Previous month:
avril 2015
Next month:
juin 2015

Changement de société, changement de modèle de management

Equipés en outils multiples de traitement de l'information,  habiles dans l'utilisation de ces outils personnels pour trouver instantanément l'information utile ou accéder à la connaissance, séduits par toutes les formes de coopération comme l'atteste le succès brillant des solutions comme Blablacar ou AirB'nb , nos contemporains, jeunes et moins jeunes car cette différence s'estompe, seraient incapables, au travail, d'initiatives et de prise de responsabilité ? C'est pourtant bien ce que dit le contrat de travail qui est un contrat de subordination comme l'explique clairement  l'article de Wikipédia :

Quel que soit le type de contrat de travail, le lien de subordination existe dès qu'une personne, l'employeur, peut exercer son pouvoir de direction sur une autre personne, l'employé. Cette autorité comprend le pouvoir de donner des directives, le pouvoir d'en contrôler l'exécution et le pouvoir d'en sanctionner la mauvaise exécution. Il doit pouvoir s'exercer à tout moment mais pas nécessairement de manière étroite et ininterrompue. Il suffit donc que ce pouvoir de direction ou pouvoir de subordination soit au moins potentiel, l'employeur ayant à tout moment le pouvoir exercé ou non, de donner des ordres et de surveiller leur exécution.

Ainsi le monde serait partagé en deux catégories : les supérieurs et les subordonnés...En France nous avons même différencié le statut des "cadres" et celui des "non-cadres"... Rien n'aurait changé depuis le XIXe siècle quand des millions de paysans illettrés sont entrés dans les mines et les usines pour y travailler avec leurs bras comme ils le faisaient dans les champs. Aujourd'hui dans les entreprises modernes, dont les exploitations agricoles, chacun utilise des processus et des objets techniques pour accomplir des tâches qui nécessitent très peu de force physique mais une capacité d'analyse et de diagnostic, de résolution de problèmes, d'échanges collaboratifs et de collecte d'information...

C'est pourquoi il nous faut réfléchir aux modèles de management adaptés au contexte complexe dans lequel nous opérons, au travail en temps réel, à la coopération intra et inter entreprises...  Le concept de cerveau-d'oeuvre, que j'ai proposé il y a déjà fort longtemps, vise à synthétiser ces transformations et à faire émerger de nouveaux modèles d'organisation du travail et donc de cadre juridique. C'est un travail de longue haleine qui ne peut réussir que s'il y a une coopération multiple entre tous les  praticiens et les experts pour faire bouger les lignes et tenter d'aborder le XXIe siècle avec des outils et des modèles adaptés.

Je dépose donc ces deux documents dans le fonds commun de réflexion :

- http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Jean-Pierre-Corniou-Le-numerique-revolutionne-l-organisation-du-travail-et-le-management_2593.html

- http://prezi.com/w2wlm9vyqxdj/?utm_campaign=share&utm_medium=copy&rc=ex0share

Je vous invite également à dévorer de toute urgence l'essai d'Idriss Aberkane sur l'économie de la connaissance.

http://www.fondapol.org/etude/idriss-j-aberkane-economie-de-la-connaissance/


Energie et information, une complémentarité vitale

Sans énergie, accessible et économique, rien n’aurait été possible pour l’homme. Toute l’histoire du développement est conditionnée par la capacité des terriens à domestiquer l’énergie. C’est le fruit d’un long et patient travail qui a commencé par la découverte du feu, il y a 400000 ans. La domestication du feu en permettant la cuisson des aliments, a changé fondamentalement la capacité physique des hommes et allongé leur espérance de vie  en limitant les maladies. Elle a aussi permis le développement de la vie sociale. A chaque étape, la maîtrise du vent et de l’eau, la conquête de la vapeur, l'exploitation    maîtrisée du charbon et du pétrole, puis avec le nucléaire, le système technique mis en place a conditionné le système social, et induit un mode d’exercice du pouvoir. Au moins autant que la lutte pour l’information et la connaissance, la maîtrise de l’énergie est le grand vecteur de structuration de la société. Nous en mesurant pleinement les conséquences avec l’avènement récent - les années cinquante - d’une géopolitique du pétrole qui a totalement transformé les rapports de force entre Etats depuis soixante-dix ans.

