent au service d’un dynamisme de leur entreprise. Dans cette aventure, ce qui est le plus marquant c'est l'effet de percolation qu'a eu l’ initiative web sur des hommes et des femmes qui étaient bloqués dans le système "classique" et qui se sont révélés être des leaders. Pas des chefs, mais des leaders qui montrent aux autres, simplement, par leur engagement personnel, qu'une bifurcation dans sa vie est possible pour peu que l'on saisisse sa chance. Des leaders qui transforment le corps social. Des leaders qui rendent possible tout le reste, explorer toutes opportunités nouvelles offertes par la déstructuration/réorganisation en réseau de l'entreprise. Partager, concevoir en commun, communiquer sans échelon intermédiaire, mettre le client au cœur des processus de l’entreprise, ce sont parmi les facteurs clefs de succès de l’iconomie.

L’Iconomie concerne aussi les grandes entreprises !

Avec ces deux premiers exemples,  vous allez me dire: l’Iconomie ne concerne que des entreprises de taille réduite. Des start-up comme Withings ou des PME familiales comme Lippi. Eh bien avec mon troisième exemple, vous allez voir que les grands groupes n’échapperont pas non plus à cette transition, puisque cet exemple concerne à la fois l’équipementier sportif Décathlon et le spécialiste de la domotique Somfy.

En fait il concerne un homme, Serge Darrieumerlou, qui a travaillé au sein de ces deux entreprises. D’abord chez Oxylane, la maison mère des différentes marques distribuées par Décathlon. Il a démontré lors de ses années au sein de ce groupe que dans un secteur largement dominé par les grandes marques mondiales faisant fabriquer en Chine, il était possible de lancer des produits radicalement nouveaux sous des marques françaises, fabriquées en France et en Europe. Il est en effet à l’origine de l’élan d’innovation qui a propulsé Oxylane au premier rang des enseignes de produits pour le sport et le grand air. Il a avec ses équipes inventé des concepts, des produits  nouveaux comme la tente déployable automatiquement, la marque Quechua, les produits électroniques sportifs abordables, faciles à utiliser.

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Ces innovations pratiques et efficaces traduisent une inventivité dans les produits mais aussi dans l’approche du marché où le consommateur est guidé en confiance vers les solutions les mieux adaptées à leurs besoins réels.

Aujourd’hui, Serge Darrieumerlou apporte ce savoir-faire à Somfy, l’un des leaders sur le marché de la domotique. C’est une entreprise mondiale, dont le siège est à Cluses en Haute-Savoie et dont le plus récent fait d’arme est d’avoir racheté son concurrent… chinois.  Somfy est au cœur des nouveaux métiers de l’iconomie, la préservation des ressources rares par la régulation électronique.  Somfy est en effet le leader mondial de l’automatisation des ouvertures de la maison et a étendu cette expertise à la domotique. Rien à voir avec la domotique gadget dont on parlait il y a 20 ans… C'est une domotique intuitive, évolutive et accessible, réinventée à l’heure du numérique, une domotique utile qui contribue à l’amélioration des cadres de vie des habitants en apportant confort, sécurité et économie d’énergie. C'est aussi un cadre qui apporte une impulsion à la profession en faisant émerger des nouveaux métiers autour de l’accompagnement et des services.

Se battre avec les armes de demain

Trois exemples, trois secteurs, trois personnalités, mais une seule dynamique : l’innovation par tous, pour tous. Dans ces exemples, il y a certes des hommes qui ont su capter l’air du temps. Mais il y a aussi une solide conviction : il faut se battre, en équipe, non pas avec les armes d’hier, mais avec celles de demain. A l’écoute du marché, sensible aux préoccupations des clients, s’appuyant sur le talent de leurs équipes, sans arrogance ni défaitisme, ils explorent le champ du possible avec tenacité. L’iconomie, c’est bien la réinvention de notre économie avec des idées fortes, simples, pragmatiques exploitant tout le potentiel technique de l’époque et prêtes à  épouser sans délai les promesses du futur.

 

http://prezi.com/wrfxgblrobpi/copy-of-innovation2/?kw=view-wrfxgblrobpi&rc=ref-35519087

 

Pour en savoir plus : http://www.institutxerfi.org/


Développer soi-même, un retour aux sources ?

