Previous month:
octobre 2015
Next month:
décembre 2015

Trop de web ? Trop de numérique ? Quel avenir ?

 

Le débat sur l’impact du numérique sur l’économie s’accélère et se densifie dans notre pays. Deux lois sur le numérique sont en préparation, après la parution d’une multitude de rapports, documentés et stimulants, mais restés pour l’essentiel lettre morte. Cantonnée, Il y a peu de temps encore, aux secteurs de la presse, de la musique, du voyage, la prise de conscience de la transformation profonde engendrée par le web réveille aujourd’hui l’éternel débat sur la vitesse de la transformation induite par la technique. Comme à chaque étape de l’histoire humaine, la mise en tension des structures qu’implique l’émergence d’un nouveau système socio-technique bouscule l’ordre établi, déstabilise les pouvoirs, ravive les fractures sociales, remet en cause les hiérarchies et l’équilibre des territoires. Et inquiète tous ceux qui ne comprennent pas le mouvement et craignent, souvent à raison, d’en être les victimes ! La destruction créatrice de Schumpeter est en marche. Elle est violente et rapide d’autant plus qu’elle n’obéit pas à un plan prévisible et pré-établi comme nous les aimons dans notre pays marqué par la centralisme de notre culture politique et économique.

Néanmoins, la révolution numérique, en dépit de son caractère spectaculaire, n’est, comme les révolutions techniques qui l’ont précédé, qu’une œuvre humaine. Elle n’est pas magique mais résulte de l’action conjuguée de forces maîtrisables. Il est donc possible, et même absolument indispensable, de l’analyser avec lucidité. Il faut d’abord comprendre pourquoi cette révolution, venue d’ailleurs, nous heurte particulièrement en France, avant d’esquisser les pistes d’une prise en compte active de cette dynamique sur notre territoire.

  1. La révolution numérique est rapide et violente

Le tempo de cette transformation est imposé par les leaders nord-américains.

La santé insolente que manifeste les leaders du GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) est une provocation pour l’économie européenne et l’aveu d’un cruel échec pour ce respectable terroir qui a dominé pendant plus de deux siècles l’économie mondiale par son talent et sa capacité d’innovation. En 2000, l’Europe s’était donné comme objectif pour 2010 de devenir leader dans la science et la technique ! En effet, il n’y a plus, après l’échec de Nokia, aucun point lourd dans les techniques numériques en Europe ! Parmi les entreprises du CAC 40, aucune n’appartient à ce courant des champions du web. Et on peut admettre que seuls Orange et Cap Gemini, Alcatel Lucent étant absorbé par Nokia, portent les couleurs de cette nouvelle vague d’informatisation, avec de pâles valeurs de capitalisation : 43 et 14 milliards €. Et cette domination n’est pas prête de se ralentir car les licornes, entreprises ayant dépassé une capitalisation boursière d’un milliard de dollars, se développent à toute vitesse aux Etats-Unis. Plus d’une centaine de ces entreprises sont ainsi apparues depuis 2014. Si toutes ne réussiront pas, il est clair que certaines viendront grossir le rang de leurs aînées ou seront absorbées.

Capture d’écran 2015-11-30 à 12.46.54

Les jeux sont faits : la Silicon Valley est devenue le centre du monde économique du XXIe siècle. La capitalisation boursière atteint, en novembre 2015, des niveaux jamais atteints : 651 milliard $ pour Apple, 500 milliards $ pour Google, plus de 300 milliards $ pour Facebook et Amazon. Seul, Apple vaut autant que les dix premières entreprises du CAC 40. Avec les profits de son année fiscale 2014-2015, soit 53,4 milliards $, Apple a battu le record du plus haut niveau de profits jamais atteint en une année dans l’histoire économique. Ceci représente 79% des bénéfices des entreprises du CAC 40 pour l’année 2014!