Mais en ce début du XXIe siècle, nous touchons à de nouvelles limites. Elles sont politiques, économiques, techniques, sanitaires. Nous avons pris conscience que les ressources énergétiques de la planète lorsqu’elles sont présentes sous forme de stocks ne sont pas renouvelables. Aller forer plus loin, plus profond, continuer par la fracturation hydraulique le travail inachevé des millions d’années pour libérer le gaz ou le pétrole des roches qui l’enferment, ne sont pas des actes anodins. Les conséquences sur l’environnement des océans, sur les nappes phréatiques qui nous alimentent en eau potable sont tangibles même si elles alimentent une controverse sans fin. Produire plus d’énergie fossile, c’est aussi  envoyer plus de carbone dans l’atmosphère… Mais l’engouement pour les énergies renouvelables ne règle pas par magie tous les problèmes. Car quelles que soient leurs vertus, les énergies renouvelables ne sont pas non plus sans impact sur l’environnement, tant pour les produire, comme les  panneaux photovoltaïques, que pour les faire fonctionner – énergie des fleuves ou des océans, éoliennes -. Elles ont aussi la faiblesse de dépendre de facteurs exogènes et instables, le soleil comme le vent,  et imposent leur rythme aux réseaux de distribution en l’absence, pour le moment, de moyens de stockage souples et économiques.

Nous avons le sentiment d’une profonde menace sur la sécurité de la planète quand Iran et Arabie Saoudite, surarmés et belliqueux, pour le moment par vassaux interposés, se font face et peuvent instantanément condamner le détroit d’Ormuz qui reste le cordon ombilical énergétique de la planète. Nous avons tous tremblé devant les conséquences de Tchernobyl ou Fukushima en nous appuyant sur la certitude que rien de ceci ne serait possible chez nous. Nous savons bien qu’il existe un lien fort, démontré,  entre les allergies, les affectations respiratoires, les cancers qui affectent les populations urbaines et les rejets atmosphériques de la combustion imparfaite des carburants fossiles.

Mais entre les peurs, la lucidité et le déclenchement de l’action pour changer, il y a un pas immense. Aujourd’hui, à quelques mois de la grande conférence sur le climat de décembre 2015, on peut reconnaître sans peine qu’il n’y a pas de consensus pour changer notre manière de vivre, ni encore moins pour y accéder pour les pays qui s’en sentent exclus, en remettant profondément en question notre relation ambigüe avec l’utilisation à bon marché des sources d’énergie. Cet arbitrage inconscient se déchire parfois  lors des drames et des crises pour bien vite revenir à la situation antérieure. Jusqu’à la prochaine crise.

Or si nous avons besoin d’énergie pour bien vivre, on peut aussi imaginer utiliser les possibilités de la science et de la technique pour vivre tout aussi bien, et certainement de façon moins angoissée, en repensant notre relation à l’énergie. L’équation est simple : consommer moins, tout produire différemment, dont l’énergie.

La lecture du rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie est un exercice de salubrité intellectuelle auquel devraient rituellement sacrifier dirigeants, hommes politiques et journalistes. Il n’y a rien de plus excitant que de comprendre les données collectées par des centaines d’experts. Tous nous disent sans ambigüité que d’ici 2040 l’approvisionnement énergétique de la planète sera composé en parts égales de pétrole, de charbon, de gaz et de sources à bas carbone incluant le nucléaire et les énergies renouvelables. Tous disent que d’ici 2040 nous n’avons aucune chance d’atteindre les objectifs d’émission nous permettant d’éviter une augmentation de la température de la planète supérieure au 2° C communément admis pour éviter des conséquences dramatiques non contrôlables

.Tesla home battery, which is currently produced for SolarCity's home energy storage system (House Photo: Shutterstock)

 

Si l’énergie est le vecteur principal de notre bien-être et de notre style de vie et de consommation, il est difficile d’extraire la composante énergétique de ce que nous produisons et consommons pour en faire un objet spécifique d’attention et donc d’action… Chaque produit, chaque service a en effet une composante énergétique importante. Quand on jette des produits alimentaires, on gaspille aussi l’énergie qui a été nécessaire pour les produire, les transporter, les distribuer, les stocker. Consommer moins d’énergie de façon consciente suppose en effet que l’énergie soit isolée et identifiée pour devenir un facteur spécifique de décision. Or il n’y a rien de plus complexe même si des efforts d’information sont faits, à l’achat de certains produits, grâce notamment aux étiquettes énergétiques. Néanmoins, il est difficile de pouvoir prendre des décisions rationnelles sur la consommation d’énergie car on ignore les conséquences de nos actes aussi bien sur le volume que sur le coût.