 

Le monde de l’informatique connaît une adaptation plus rapide aux changements que les autres secteurs économiques car il est mû par la force de ses moteurs techniques qui connaissent une croissance exponentielle.  Que ce soient la puissance des microprocesseurs, la capacité des mémoires et la bande passante des réseaux, ces facteurs de performance évoluent avec constance vers des niveaux de performance sans cesse croissant pour un prix en baisse. En soixante années de développement, le monde informatique a ainsi connu plusieurs révolutions technologiques qui ont poussé de massives vagues de transformation dans ses propres entreprises. Ces mutations se sont ensuite propagées  dans tous les secteurs au rythme de déploiement de ces nouvelles solutions informatiques.  

Cette accélération du changement a été fatale pour de nombreuses entreprises du secteur qui, bien qu’un temps leader, n’ont pas su anticiper la révolution suivante et ont dû ou se vendre ou disparaître. La marche héroïque de l’informatique est peuplée de ces héros malheureux dont la liste est très longue. Ce film accéléré a permis de voir en quelques années sombrer des géants  et émerger de nouveaux champions, eux-mêmes contestés par des rivaux agressifs. Nul secteur économique n’a connu une telle mutation, qui est loin de se stabiliser.

C’est  la révolution informatique qui a contribué directement aux mutations des autres secteurs économiques plus que tout autre facteur.

Entre  l’informatique centrale et artisanale des années cinquante, le monde des mainframes des années soixante, la révolution des PC des années quatre-vingt  et les premiers  sites web des années quatre vingt-dix, il n’y a pas grand-chose de commun sinon une architecture remarquablement stable, le modèle dessiné par von Neuman en 1945 qui sépare données, traitements et interfaces.

Aujourd’hui l’informatique moderne hérite de ces vagues de transformations successives et certains peuvent reconnaître dans la vogue de l’informatique en nuage le retour au « service bureau » des années soixante qui visait à partager entre utilisateurs des capacités de calcul rares et coûteuses.

Si l’histoire des matériels informatiques est bien connue car elle se visualise aisément, et chacun aujourd’hui peut apprécier  les performances de l’industrie en exploitant au quotidien  les potentialités de son smartphone ou de sa tablette, l’évolution de la programmation informatique est moins connue en dehors des cercles de spécialistes. Certes les entreprises ont vu des progiciels succéder aux logiciels développées en interne pour la plupart des fonctions régaliennes et nul n’ignore aujourd’hui la place des grands éditeurs de logiciels comme Microsoft, Oracle, SAP ou IBM.

Mais si les ERP ont conquis en vingt ans les fonctions classiques de l’entreprise et permettent de gérer avec efficacité la comptabilité, la facturation, les ressources humaines, les  achats, le cœur de métiers des entreprises reste encore confié à des applications spécifiques ou à des éditeurs de niche.

Or le web est en train de bouleverser une situation qui paraissait stabilisée. Il y avait un consensus établi dans la profession entre vendeurs de solutions et DSI pour considérer que le développement spécifique n’était plus une option crédible même pour les logiciels de cœur de métier. La première cause de cette doctrine est bien évident la recherche d’économies d’échelle, les entreprises ayant  les mêmes caractéristiques métier pouvant mettre en commun, à travers un éditeur, leurs analyses fonctionnelles et le développement industriel des programmes informatiques qui les supportent. Le renouvellement incontournable des « vieux » logiciels maison ne pouvait se faire, à en coire le marché, qu’avec des solutions packagées. Les éditeurs  centrés sur les besoins métier ont ainsi pu développer une approche industrielle qui a eu un succès réel dans des domaines comme la conception assistée par ordinateur avec Dassault Systems ou la gestion des voyages avec Amadeus. Dans des domaines pointus comme la gestion des risques on a vu apparaître des éditeurs comme Fermat qui ont rapidement pris une importance majeure dans la stratégie logicielle des banques.

Mais le monde du web est en train de conduire les acteurs et notamment les DSI à reconsidérer cette vision « tout progiciel ».  L’observation des pratiques des nouveaux acteurs de l’économie apporte un éclairage nouveau et inattendu dans cette évolution du marché.

En effet, les grands acteurs du web ont dû leur essor et leur fortune au fait qu’ils ont eux-mêmes inventés leurs logiciels métier. Que ce soit Facebook, Amazon, LinkedIn, tous ont fait le choix de développer leur propre environnement logiciel. C’est parce que ces entreprises sont nées autour de la spécificité de leur logiciel qu’elles ont pu conquérir le marché, qui ne peut exister sans logiciel. C’est bien là l’immense différence entre l’économie classique des progiciels qui s’appuie sur la formalisation et la mutualisation de pratiques existantes et « l’économie numérique » ou « digitale » qui invente de nouvelles pratiques.

