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Esquisses d'un nouveau monde numérique

Ce texte a été publié en 2013 avec ma collègue Isabelle Denervaud, que je remercie à nouveau. Sa nouvelle publication, neuf ans plus tard, illustre deux facteurs clefs à comprendre dans le monde numérique : 1/ contrairement aux images que l'on peut en avoir, c'est un monde stable où les innovations structurantes sont rares 2/ l'informatique est bien entendu indissociable de la couche numérique qui a accompagné le démocratisation des usages et implique de lourds investissements et une technicité croissante, loin des clichés.

1L’apparition de l’écriture, quelque trois mille quatre cents ans avant notre ère, a sonné le glas de la préhistoire. Au-delà des débats d’experts et d’une rationalisation a posteriori à propos d’une période qu’il est encore difficile d’appréhender, l’écriture a en son temps créé une rupture radicale. Première forme matérialisée du langage, elle a permis d’entretenir la mémoire du passé et de la faire vivre. Sa construction fut longue et sa forme a évolué au fil du temps. D’abord cunéiforme (utilisant des formes en coins et clous), l’écriture s’est progressivement dotée d’alphabets, grâce aux Phéniciens.

2Qu’en est-il de l’apparition du numérique au xxe siècle ? Avec lui, l’humanité fait face à une révolution sans précédent dans l’histoire, qui pourrait s’apparenter à celle de l’écriture. Processus de transformation ancré dans la durée, le numérique instille une remise en cause profonde de notre compréhension du monde et de ses mécanismes économiques.

Les catalyseurs de la transformation numérique

3Plusieurs catalyseurs stimulent cette transformation, ancrés dans la durée : l’explosion des performances, la disparition des frontières (ou « mobiquité ») et la démocratisation de l’information. Ces catalyseurs ne sont pas nouveaux mais c’est leur addition progressive, depuis près de trente ans, qui a provoqué un changement en profondeur de la nature de l’informatique et de la fonction associée au sein de l’entreprise. Ils ont impacté par ailleurs les modes de traitement de l’information, dont nous ne percevons encore aujourd’hui que de prometteuses prémices.

Les points forts

L’explosion des performances techniques, le développement de la mobilité, la multiplication des flux de diffusion d’informations et de connaissances sont à l’origine de profondes transformations.
La capacité d’autodétermination des citoyens et consommateurs bouscule les organisations et les modèles de production, et pousse tous les secteurs à redéfinir leurs produits et processus.
Ce foisonnement pose en même temps la question de la protection des informations pour les particuliers comme pour les entreprises. Et la cybercriminalité fait naître de nouvelles craintes.
 

4L’accélération exponentielle des performances. Que ce soit dans la puissance des processeurs, la capacité des mémoires ou encore dans la bande passante des télécommunications, les progressions exponentielles des performances de chaque composant de la chaîne de traitement de l’information ont permis de découvrir et de s’approprier des usages de plus en plus confortables, diversifiés et imaginatifs. La leçon de cet apprentissage est que l’innovation va toujours au-delà de ce qu’imaginaient ses promoteurs dès lors qu’elle répond à un besoin latent. Les sceptiques sont vite débordés par la puissance de la vague d’adoption d’usages nouveaux, tandis que les délais se raccourcissent entre les annonces techniques et la mise en service commerciale.

5La conquête de la « mobiquité ». Pendant près de quarante ans, « l’informatique » a été pour la plupart de ses utilisateurs assimilée au terminal d’accès aux applications, composé du couple écran-clavier qui reproduisait la machine à écrire, et un modèle d’organisation du travail statique, sédentaire et hiérarchique. Parce que la technique a permis d’alléger les machines, de les rendre plus fiables, plus autonomes, désormais l’accès à l’information a pu totalement se dissocier du support physique. Nous avons conquis le droit de travailler, de nous informer, de nous distraire où nous voulons, quand nous voulons, avec n’importe quel objet communiquant. Ainsi l’informatique se dilue dans les usages que nous en faisons, de façon contextuelle. Il suffit de prendre le TGV pour voir que chacun disposemaintenant d’une forme diversifiée de terminal, aux services multiples…