Dans le chaudron neuronal californien, où abondent les talents et les capitaux, s’invente, dans le style décontracté inimitable des tycoons californiens, l’économie de demain. Et rien n’est trop beau ni laissé au hasard : ni le nouveau siège d’Apple, ni la nouvelle ville de Facebook, ni l’appétit omnivore de Google pour le futur. L’ambition et la certitude d’avoir raison animent cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui bousculent tous les establishments en imposant leurs codes. Leur vocation est de développer leur influence dans tous les secteurs, sans frein à leur appétit, sans précaution pour laisser vivre en dehors de leur écosystème les audacieux qui refusent d’y entrer. Le gagnant emporte toute la mise sans rien laisser aux concurrents. Cette logique d’universalité doit servir le bien de l’humanité car les tycoons ne sont pas avares de déclarations généreuses. Le « moon shot » est là et prend le pouvoir politique comme l’a démontré le rejet d’une proposition anti-Airbnb à San Francisco. Le moonshot, par similitude avec le programme Apollo, consiste à adopter des solutions radicales tant sur le plan technique qu'organisationnel, sans précaution majeure ni pour la prise de risque ni pour la rentabilité à court terme. Les pratiques fiscales des barons de la nouvelle économie sont opaques et ni dans les pays où ils opèrent ni même aux Etats-Unis, ces géants du web ne figurent pas parmi les entreprises citoyennes exemplaires. Mais est-ce vraiment différent des Carnegie et Rockfeller en leur temps, sinon que leur terrain d’action est mondial et qu’ils pénètrent beaucoup plus profondément les consciences que pouvaient le faire les rois de l’acier, du chemin de fer et du pétrole ? La logique d’un entrepreneur est d’exploiter, sans état d’âme, tout le terrain que lui laissent ses concurrents… et le législateur.

Les conséquences sociales sont considérables

La disruption – mot clef de ce et début de XXIe siècle – est un tsunami qui s’attaque à tous les secteurs économiques. Bien sûr la construction des fondations de l’internet a nécessites près de trois décennies pour créer, progressivement, ce réseau mondial universel. Mais l’accélération a été déclenchée par l‘irruption d’un nouvel objet. Le premier smartphone. L’iPhone, doté de fonctionnalités qui faisaient sourire en 2007 comme la géolocalisation, ou un appareil photo, a mis entre toutes les mains un puissant ordinateur, mobile et connecté au réseau internet. Passer de quarante années d’informatique « assise », coûteuse, lourde, complexe à une informatique « debout », ergonomique, mobile, accessible et géolocalisée, a créé une brèche spatio-temporelle dans laquelle se sont engouffrés développeurs et entrepreneurs pour inventer un monde poussé par la recherche de solutions utiles et simples à la plupart des problèmes de la vie quotidienne. Sans intermédiaires, grâce à l’idée géniale des magasins d’applications gratuites ou peu onéreuses, ils distillent l’élixir de la transformation numérique de la société directement vers les utilisateurs qui s’en emparent avec délectation, parce que c’est simple, utile et… pas cher ! Ce phénomène défie les lois de l'économie car la plupart des enteprises porteuses de ces nouveaux services ne gagnent pas d'argent en dépit d'une capitalisation boursière pharaonique. Néanmoins elles bousculent les secteurs établis, les forcent à s'adapter ou à disparaître. 

Citons quelques exemples. AirBnB, né en 2008, s’est développé ainsi de façon virale, sans autorisation, sans prévenir. Et sans que personne n’ait vraiment vu le phénomène se développer, sauf les pourvoyeurs d’espaces – promus « hôtes »- et leurs clients, ravis d’une telle aubaine, AirBnB capte des millions d’utilisateurs et, en pertes, génère un revenu de moins d'un milliard $ pour une capitalisation boursière de 24 milliards $. En 2020, l'entreprise devrait enfin être rentable ! Or tout peut changer dans ce secteur très ouvert...

Pour étendre son spectre d’activités, Google investit des milliards de dollars. Google, qui est désormais fractionné en plusieurs entités légales, sous une nouvelle holding, Alphabet, a nommé le pape de l’intelligence artificielle à la tête de son département de recherche, Ray Kurtweil, et fait de nombreuses acquisitions dans le domaine des robots, comme Boston Dynamics, spécialisé dans les robots militaires. la boulimie de Google est incommensurable mais son alimentation en cash est permise par une activité tout ce qu'il y a de plus classique, la publicité. 