Non seulement ces entreprises s’appuient sur leur ingénierie logicielle pour développer une différenciation sur le marché, mais elles remettent totalement en cause les méthodes de développement classique. Pulvérisant la distinction conventionnelle entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, qui a toujours un grand succès en France, elles cassent le cycle de développement en V pour associer étroitement leurs analystes et concepteurs  produits avec les informaticiens. Le développement « agile » est devenu le seul modèle de ces équipes. De même génération, partageant le même langage, les mêmes plateaux techniques, en petites équipes soudées, ils co-concoivent en temps réel  les applications informatiques qui donnent corps à leurs stratégie client. Ces équipes, compactes et calées sur les besoins métiers qu’elles mesurent en permanence, sont capables d’ajuster en continu les programmes informatiques pour épouser le rythme du métier.

Cette approche ne consiste toutefois pas à négliger l’intérêt d’une mutualisation. Si dans le monde des applications classiques, le grand espoir qu’avait suscité l’approche objet et les SOA (« service oriented architecture ») ne s’est pas souvent concrétisé devant la complexité de l’architecture, la discipline qui doit l’accompagner, et la mutualisation des financements entre projets, cette approche a un grand succès dans les développements web. C’est l’open source qui assure cette indispensable fonction de mutualisation. Or elle le fait mieux, plus vite et moins cher – qualités essentielles du développement informatique - que les éditeurs propriétaires. L’open source était le chainon manquant dans l’évolution  de l’informatique.  Les grands acteurs du web utilisent les solutions open source et nourrissent activement les communautés.

Si les idées de mutualisation étaient bien présentes dans les équipes de développement, elles se heurtaient à l’absence d’organisation d’un marché des composants logiciels. Or l’open source y pourvoie aujourd’hui et l’open source est le fruit du web. C’est la mise en relation des compétences à travers les forums, les échanges de code, qui permettent au développeur de produire des solutions novatrices. Tout développeur isolé, et talentueux, peut assembler de briques de composants en ajoutant à un édifice standard les logiques qui vont assurer l’originalité de son produit.

Agile-management-marketing

La révolution du web est donc également une révolution méthodologique qui bouleverse les bases de l’édition logicielle.

Mais le web a introduit un autre changement majeur : la place de l’utilisateur est devenue centrale. Dans une logique classique de développement informatique, le dialogue est surtout centré sur les représentants des métiers, qui vont exprimer leurs attentes, et les informaticiens, qui vont tenter d’inventer le code qui répond à ces désirs au prix d’ajustements lents et de compromis tactiques. L’utilisateur final n’est que peu présent  dans cette boucle de rétroaction et l’ergonomie applicative n’est généralement pas le facteur majeur de décision.

Or dans le monde du web, c’est l’utilisateur qui décide. Tout défaut dans l’affichage d’une page, tout délai intempestif dans le déroulement d’un menu, toute attente exaspérante d’une fonction, et il décide d’interrompre la transaction. Or contrairement à une idée courante, le problème ne vient en général pas du réseau mais de la conception de l’application.

L’ergonomie est le premier facteur de performance commerciale d’un site web. Les applications web sont donc toutes conçues pour plaire à leurs utilisateurs et la mesure de cette satisfaction est une activité centrale de l’exploitation informatique. Il est évident que ce soin accordé à la production de  performances crée une réelle satisfaction qui renvoie l’informatique classique à la préhistoire.

Cette exigence technique remet en lumière la nécessité de maîtriser l’architecture et le développement applicatifs. Ce sont des fonctions clefs pour créer des applications attractives qui vont, en interne, accroître la productivité, et développer le chiffre d’affaires et la satisfaction client. Il faut donc être en mesure de recruter des développeurs talentueux et de les retenir. C’est bien évidemment ce que font en priorité les acteurs du web, qui ont parfaitement compris l’enjeu économique réel qui n’est pas de réduire le coût de la ressource mais de maximiser la valeur créée. Ce modèle de développement rapide et efficient condamne, au moins pour ce type de service, les grandes concentrations de développeurs en off-shore. Il ne s’agit plus de faire massivement moins cher, il faut désormais faire vite ce qui est pertinent.