L’évolution exponentielle des performances à travers trois exemples

La téléphonie mobile
Le premier téléphone mobile analogique, 1G, Radio Com 2000, né en 1986, était limité aux véhicules, avec des appareils encombrants : il y eut 60 000 abonnés en France. C’était un produit élitiste. La première génération de téléphones mobiles numériques avec la norme GSM, 2G, adoptée en 1987, a commencé à se diffuser en France à partir de 1991 avec une bande passante de 9,6 kbits/seconde. La troisième génération numérique à haut débit, ou 3G, est annoncée en 2002 et l’offre commerciale démarre dès 2004 avec 384 kilobits par seconde, débit largement suffisant pour commencer à exploiter les services de mobilité astucieux, incarnés dans l’iPhone né seulement en juillet 2008. La 4G avec 1 mégabit par seconde commence à se déployer dans le monde, ouvrant des possibilités nouvelles aux usages mobiles.
La capacité de stockage
Il en est de même avec les capacités de stockage des mémoires flash dont les performances sont à la base des succès que sont les baladeurs numériques, les appareils photos ou encore les outils de stockage mobiles. La première clé USB a été commercialisée en décembre 2000 avec 8 Mo de mémoire, soit cinq fois plus que les disquettes de l’époque. Aujourd’hui les modèles courants de clé USB contiennent 8 Go pour moins de cinq euros, 1 To pour quelques centaines d’euros.
Les micro-ordinateurs portables et l’accès à Internet
Si globalement la micro-informatique, depuis 1981 avec le premier ordinateur IBM, le personal computer ou « PC », a représenté en soi une révolution dans l’accès à l’information numérique, c’est sûrement l’ordinateur mobile qui en a radicalement changé l’usage. Le premier portable, l’Osborne 1, fut créé en 1981 et pesait 11 kilos avec 64 ko de mémoire. Il se vendait 1800 dollars ! Un netbook performant de moins d’un kilo coûte moins de 300 euros. Mais bien évidemment ce sont les tablettes qui marquent une rupture avec le modèle incrémental de miniaturisation du PC. Quelque 190 millions de tablettes devraient être vendues, selon IDC, en 2013 soit une croissance de 50 % par rapport à 2012. Dépassant les ventes d’ordinateurs de bureau (142 millions, en baisse de 4 %), les tablettes réduisent rapidement l’écart pour se rapprocher des ventes d’ordinateurs portables (203 millions).
 

6Les objets communicants se multiplient, sous des formes diverses, et le Web est désormais accessible à partir de plusieurs plates-formes, donnant à chacun le choix des modalités d’accès à des informations et services totalement intégrés dans la vie contemporaine. Il va se vendre en 2013 un milliard de smartphones, ce qui dilue la communication vocale dans une pluralité d’usages. Ces signaux forts indiquent la transition engagée vers l’ère de la « mobiquité », contraction de mobilité et d’ubiquité, donnant un sens tangible et concret au fameux « ATAWAD » (anytime, anywhere, any device) prôné par les constructeurs et les opérateurs télécoms.

7La démocratisation de l’information. Le moteur technologique est tellement puissant que les performances doublent tous les dix-huit mois à prix constant (loi de Moore, toujours valable plus de quarante ans après sa première expression). De plus, la technique facilite l’interface homme/machine, abaissant sans cesse la barrière de l’accès technique qui se banalise. De ce fait, l’accès à la technologie se diffuse dans toutes les couches de la société, permettant des usages inimaginables il y a encore quinze ans.

8Il y a aujourd’hui 62 millions d’abonnés au téléphone portable en France, 6 milliards dans le monde ! Il y a 2,3 milliards d’individus accédant à Internet. Evidemment la démocratisation conduit au développement d’une immense capacité non seulement de « réception » de messages comme ce fut le cas avec la presse écrite, la radio et la télévision, mais surtout d’émission d’information. Cette inversion du flux de diffusion de l’information et de la connaissance a un caractère historique car elle touche profondément la nature de la connaissance et bouleverse les modèles de production et de diffusion. Parce que la technique autorise une vraie démocratisation, on peut concevoir, écrire, diffuser textes, images, vidéos, documents multimédia avec des moyens financiers très limités et un bagage technique minimal.