Les structures politiques sont ébranlées

Pour la première fois dans l’histoire, l’innovation ne connait pas de frontière et se déplace instantanément, sans délai, entre les pays, supprimant l’avantage comparatif que donnait aux pays développés leur avance technique. Le développement des télécommunications bouleverse la séquence historique de développement. La totalité des habitants de la planète accède maintenant au téléphone mobile, et bientôt, grâce aux smartphones à bas prix qui se vendent par centaines de millions, bénéficiera de tous les services du web. Les gouvernements ne peuvent que constater que la révolution numérique se fait sans eux, sans leur autorisation et hors de leur contrôle.. Si le Parlement européen s’émeut, et vote en novembre 2014 une résolution pour démanteler Google, l'entreprise ne se plie pas pour autant aux exigences européennes.

Peu de dirigeants ont encore intégré le fait numérique dans leurs pratiques

Si les Français adorent les technologies numériques pour leur usage personnel, les pratiques en entreprise et dans la vie publique sont en retrait par rapport à cet engouement individuel, même si, au fil du temps, on observe des changements significatifs de comportement. Les images du bureau de François Hollande sans ordinateur et noyé sous les parapheurs ont choqué. Il n’est pas le seul à parler du numérique, pour les autres. Les dirigeants français ont dans l’ensemble raté la seconde vague de la révolution informatique, celle des années quatre vingt-dix avec les ERP. Ils trouvent aujourd’hui qu’avoir une stratégie « digitale » est beaucoup plus chic que de faire de l’informatique, activité reléguée au rang définitif et peu enviable de « centre de coûts ». Si utiliser un mot anglais permet d’avancer la prise de conscience, tant mieux. Mais il ne faudrait pas que ce soit un leurre de même nature que l’e-commerce au début des années 2000. Car si techniquement le numérique ne se dissocie pas de l’informatique, culturellement il n’en est rien. Là où l’informatique permettait d’accroître la productivité de l’existant, le numérique consiste à remettre en cause, ou simplement ignorer, cet existant pour inventer tout autre chose.

Bien peu de dirigeants acceptent l’idée que la révolution numérique est avant tout une révolution managériale qui s’appuie sur la compétence de la totalité des collaborateurs avec un minimum de technostructure et d’encadrement. La révolution numérique, c’est une large décentralisation avec des équipes petites, autonomes connectées en réseau. C’est la réactivité privilégiée par rapport au plan et au budget venus d’en haut. La reconnaissance ne se fait pas par la hiérarchie mais par les pairs. C’est une incitation permanente à l’initiative et au non-conformisme. On ne tue pas une idée, on l’améliore ! C’est une remise en cause radicale du système hiérarchique pyramidal, ses rituels et ses ordres.

La révolution numérique bouscule emplois et compétences

La désintermédiation, qui a désormais un nom, « ubérisation » est un processus simple et efficace. C’est pour cela qu’elle s’impose dans tous els secteurs. Elle consiste à supprimer tous les intermédiaires inutiles d’un processus pour délivrer un résultat, rapidement, efficacement et pour le moins cher possible. Le réengineering des processus, activité phare des années quatre vingt-dix se fait désormais de façon beaucoup plus radicale en mettant en place un outil informatique, une plateforme d'intermédiation, qui met en relation directe émetteur et récepteur La désintermédiation est aussi connexe à la dématérialisation. Comme le support physique n’est plus utile à l’accomplissement de la fonction, la production de l’information suffit. Et elle est immatérielle, peu coûteuse et se prête à tous les traitements qui assurent la traçabilité et le contrôle du dénouement physique et économique de la transaction.