Pour conclure, il faut aussi mettre en évidence que la qualité des nouveaux développements ne serait pas suffisante si elle en s’appuyait pas sur une infrastructure puissante et efficace. Là encore les progrès ont été spectaculaires grâce à la virtualisation et au « cloud computing » qui permettent de disposer à tout moment d’une infrastructure d’exploitation et de distribution efficace et constamment mise à jour.  Il ne faut toutefois pas en sous-estimer le coût et, là encore, la nécessité de disposer des compétences requises, en interne et auprès des fournisseurs.

L’informatique du web change les méthodes de l’informatique classique et cassant les modèles lents et lourds. Plutôt que de porte-avions structurés et coûteux, l’informatique moderne requiert des flotilles de développeurs, et d’utilisateurs experts, légers, agiles, réactifs. La coordination de ces talents nécessite toutefois un changement dans les méthodes de management et de contrôle.

Mais c’est aussi toute l’entreprise qui serait bien inspirée de suivre ce modèle d’évolution.


Le vrai prix de la sécurité informatique

 

Comment sortir d’un débat sans issue source d’irritation pour tous les acteurs

La sécurité informatique est devenue un thème lancinant des colloques, revues,  articles et flux RSS qui traitent de la révolution numérique. Il n’est pas de jour où on ne parle de cyber-attaque, de cybercriminalité, de cyber-guerre, de campagne de phishing,  dont on était récemment victimes de célèbres enseignes de télécommunications et d’énergie, d’attaque contre la e-réputation… Se mélangent ainsi sous cette vaste rubrique « sécurité informatique » une série d’informations touchant des natures de délinquance très différentes, qui vont de la banale escroquerie, classique, à la carte bleue ou aux prestations sociales aux opérations de fraude de haut vol et à la déstabilisation d’Etat. On cherche ainsi à se prémunir contre la curiosité présumée des services de sécurité de pays pourtant amis en cherchant à inventer le « made in France » de la localisation des données dans le monde éthéré du « nuage ». S’il y a beaucoup de paranoïa derrière cet inventaire, c’est que l’on cerne mal les menaces dans le monde de l’immatériel et que l’on a beaucoup de difficultés à concevoir une politique de sécurité dont on puisse prévoir l’efficacité, et donc le rapport coût/valeur.

Cette omniprésence du thème sécuritaire génère un climat d’inquiétude diffuse qui perturbe les directions générales, soucieuses de se prémunir face à ces risques nouveaux et mal compris, comme les pouvoirs publics désireux de juguler cette nouvelle délinquance.

Mais face à cette avalanche de mises en garde dramatiques, l’utilisateur manifeste une souveraine indifférence et se rue sans modération vers les nouveaux outils que sont les smartphones et les tablettes dont l’attractivité balaie toutes les inhibitions. On stocke sur son disque dur d’ordinateur portable des documents « confidentiels », on utilise, comme 47% des collaborateurs des entreprises américaines, son iPhone pour accéder partout à ses courriers électroniques professionnels, on néglige de sauvegarder sur un autre support le précieux résultat de son travail, sans compter les petits post-it jaunes collés sur l’écran qui contiennent en clair ses mots de passe.

Face à cette légèreté des comportements, les DSI tentent avec détermination d’opposer une stratégie de sécurité inflexible. Pour cela ils bannissent le libre usage des smartphones, bloquent les sites web, imposent un mot de passe alphanumérique complexe et changé tous les mois, cryptent les disques durs et accumulent sur les PC officiels les couches de sécurité qui en ralentissent le démarrage. Les utilisateurs trouvent dans ces précautions multiples qui ralentissent le travail et brident la liberté d’utiliser le matériel de leur choix  une raison supplémentaire de blâmer l’informatique. On observe des débats curieux. L’ire des utilisateurs agace les directions qui blâment la DSI. Celle-ci se défend derrière l’exécution des décisions de ces mêmes directions générales, alors même qu’elles ne sont  souvent pas les dernières à utiliser des matériels officiellement non autorisés.

La sécurité informatique est donc bien une pomme de discorde et un facteur de tension au sein des entreprises. Elle est perçue comme le frein ultime et aveugle de l’innovation et de la créativité.

Il est clair que ce débat est aujourd’hui dans l’impasse ce qui impose une remise à plat des analyses et des stratégies.