9Cette capacité de production a également une conséquence majeure : le volume d’informations produit croît aussi de façon exponentielle. Nous sommes en face d’un niveau de connaissances et d’informations jamais atteint dans l’histoire de l’humanité, ce qui représente une formidable opportunité scientifique et technique, mais aussi, plus prosaïquement, de moyens d’amélioration de la vie quotidienne. Les outils pour exploiter cette ressource sont en constant progrès : moteurs de recherche, instruments de conception, de simulation, de modélisation.

10Cette nouvelle situation, qualifiée de « big data », ou mégadonnées, fait de l’information une matière première fondamentale de l’activité. Elle engendre aussi le souci de partager toutes les données publiques afin de renforcer la capacité de compréhension et d’exploitation des ressources collectives, ce qui a donné naissance au mouvement dit open data. Ce sujet, avec de nombreux pilotes locaux, reste encore à écrire et à construire et permettra de donner des lettres de noblesse au terme de « villes intelligentes » tant débattu dans les conférences et dans la presse spécialisée, mais encore si peu tangible aujourd’hui. Les perspectives sont nombreuses. Par exemple, dans le secteur des transports, la diffusion d’information multimodale permet d’optimiser le parcours client dans les citées engorgées. Dans le domaine de l’énergie, l’aide à la gestion des consommations d’eau, de gaz, d’électricité facilite un usage économique et respectueux de notre environnement.

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Un impact sans précédent

11Cette révolution en cours de construction laisse présager un avenir que nous n’imaginons pas encore pleinement, qui impactera drastiquement l’accès aux données, ouvrira de nouvelles opportunités de modèles économiques, de modes de management et de travail, tout en apportant son lot de risques et d’incertitudes.

12Un terreau d’opportunités. Le numérique bouleverse l’ordre habituel. En effet, il ne s’agit plus seulement de « faire mieux les choses » mais de produire ce que nous étions incapables de réaliser et même d’imaginer dans le système antérieur. En rapprochant des techniques, des métiers, des connaissances qui s’ignoraient, le numérique fait naître d’immenses opportunités nouvelles. Ce sont tous les métiers et tous les secteurs qui doivent redéfinir leurs processus et leurs produits. L’ampleur de cette mutation a été perçue par de nombreux auteurs et artistes. Ainsi, Hervé Fischer, philosophe et artiste franco-canadien, écrit dès 2001 dans son ouvrage Le Choc du numérique (VLB éditeur) : « En ce début du troisième millénaire, l’espèce humaine doit faire face au choc du numérique qui envahit tous les secteurs d’activité. »

13En passant d’une économie qui cherchait à utiliser au mieux la main-d’œuvre en exploitant sans limites les ressources naturelles à une économie qui va exploiter les connaissances de tous, nous entrons dans l’ère du « cerveau d’œuvre ». Nous pouvons qualifier cette transformation d’« iconomie » car elle met l’innovation, l’intelligence collective et Internet au cœur de l’économie du futur. C’est une révolution puissante qui ne laisse à l’écart aucun secteur et provoque des bouleversements difficilement prédictibles. Que dire de l’impact d’un séquencement du génome humain à 400 dollars sur toutes les pratiques médicales ? Que dire des avantages sociétaux d’une gestion optimisée de l’énergie décentralisée ou de systèmes de transports intelligents multimodaux en termes de création de valeur ?