Si adopter un comportement vertueux dans la consommation est difficile, il est encore plus complexe de modéliser l’impact d’une décision d’investissement sur le moyen terme compte tenu des évolutions de la technologie, du prix et de la fiscalité. Les acheteurs de véhicules diesel  ou de véhicules GPL, les investisseurs en panneaux photovoltaïques, peuvent être déçus de leurs prévisions. Les industriels ont eu meilleure capacité que les consommateurs mais ne sont pas non plus à l’abri des variations des cours et de la fiscalité.

Que ce soit pour l’habitat ou pour l’automobile, les innovations énergétiques suscitent beaucoup d’interrogations et de scepticisme auprès des acheteurs, qui sont rarement guidés dans leur choix par un avis impartial et documenté des vendeurs eux-mêmes.

Nous sommes donc confrontés à des choix cruels. La prise de conscience de la nécessité d’une économie moins gourmande en énergie se heurte à la difficulté des consommateurs à comprendre cette composante énergétique et à prendre des décisions pertinentes.

Les Etats disposent de moyens puissants pour faire évoluer les comportements par la réglementation et la fiscalité, tant pour encourager les comportements réputés vertueux que pour sanctionner les choix critiquables peur leurs effets nocifs. Mais leur action n’est pas exempte de biais. Le manque d’études scientifiques  justifiant des positions tranchées, l’influence des lobbies, les choix idéologiques viennent nourrir des décisions nécessairement partiales. Si le subventionnement public peut créer l’incitation nécessaire pour convaincre les clients à opter pour une technique nouvelle, ce n’est pas toujours sans risque d’erreur ni d’effet secondaire non maitrisé. Par ailleurs cet usage des fonds publics pose le problème de l’utilité marginale des fonds limités ainsi affectés.

Les gouvernements, partout dans le monde, tendent à influencer les automobilistes dans leur choix de motorisation. Ils subventionnent largement les véhicules électriques ou hybrides pour faire naître un marché de masse, sensibiliser le public et baisser les coûts industriels. La réglementation vient encadrer cette politique pour forcer les constructeurs à réorienter leur offre. C’est une logique que l’on retrouve partout avec une sévérité diverse entre les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Europe.

Mais in fine c’est le consommateur lui-même qui doit être en mesure d’opérer des choix les plus rationnels et c’est donc, par rapport à la valeur perçue,  le signal prix et le coût total de possession qui orientent réellement les choix.

La révolution numérique donne à la politique de l’énergie une autre voie d’action. Par l’information contextuelle captée par multiples objets de l’internet des objets, par les aides à la décision apportées aux utilisateurs d’énergie pour prendre à tout moment la décision la plus efficiente, par la multiplication des actionneurs automatiques, nous allons disposer d’un puissant  arsenal d’outils. Le but reste le même : prendre des décisions informées pour économiser la ressource rare. Mais là où les informations étaient incomplètes et diffuses, l’internet des objets et le traitement des données massives (« big data ») apportent les éléments qui faisaient défaut pour créer un réseau interopérable et efficient.

La révolution scientifique sur l’ensemble des moyens de production et sur les produits eux-mêmes va offrir des potentiels nouveaux pour consommer moins de ressource et gérer en temps réel de façon efficiente l’énergie.

Mais comme le souligne l’Agence internationale de l’énergie, ces changements nécessiteront des investissements considérables, consommateurs de capitaux, et prendront du temps.