Prendre la mesure de la fragilité de son capital informationnel

Si la sécurité numérique a pris une telle place dans les préoccupations des entreprises, c’est une preuve par défaut que l’information est perçue désormais comme jouant un rôle déterminant dans le capital des entreprises. Si les mesures de sécurité sont mal comprises et mal acceptées c’est que la maturité des politiques et des outils n’ont pas suivi l’extraordinaire vitesse de déploiement des nouveaux objets numériques. Le libre usage de ces outils informationnels, en toutes situations de la vie personnelle et professionnelle, crée un nouvel état de fait, une revendication irrépressible à laquelle les réponses sécuritaires sont inappropriées, inopérantes et jugées comme vexatoires.

Il faut donc réconcilier deux mouvements majeurs : la place nouvelle de l’immatériel dans la valeur des entreprises et l’impérieuse nécessité de laisser à tous les acteurs la possibilité de créer et d’exploiter cette information.

Ce double défi implique une révision des concepts utilisés depuis le début de l’essor de l’informatique. L’information est un flux liquide qui irrigue tous les temps de la vie et qu’il est vain d’endiguer. L’informatique a été conçue initialement pour gérer des flux  stables et identifiés de données formalisées internes aux entreprises, partagées entre des personnes connues et toutes soumises au même type de contrat de travail, avec ses règles, droits d’usage, mots de passe. Cette situation est en passe de devenir minoritaire.  L’informatique doit aujourd’hui faire face à des flux multiples.  Les principes de sécurité doivent permettre d’accéder aisément à des informations internes non structurées, comme la vidéo, de même qu’à des informations structurées externes, tels les échanges de données entre tous les acteurs de l’entreprise étendue. Mais ce qui a pris un essor considérable depuis quelques années, c’est le volume des informations non structurées externes,  avec le torrent des données issues du web, textes, images fixes ou vidéos.  

La situation est devenue complexe pour les responsables de la DSI. Aussi, la réponse fréquente face à cet afflux de données composites est une réponse malthusienne : on cherche désespérément à  limiter les flux et les volumes pour les contrôler avec deux motifs également incompréhensibles pour les utilisateurs, les coûts et la sécurité.

La consumérisation des technologies de l’information mine en effet ces arguments pour des utilisateurs qui chez eux disposent de moyens en libre accès : des téraoctets de stockage, de la bande passante abondante (presque toujours !) et des opérateurs qui autorisent des stockages individuels et des tailles de pièces jointes presque sans limite. Et quand les documents à échanger sont trop lourds, on utilise les outils comme DropBox sans problème… Tout ceci est aujourd’hui à la portée de chacun tant en coût qu’en facilité d’usage. Alors pourquoi les entreprises semblent en décalage constant avec la réalité perçue par les utilisateurs ?

Pour appréhender sérieusement le dossier de la sécurité, et entrer dans une boucle vertueuse de résolution de problème, il faut reposer clairement des questions fondamentales : que doit-on protéger ? quels sont les risques réels ? où sont les « ennemis » ? quelle est l’efficacité des parades ? quel est leur coût ?

La protection du patrimoine informationnel de l’entreprise est un sujet mal exploré car souvent mal posé. Faute de diagnostic fin on applique sans nuance le principe de précaution : tout doit faire l’objet du même degré de protection. Et pour  y parvenir, on impose une protection périmétrique étanche, partant du principe que les « bad guys » sont nécessairement à l’extérieur et que si on leur impose un mur d’enceinte efficace la vie à l’intérieur sera protégée. Cette vision, acceptable dans un monde figé, n’est plus opératoire dans un monde ouvert où précisément les flux internes et externes sont constamment mélangés. La question pratique qui est posée aux nomades est bien d’accéder aux informations des entreprises où ils opèrent comme à celles de leur propre entreprise à partir de l’extérieur. La mobilité des personnes (employés, sous-traitants, partenaires, clients) entraine la nécessité de maitriser ce qui se connecte sur le réseau de l’entreprise, quelle que soit la méthode d’accès. Accéder au web, partager des ressources collaboratives, utiliser des flux vidéo pose constamment des problèmes pratiques frustrant. Or l’entreprise étendue  impose ce mode de fonctionnement. L’efficacité qui en résulte ne peut être compromise par des mesures de sécurité trop générales et trop contraignantes.

Il faut donc organiser cet accès en gérant la qualité du service fourni comme la maîtrise de la sécurité à chaque étape et pour chaque usage.

