La révolution informatique a commencé aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Elle a connu des formes techniques diverses, mainframe et terminaux passifs, puis ordinateurs départementaux et enfin ordinateur personnel en 1981. Grâce à la loi de Moore, l’informatique s’est démocratisée pour toucher de plus en plus de personnes et d’usages avec des performances en hausse. Mais l’informatique est restée cantonnée pendant trois décennies à un monde professionnel. Il s’agissait des traiter des informations structurées pour opérer des processus standardisés dans des organisations stables. C’était l’ère des organisations rationnelles, dans laquelle la banque ou les transports aériens ont été pionniers. Il fallait automatiser des processus et pour cela écrire des cahiers des charges, transmis de façon séquentielles aux équipes informatiques, qui produisaient un code spécifique, mis au point longuement dans des projets en cycle en V, avant d’être exploité et distribué aux utilisateurs par des réseaux propriétaires coûteux. C’est dans ce contexte des années 70 qu’a été créée le CIGREF et la plupart des « directions informatiques » qui ont engagé l’informatisation des principaux process des entreprises.
Après le PC, l’arrivée du web en 1995 a ouvert une seconde vague de démocratisation amplifiée par le smartphone en 2007 et les progrès des télécommunications, TCP-IP et 3G puis 4G. Une ère nouvelle, qualifiée de « digitale » ou « numérique » a en dix ans bousculé l’économie mondiale en faisant apparaitre des formes nouvelles de communications, mobiles et sociales, qui s’affranchissent des pratiques traditionnelles et font émerger des structures et des comportements qui établissent de nouvelles normes sociétales. De centralisée, complexe et professionnelle, l’informatique est devenue omniprésente, abordable et donne au consommateur, mais aussi au collaborateur, un rôle central. L’exigence de respect de l’engagement, de la véracité et d’exhaustivité de l’information, de réactivité instantanée conduisent à une société du « zéro délai, zéro défaut » dont nous n’avons pas encore exploré les limites.
La décennie 2020 va voir, dans un cycle décennal de transformations techniques, de nouvelles avancées façonner une société de la donnée dont les conséquences ne toucheront plus seulement les comportements individuels de chaque consommateur et acteur social, mais la nature même des organisations.
Revisiter nos convictions
L’évolution que nous avons connue depuis 1945, en couches de progrès incrémentaux, a ajouté des opportunités nouvelles sans faire totalement disparaitre les formes antérieures. De multiples exemples illustrent cette additivité. Dans le monde du travail, on continue à se rassembler dans des réunions physiques périodiques alors même que toute l’information est disponible en ligne. Les villes connaissent toutes une congestion totale aux heures de pointe qui n’est due qu’à la pratique de l’alignement des horaires, héritage de l’horaire unique de travail qui était l’expression de la protection des intérêts des salariés contre les conditions de travail abusives. L’achat d’une voiture individuelle, même en location, est un paradoxe total dès lors qu’il est conçu pour un usage extrême - les vacances - alors même que pendant 97% du temps la voiture reste immobile.
De fait, si le consommateur a le sentiment d’avoir gagné en liberté de choix et en efficacité, les collaborateurs des entreprises, comme les citoyens utilisateurs des services publics, ont le sentiment que cette « révolution » numérique se traduit pour eux par un alourdissement des tâches, un manque d’humanisme dans les relations, une menace pour les libertés individuelles à travers une traçabilité généralisée. L’incompréhension des apports de l’intelligence artificielle vient ajouter un voile de menace diffuse anxiogène.
Or, la transformation sociétale que va autoriser l’appropriation individuelle et collective des techniques modernes de communication et d’échange va faire vaciller le socle historique de notre société dans ses composants élémentaires, l’accès à la connaissance, la contribution productive, les mobilités, l’usage de l’énergie, la gestion de la santé. Les écosystèmes étanches vont communiquer, les organisations verticales se désiloter. La mise en mouvement de chacun de ces vecteurs va façonner une société très différente, dont les prémices sont visibles dans certains pays, certaines zones métropolitaines. Une recomposition de nos pratiques, de nos convictions, de notre manière d’imaginer le monde est en cours.
Un système d'information réunifié
Cette transformation va s’appuyer dans les entreprises sur une nouvelle conception du système d’information qui va fusionner les approches antérieures. Ce "SI 2.0" recouvre l'ensemble des outils et process permettant de capter des données pour les transformer en informations et connaissances afin de prendre des décisions contextuelles. Ces données sont issues de capteurs, des machines et robots, des documents internes et externes. Ce sont des images, des sons, des séries de mesures de températures, de pressions, de vibrations... Elle sont stockées est sécurisées dans le nuage, permettant un usage contextuel de l'information. Les DSI sont rarement organisées pour faire face à cette fusion des approches verticales traditionnelles. La couche legacy historique n’a que rarement été transformée alors que le numérique est venu ajouter, en vingt ans, une série d’outils et de pratiques qui ont échappé à la cohérence du SI.
Le but de l’approche du consulting 4.0 initiée par Sia Partners est de capter les formes, les contours, le rythme de cette mutation et d’évaluer les actions à conduire pour anticiper et préparer ces étapes futures de la transition numérique. Cela implique tout d’abord une vue de bout en bout qui part du design thinking, englobe la culture Agile et le DevOps, exploite de façon pertinente et contextuelle l’intelligence artificielle, enrichit les compétences et apporte des réponses novatrices en matière de gouvernance. Ceci s’appuie sur la capacité concrète à utiliser les données capturées par l’entreprise pour en tirer du sens grâce au travail méthodique des data scientists et des consultants, qui appuient leurs analyses sur des modèles exploitant les outils de l’Intelligence Artificielle. Cela implique, enfin, la construction de nouveaux systèmes exploitant une bibliothèque d’API pour relier informations et processus pour rendre les décisions contextuelles plus rapides et plus pertinentes.
Cette approche ne segmente plus les techniques et les comportements.
Ainsi, les socles techniques - les Deep Tech – sont intégrés à travers quatre prismes :
- La révolution des communications qu’apportera, dans la décennie, la 5G,
- La modélisation des systèmes complexes, du vivant aux formes multidimensionnelles d’interactions métropolitaines, l’utilisation des techniques de l’intelligence artificielle
- La transformation des processus de production tout au long de la Supply Chain, de la conception au recyclage, à travers un regard sur la robotique
- La construction de la confiance numérique à travers la cybersécurité et la blockchain
Mais l’innovation s’incarne dans la transformation des comportements. La voiture autonome offre une belle démonstration de cette complexité. Il ne s’agit pas en effet d’une prouesse technique isolée, mais bien d’une profonde transformation systémique aux implications multiples sur la fluidité des villes, sur le droit à la mobilité de chacun, sur la liberté et la sécurité. Les comportements au travail et dans la cité tireront les bénéfices en gain de temps, d'efficacité, de qualité de vie de la mise en synergie des outils numériques pour résoudre les problèmes au quotidien de la vie professionnelle et sociale.
C’est pourquoi plus que jamais le consulting 4.0 répond aux besoins d’une compréhension systémique de la transformation en proposant des réponses opérationnelles, fondées sur une analyse des données et appuyées sur une mise en œuvre collaborative. C’est une porte d’entrée vivante, accessible et concrète vers les bénéfices de la société des données.