14L’ensemble des secteurs de l’économie est touché. C’est par exemple l’éducation qui va devoir inventer de nouveaux modes d’apprentissage. Les fusions des écoles de commerce ou encore la nouvelle école « 42 » gratuite et on-line pour former les développeurs constituent des signaux faibles d’un secteur qui va progressivement se recomposer de manière à reconstruire une équation économique aujourd’hui défaillante. C’est le secteur de la distribution qui apprend à composer avec le canal Web pour développer de nouveaux modes de relation avec ses clients qui ne passent plus seulement par les réseaux traditionnels de boutiques. En témoigne le développement exponentiel des agences de voyages partiellement ou totalement virtuelles (voyages-sncf.com, capitaine train), ou des sites de réservation de restaurant (tripadvisor, lafourchette.com). De nombreux secteurs utilisent le numérique pour développer de nouveaux modèles économiques focalisés sur « l’essentiel » des attentes du consommateur, dans des approches centrées sur le Web ou encore le low price. C’est Orange avec Sosh, Air France avec Mini, la SNCF avec iDTGV, iDBus ou Ouigo. C’est Axa encore avec Direct Assurance.

15Nous sommes donc à l’aube d’un changement majeur qui est indispensable pour protéger les ressources naturelles et ouvrir des perspectives nouvelles à l’humanité en s’appuyant sur l’intelligence collective.

16Le monde de l’accès. Comme l’avait annoncé dès 2000 Jeremy Rifkin dans son ouvrage prémonitoire L’Age de l’accès (publié en français par La Découverte en 2005), le numérique favorise la mise en relation directe entre le « problème » et la « solution » dans tous les domaines de l’activité humaine. Cette rapidité de diagnostic et la mise en œuvre réactive de remédiation transforme dans la plupart des domaines la relation historique entre les demandeurs de savoir et l’offre institutionnelle. C’est un phénomène massif de « wikipédisation » mais aussi de désintermédiation. L’une des conséquences majeures de cette puissante transformation est la capacité donnée au plus grand nombre d’accéder à des informations et à des processus naguère limités à un petit nombre d’experts ou opérés par des acteurs qui traitaient ces données de façon répétitive et sans valeur ajoutée.

De nouveaux modes de travail

Le numérique permet de revisiter les modèles classiques de collaboration. L’information devient multicanal et multimédia et se diffuse en temps réel. L’entreprise étendue compose avec le monde extérieur et se maille avec ses clients, partenaires et fournisseurs. Ses processus auparavant prédictibles et standardisés prennent un caractère informel, laissant de l’espace au hasard, et deviennent plus agiles, évolutifs. Ces évolutions vont de pair avec les communautés professionnelles qui voient leur frontières se déplacer, deviennent plus ouvertes et reconfigurables. La structure même de l’entreprise est touchée, elle devient plus horizontale, donnant plus de marge à l’expression individuelle, à l’autonomie, et développant des mécanismes de reconnaissance et de confiance.
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Source : « La transformation de l’IT à l’ère du digital », HETIC, conférence Sia Partners.
 

17Cette capacité d’autodétermination du consommateur, du citoyen, du patient, de « l’apprenant » est un défi pour les structures en place qui doivent ou monter en excellence ou simplement laisser la place à l’utilisateur comme le guichetier de banque a été partout supplanté par les distributeurs automatiques. Cette érosion des tâches administratives subalternes et la montée en performance de la qualité d’information transforme la plupart des métiers tertiaires qui n’avaient que marginalement été engagés dans la révolution de l’informatique : santé, transports, éducation…

18Cette remise en cause des rôles institutionnels ne peut laisser à l’écart le cœur des systèmes modernes, en l’occurrence la régulation par l’Etat et son contrôle démocratique. L’Etat tend à devenir une plateforme d’interopérabilité entre entreprises, citoyens et acteurs publics. De nombreux pays avancés en matière de numérisation de l’information publique et e-administration ont largement engagé cette mutation, tels le Royaume-Uni, l’Australie, la Suède.

19Mais la libéralisation de l’accès implique également un contrôle de l’accès. Il est évident que la sécurité et la protection du patrimoine informationnel de la personne, de l’entreprise et de la communauté a commencé à prendre une place majeure dans les politiques de numérisation de l’information et de la connaissance. Toutefois, c’est un sujet souvent mal posé. Faute de diagnostic fin, on applique sans nuance le principe de précaution : tout doit faire l’objet du même degré de protection. Et pour y parvenir on impose une protection péri-métrique étanche, partant du principe que les « bad guys » sont nécessairement à l’extérieur et que, si on leur oppose un mur d’enceinte efficace, la vie à l’intérieur sera protégée. Cette vision, acceptable dans un monde figé, n’est plus opératoire dans un monde ouvert où précisément les flux internes et externes sont constamment mélangés.