La protection des données sensibles suppose une bonne compréhension par tous du caractère réellement sensible des informations manipulées par les entreprises. Ce travail d’identification valide les précautions prises et les renforce. Il permet une sélectivité des mesures et une meilleure acceptation collective. Il permet également de mettre en rapport le risque et le coût de la protection.

La cartographie des applications sensibles est également une base précieuse d’informations pour le pilotage de la gestion informatique. Il ne s’agit plus alors de protéger contre le risque de disparition ou d’exploitation frauduleuse des données mais, simplement, de permettre à l’entreprise d’exploiter sans rupture l’activité qui va générer ses flux économiques. Par exemple on constatera sans grande surprise que les applications prioritaires sont celles qui assurent la facturation et la gestion de trésorerie. Ce qu’il faut protéger dans l’entreprise c’est ce qui menace son activité courante comme son image. Il faut protéger la valeur de l’entreprise, immédiate ou future, et donc bien cerner les flux d’information les plus sensibles pour y appliquer une politique appropriée.

Le poste de travail, porte d’entrée, recouvre des situations multiples

Le poste de travail qui n’était jusqu’alors un seul « objet » banalisé se transforme en « espace de travail personnel» composite. Pour mener à bien ses tâches, l’utilisateur met en jeu plusieurs terminaux différents dont l’usage  soulève des problèmes de sécurité plus complexes.

Plutôt que de répondre à ce nouveau défi par des interdictions qui ont peu de chances d’être suivies d’effet, il faut  analyser la nature des risques et face  à chaque situation  déployer la mesure la mieux appropriée à la fois sur le plan technique et économique, mais aussi en termes d’acceptabilité. Une politique de sécurité passe en effet avant toute autre considération par l’adhésion des utilisateurs qui doivent comprendre les mesures qui leur sont imposées.

Aussi la problématique doit évoluer d’une vision statique de la sécurité à une vision dynamique et contextuelle. Comment protéger les données face à un accès non autorisé ? Comment protéger le service fourni contre les risques d’attaque de déni de service ? Comment faire face à la perte, ou vol, à la destruction d’équipements intégrés dans la chaîne de traitement de l’information ? Comment mesurer la vitesse et l’impact de la propagation d’un défaut, attaque, sinistre, faille de sécurité ? Comment évoluent les flux d’information : l’analyse des variations de flux peut-elle permettre d’identifier une situation atypique, des utilisateurs non programmés, des scénarios d’usage des informations non identifiés ? La sécurité impose une analyse active des événements.

A chaque menace doit correspondre une riposte graduée.  Une politique de sécurité ne peut s’en remettre au hasard en se basant sur la multiplication des barrières, des obstacles pour décourager les adversaires potentiels. La sécurité sera le résultat d’un travail précis sur le contrôle à l’entrée du réseau pour  identifier et autoriser les flux en fonction des politiques mises en place et isoler les différents flux en fonction de leur identification à l’entrée du réseau. Le réseau doit être en mesure de reconnaitre les équipements connectés au réseau  et d’appliquer des règles de contrôle d’accès sur les nombreux  critères  qui auront été définis : utilisateur, contexte, équipements, localisation.

 

Une politique de sécurité ne doit donc pas isoler artificiellement l’entreprise du terreau qui la nourrit : ses collaborateurs, ses clients, ses fournisseurs. En intégrant toutes les parties prenantes, la politique de sécurité n’est plus l’application mécanique de règles générales. Elle doit contribuer, comme l’ensemble du système d’information, à irriguer chaque fonction avec les informations les mieux appropriées et protégées à bon escient. La sécurité n’est donc plus aux frontières de l’entreprise, elle se situe à chaque niveau dans une granulométrie fine et doit s’appuyer sur une intelligence de l’information. C’est un chantier majeur qui doit s’appuyer sur l’analyse des actifs immatériels pour mesurer les risques et mettre en place le « juste nécessaire » de contraintes et donc de coûts. 