Avec la suppression de fonction physique de production, de diffusion et de contrôle, ce sont des centaines de milliers d’emplois industriels et tertiaires qui sont d’ores et déjà supprimés ou encore seulement menacés. Les exemples sont multiples dans l'édition musicale, la presse, la photographie.. .Prenons l'exemple d’un produit récent qui fut innovant, le Compact Disc, diffusé à partir de 1982. Editer un CD à partir d’un fichier numérique, le presser, l’emballer, le transporter, le distribuer dans des points de vente représentait un grand nombre de tâches matérielles et l’utilisation de ressources physiques - papier, carton, plastique, stockage, véhicules, manutention - que la diffusion en un clic du même fichier sur un serveur supprime définitivement. Aujourd'hui les magasins de disques ont quasiment disparu, à l'instar du célèbre HMV à Londres, plus grand magasin de disque du monde, ouvert en 196 et fermé en 2014. Il en est ainsi dans les guichets, les points de vente, les caisses de supermarché, les bureaux… Il est bien naturel que les emplois directement associés à ces tâches physiques disparaissent également. Mais la logistique impose encore beaucoup de main-d’œuvre et Amazon propose un nouveau type de contrat de travail, Flex, pour ses livreurs occasionnels aux Etats-Unis. Il s’agit d’utiliser sa propre voiture, sans couverture sociale, pour livrer quand on le veut dans un périmètre restreint pour 18 à 25 $ de l’heure. Les initiatives de ce type se multiplient dans tous les métiers, sapant sans bruit les bases historiques du salariat.

Bruissante, tumultueuse, sans égards pour le passé, la révolution numérique apporte à tous et bouscule tout le monde. Elle n'est nullement morale ou vertueuse par elle-même, s'inscrivant dans une longue histoire de l'innovation, mais elle peut le devenir si elle sert l'intérêt général.

A suivre ...

  1. A la recherche d’un nouvel équilibre

Renault, un enjeu capital pour la France

Comprendre le débat actuel entre l’Etat actionnaire de Renault, par la voix du Minstre de l'Economie, Emmanuel Macron,  et son dirigeant, Carlos Ghosn, qui, au terme d’une semaine tendue, a conduit celui-ci à convoquer un conseil d’administration exceptionnel de Renault le 6 novembre, implique de remonter aux sources de l’Alliance.

Renault a été l'artisan du renouveau de Nissan au moment où l'entreprise était dans une crise profonde : gamme vieillissante, appareil industriel inapproprié, relations endogames avec les fournisseurs. Déficitaire pendant toute la décennie quatre vingt-dix, sauf 1996, surendettée (18 milliards €) , au bord de la faillite, Nissan était en quête d’alliances pour survivre. Après l’échec des négociations avec Daimler, c’est Louis Schweitzer qui réussit à prendre 44% des actions du constructeur en 1999. Cette opération était risquée mais représentait une opportunité essentielle pour Renault de prendre place sur le marché mondial après l’échec de la fusion avec Volvo en 1994. Mais les cultures de deux constructeurs étaient fort dissemblables, Tokyo est très loin de Billancourt, et Louis Schweitzer et son homologue de Nissan, Yoshikazu Hanawa, ont l’habileté de construire à partir de mars 1999 un modèle original de relations fondé sur une alliance plutôt que sur une prise de contrôle. Selon Louis Schweitzer, il s'agissait de former "un groupe binational, fondé sur le respect, la compréhension réciproque et le maintien de l'identité des deux entreprises". Cette Alliance respecte les cultures et sensibilités des deux entreprises.

L'équipe de management de Renault déléguée sur place, sous la direction de Carlos Ghosn, le support technique de toute l'entreprise, et le marché bondissant du début des années 2000, notamment avec le développement spectaculaire d'Infini au Etats-Unis, ont permis un redressement exceptionnel à travers l’ambitieux et drastique Nissan Revival Plan. Solide en Europe et Amérique latine, Renault était beaucoup moins international que Nissan, firme dont la croissance s’est faite dès l’origine sur le marché mondial. Si Renault a investi ses hommes et ses ressources ( 6,4 milliards €) dans Nissan, l’entreprise a été payé en retour par 17 milliards de dividendes. C’est donc un excellent investissement pour Renault. Il est dès lors naturel de souhaiter conserver une influence majeure dans l'avenir du groupe. 

