10 février 2024
Le CES 2024, avec ses 135 000 visiteurs, 4300 exposants, 250 conférences, n'a pas failli à sa réputation d'une manifestation mondiale géante et très bien orchestrée. C'est surtout l'occasion, en quelques journées bien remplies, de balayer à 360° le paysage mondial que présente la société digitale. Au terme des 54 km parcourus à pied dans les allées, l'effort se situe au retour. Trier les images, les déclarations, les échanges que le CES permet de collecter est le travail qui met en perspective ce que l'on voit au-delà des déclarations emphatiques et des stands aguicheurs.
Il en ressort le sentiment profond que la bascule du monde dans le numérique est un mouvement d'une ampleur considérable qui rejoint, dans l'histoire, ces grands vecteurs de transformation qu'apportèrent Sumer, les Phéniciens, Gutemberg, James Watt, Pasteur et von Neuman. Nous, les Terriens, nous nous dotons d'une prothèse cérébrale, à l'instar de cette prothèse musculaire que le XIXe siècle nous a permis d'acquérir avec les machines à vapeur et les moteurs à explosion. Cette prothèse cérébrale, qui dans ce CES 2024 a pris les traits du jumeau numérique et de l'intelligence artificielle générative, nous dote de la capacité de capter notre environnement, de le comprendre et d'agir sur lui pour corriger les conséquences de nos réalisations antérieures, notamment les émissions de gaz à effet de serre, et surtout pour construire un monde différent, moins avide d'énergie et de matières premières. Passer de la collection, souvent effrénée, d'innovations à la construction du progrès est aujourd'hui notre défi. Nous en avons les moyens, car nous sommes capables de modéliser et d'anticiper mieux que jamais. Pour y parvenir, nous avons besoin d'investir massivement dans les connaissances scientifiques et techniques. L'accusation trop facile de techno-solutionnisme fait fi des succès que la science nous a permis d'enregistrer. Personne n'a envie de retourner ne serait-ce qu'en 1900. Avec lucidité, réalisme, et une gouvernance appropriée, nous sommes en mesure d’extraire de l'information que nous collectons les connaissances qui nous permettront d'en exploiter la quintessence pour construire le bien commun.
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