Consumer Electronic Show 2013

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Le Consumer Electronic Show de Las Vegas est devenu l'événement incontournable qui ouvre, début janvier, la nouvelle année par un festival de nouveautés électroniques que toute la profession partage pendant une semaine dans la capitale du jeu. 140000 personnes s'y retrouvent pour courir les stands de toutes les grandes marques mondiales qui choisissent Las Vegas pour présenter leurs nouveautés et leur stratégie devant 5000 journalistes et assister aux conférences thématiques. Mais ce sont les "key notes" qui assurent le spectacle. Les dirigeants des grandes entreprises qui marquent le numérique, producteurs comme grands utilisateurs, sont les vedettes d'un véritable show, sur une scène géante, devant des milliers d'auditeurs avec des moyens vidéo considérables. L'enjeu pour les dirigeants est en effet majeur. Ils doivent démontrer la pertinence de leur stratégie, rassurer leurs actionnaires et prouver leur implication dans les transformations en cours d'un marché mondial de 1000 milliards $.

ICT 2011

Car le monde a profondément changé en une décennie. En 2011, nous aurons franchi les six milliards d'utilisateurs de teléphone mobile et les 2,5 milliards d'internautes dans le monde. Cette massification de l'usage des technologies numériques est une formidable opportunité pour toutes les industries qui trouvent dans les technologies de l'information un puissant moteur de remise en cause et de transformation à la fois abordable et accessible. Le CES offre une unité de temps et de lieu pour prendre la messure de cette révolution.

En 2013, Steve Ballmer n'est plus là pour ouvrir le show car Microsoft déserte pour la première fois le CES. La place est occupée par Paul Jacobs, président de Qualcomm, Kazuhiro Tsuga, président de Panasonic, Lowell McAdam président de Verizon, Stephen Woo, président de la division "devices" de Samsung. Fabricants de processeurs, opérateurs télécom et grands intégrateurs jouent bien évidemment un rôle central dans la société numérique. C'est la convergence de leurs ressources qui garantissent à l'utilisateur final la fluidité et l'ergonomie qui font le succès de l'électronique grand public. Aux côtés des fournisseurs, le CES met en scène depuis des années les dirigeants des sociétés utilisatrices, automobile, banque, énergie, santé, produits de grande consommation. En 2013, Unilever, American Express et Coca Cola vont développer leur politique au cours de  key-notes attendues.

Car la révolution numérique, au-delà des objets connectés, ce sont de nouveaux usages qui depuis une courte dizaine d'années restructurent le paysage économique mondial. Les conférences apportent une dimension thématique variée qui illustre parfaitement les enjeux de la société numérique. En effet, salon professionnel de producteurs depuis son origine, le CES est de plus en plus un carrefour où se retrouvent les professionnels qui mettent en forme les propositions techniques dans les usages quotidiens. Une des thématiques fortes qui a émergé depuis quelques années est l'usage pertinent des écrans. L'industrie sait désormais produire tous les formats d'écran, fixes et mobiles, plats et haute-défintion, pour tous les usages en 2D comme en 3D. Si la 3D n'est pas encore le succès escompté, l'industrie qui continue à attendre beaucoup de cette innovation peut compter sur une offre de produits de plus en plus riche. Plus de 40 films majeurs en 3D sont attendus en 2013; de plus les usages de la 3D intéressent de plus en plus le secteur de la santé et l'industrie. C'est donc un champ nouveau où les perspectives d'usage seront alimentées par des produits techniques de plus en plus performants at acceptés par les utilisateurs.

Il en est de même pour le haut débit mobile. L'offre technique, avec la 4G, va stimuler l'offre de nouveaux services : l'interaction entre les usagers mobiles, mais aussi entre les personnes et les objets connectés mobiles, est un champ immense d'opportunités qui n'en est qu'à ses débuts et qui intéresse la plupart des industries, dont l'automobile et le transport comme le secteur de la santé. Enfin l'avenir de la mobilité tient également à la performance des applications et à l'usage performant des données : l'essor de l'informatique en nuage, ou cloud computing, est au coeur de ces nouvelles transformations. 

Le CES démontre la cohérence de l'approche des grands acteurs dont la coopération est en fait plus importante que le concurrence à laquelle ils se livrent. C'est l'interopérabilité des solutions qui assure le succès grand public de leurs propositions. Données et applications mobiles, transportées par des réseaux haut débit fixes et mobiles, accessibles sur toutes formes de produits et d'écrans dessinent un monde connecté où l'information largement distribuée permettra de prende des décisions plus pertinentes au niveau le mieux adapté. Cette révolution est en marche depuis plusieurs années, touches par touches. La convergence des solutions dans une continuité souple et efficiente sera sans nul doute au coeur des débats et des engagements de toute la profession au cours de ce CES 2013 qui s'annonce brillant. Nous en rendrons compte.