20Enfin, l’entreprise doit piloter ses multiples contributeurs. La question pratique qui est posée aux nomades est bien d’accéder aux informations des entreprises où ils opèrent comme à celles de leur propre entreprise à partir de l’extérieur. La mobilité des personnes entraîne la nécessité de maîtriser ce qui se connecte sur le réseau de l’entreprise, quelle que soit la méthode d’accès. Accéder au Web, partager des ressources collaboratives, utiliser des flux vidéo pose constamment des problèmes pratiques frustrants. Or l’entreprise étendue impose ce mode de fonctionnement. L’efficacité qui en résulte ne peut être compromise par des mesures de sécurité trop générales et trop contraignantes.

21Le changement des modèles de production. Voilà bien la question ultime que cette analyse des transformations de la société numérique doit poser. Pourquoi et comment travaillera-t-on dans un monde numérisé ? L’ère du numérique dans laquelle nous sommes entrés depuis les débuts du Web – il y a maintenant plus de quinze ans – bouleverse le modèle de production. Donc les mesures de la productivité. Nous sommes entrés dans une logique de rendements linéaires. Plus on produit, plus il y a à produire. Les tâches ne sont jamais épuisées. Pour les métiers modernes de l’entreprise (conception, coordination, commercialisation, communication), la lumière ne s’éteint jamais… La mondialisation numérique s’affranchit des fuseaux horaires et des distances, du jour et de la nuit. L’immensité du potentiel du Web conduit à n’en jamais toucher les limites. Nous nous situons à présent dans un monde infini de « manipulations de symboles », selon la formule du chercheur et homme politique américain Robert Reich. Au siècle des réseaux et du cerveau d’œuvre, alors que la dématérialisation multiplie à l’infini idées, sons et images, produire du sens devient aussi important que produire des biens. L’intelligence collective en réseau peut réduire les dommages collatéraux d’une croissance qui ne s’est pas préoccupée des équilibres naturels de long terme.

22Composer avec de nouvelles incertitudes. Au-delà du champ d’opportunités immense qu’augure l’avènement du monde numérique, s’ouvrent de nouvelles craintes liées au cyberterrorisme ou encore au développement de nouveaux totalitarismes. Il convient alors de se préparer à des renoncements et des deuils pour mieux aborder ce rivage inconnu, cette transformation que va catalyser le numérique. Hervé Fischer nous avertit : « Certes, la révolution technologique n’est pas sanglante. Elle ne tue pas. Elle paraît même douce et rationnelle. Mais elle s’installe et s’étend à toutes les activités humaines de façon si rapide qu’elle en devient violente. Sa puissance même est telle, dans tous les domaines, de la guerre, de la science, des industries, du commerce, de l’art, de l’imaginaire, de la politique, de la vie privée, etc., qu’il n’est pas exagéré d’affirmer qu’elle transforme profondément le monde à jamais. » Les Etats doivent défendre les intérêts de leurs citoyens et la souveraineté nationale et s’équiper face aux menaces réelles de cybercriminalité et de cyberguerre qui vont prendre une place majeure dans le futur. Il faut donc organiser cet accès aux données et à l’information en gérant la qualité du service fourni comme la maîtrise de la sécurité à chaque étape, pour chaque usage et pour chaque acteur.

23Le monde numérique du xxie siècle nous apparaît rempli de promesses et d’incertitudes. Alors que la puissance des outils croît de façon exponentielle, il est difficile de faire des prévisions par extrapolation linéaire de ce que nous observons. Il faut admettre que nous allons encore vivre dans les prochaines années de grandes mutations techniques qui, bouleversant les équilibres historiques, vont mettre à l’épreuve notre capacité d’adaptation et d’intelligence face à un monde bruissant d’innovations.

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