Renault est propriétaire de 43,40% des parts de Nissan, qui détient 15% de Renault. L’Etat est monté en juillet à 19,7% du capital, avec la promesse de revendre ces actions supplémentaires, pour peser dans les réflexions sur le réaménagement de la gouvernance de l’Alliance en acquérant des droits de vote double. Il faut aussi mentionner que Daimler possède également 3,1% de Renault et de Nissan. Aussi l'Etat actionnaire veut conserver le contrôle de cette Alliance dont, théoriquement, Renault devrait être leader.

Devenu CEO de Nissan en juin 2001, puis de Renault en mai 2005, Carlos Ghosn est à l’épicentre de ce qui n’est plus, de fait, l'Alliance des origines, mais plutôt une « union personnelle » selon la formule constitutionnelle, le président de Renault ne pouvant ignorer ce que pense le président de Nissan. Mais l’évolution relative des deux entreprises crée une dissymétrie économique. En 1999, Nissan produisait comme Renault de l'ordre de  2,4 millions de véhicules. Aujourd'hui, Renault produit 2,6 millions de voitures, mais Nissan a cru rapidement pour atteindre 5,3 millions de véhicules en 2014, dont 1,4 million aux Etats-Unis et 1,2 million en Chine. Nissan pèse deux fois plus que Renault en termes de chiffre d'affaires, notamment parce que le mix produit est nettement plus haut de gamme, grâce notamment à Infiniti, et que Nissan est présent en Chine et aux Etats-Unis. Enfin la capitalisation boursière de Renault est de 27,5 milliards d’euros contre 42 milliards pour Nissan.

Cette dissymétrie est souvent perçue par le personnel de Renault comme humiliante et l’esprit de compétition qui règne entre les équipes est parfois plus amer que collaboratif. Il est difficile de comprendre les arbitrages entre équipes alors que le dirigeant central est le même. Mais au delà des personnes, il est clair que dans le paysage industriel mondial, Renault et Nissan n’ont d’autre choix que de coopérer efficacement pour développer, comme ils le font sur les véhicules électriques, des stratégies communes, et accroître encore la mise en place de synergies techniques et économiques. La mise en place de trois plateformes communes, la multiplication des livraisons croisées, l’installation de véhicules Nissan sur des lignes de montage de Renault sont les signaux clairs que la construction d’un groupe industriel efficient est en marche. L’affaiblissement du groupe Volkswagen ouvre potentiellement la voie à un accès au podium mondial derrière Toyota et GM.

Il est clair que les autres dirigeants de Nissan ne peuvent exprimer une opinion qui n’ait pas son aval. On ne peut pas imaginer, dans la culture japonaise, qu’ Hiroto Saikawa, directeur de la compétitivité, expliquant que Nissan « voudrait résoudre cette question dès que possible afin de pouvoir rétablir les bases d’une alliance fructueuse » le fasse sans l’aval de son président.

 

Images Nissan Qashqai et Renault Kadjar partagent la meme plate-forme CMF (Common Modula Family)Kadjar-signature-red.jpg.ximg.l_full_m.smart

Il est toutefois impératif de dépasser ce qui pourrait être facilement perçu comme un combat entre egos, trop facilement sur-médiatisé. Au delà des personnes, transitoires, le seul enjeu est bien la constitution robuste du 4e constructeur mondial automobile avec une influence capitalistique française durable. Le gouvernement ne veut pas voir les centres de décision d’un constructeur emblématique qui a su, grâce à la vision de Louis Schweizer, se construire une authentique personnalité internationale, échapper totalement à la France après une longue série de reculs industriels dans d’autres secteurs. Il y a une cohérence de voir reconnu durablement le rôle de Renault et de ses équipes dans le redressement de Nissan. Il y aussi une exigence pour conserver une dynamique de l’Alliance de laisser une place importante aux équipes de Nissan dans le management du groupe pour gagner les combats futurs. C’est cette alchimie que le conseil d’administration de Renault, dont l’Etat actionnaire, doit faire émerger en visant le long terme.Renault