L’énergie est au cœur de la civilisation. Nous n’avons pas toujours conscience des implications considérables d’une raréfaction de l’énergie à bon marché. Aussi l’action n’est pas seulement du ressort des entreprises et des Etats mais relève aussi de la prise de conscience collective. Le fait énergétique doit devenir un objet public, connu, compris et documenté aussi bien dans le débat public que dans la vie quotidienne.

 

http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-Agence-internationale-de-l,41647.html

http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-Agence-internationale-de-l,43313.html


La Suisse, si proche et si méconnue !

Les Français persistent à entretenir une image floue et caricaturale de la Suisse, si proche et pourtant  si lointaine. Nicolas Sarkozy, invité à y donner une conférence, a profondément choqué les Suisses par ses propos critiques sur le système politique suisse. Régulièrement les politiciens français s'illustrent par leur volonté de donner des leçons à la Suisse. Cette façon cavalière de juger un pays ami est généralement plus  jugée caricaturale qu'arrogante.  Si les Suisses francophones n’ignorent rien de la vie politique française, de ses éclats et petits assassinats entre amis, que connait-on de la Suisse en dehors des persistantes images d’Epinal, coucous -suisses-, banques, montres et chocolat ? Les poncifs abondant dès qu’on parle de la Suisse en France. La visite d’Etat du président Hollande en avril 2015 était une première depuis 1998. Elle a été très positivement accueillie par l'opinion suisse. Et pourtant derrière cette indifférence souvent condescendante, les relations avec la Suisse sont intenses, les Français manifestant un intérêt particulier pour travailler  durablement dans ce pays.

En 2014, le nombre de frontaliers en constante croissance a augmenté de 3,8% pour atteindre 287.500 personnes à la fin décembre. Plus de la moitié de ces frontaliers (52,4%) habitent en France, 23,7% en Italie et 20,5% en Allemagne. 160 000 résidents permanents français apprécient les conditions de travail et de rémunération de ce pays où officiellement la durée du travail est de 42  heures, les congés quatre semaines, et qui a refusé par référendum les six semaines de congés annuels comme la hausse du salaire minimum,  et l’âge de la retraite 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes.

Le chômage des jeunes est quasi-inexistant ; il s’élève en 2013 à 7% de la population contre 23 % en moyenne dans les 28 pays de l’Union européenne.  Un système d’apprentissage efficace favorise cette intégration précoce dans les entreprises, dès l’âge de 12 ans. La moitié des membres du gouvernement est passée par l’apprentissage et ne peut pas en avoir une vue méprisante. Le chômage en Suisse est d’ailleurs inexistant avec un taux de 3%.

D’après une enquête menée par les Nations Unies avec le concours de l’Université de Columbia, la Suisse serait le pays de la planète où l’on vit le plus heureux. Dans ce classement, la France n’est que 29e. L’enquête repose sur six critères : l’espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, le soutien social, la confiance, la perception de liberté dans ses choix de vie et la générosité. La Suisse truste généralement, avec les pays nordiques, les palmarès internationaux pour la qualité de vie.

Cartoon2011-10-01-fm-05

Comme l’avait déclaré Nicolas Sarkozy, à la grande indignation des Suisses, lors d’une conférence en juin 2014, comment pourrait-on être heureux dans un pays dont personne ne connait le nom du président ? En plus, il change chaque année car il est choisi parmi les membres du Conseil fédéral pour une durée d’une seule année. Le  gouvernement se limite à un conseil fédéral de sept membres, élus à la proportionnelle par l’Assemblée fédérale, système aimablement qualifié de « désuet et inefficace »?  Or la Suisse a façonné un système politique qui donne au citoyen un rôle clef. L’humilité de la classe politique est une condition essentielle au bon fonctionnement collectif. Les élus ne sont que les syndics de copropriété d’un pays qui appartient à son peuple. Le peuple dispose d’un pouvoir de codécisison qui s’exprime par plusieurs techniques : le dépôt d’une initiative populaire (destinée à proposer une modification de la loi et nécessitant 100 000 signatures), la demande de référendum facultatif ou le lancement d’une pétition. Ceci n’empêche pas le pays de disposer d’un grand nombre de partis politiques et d’une vie politique intense à tous les niveaux.

Les votations sont organisées au niveau fédéral à l’initiative de qui souhaite contester une loi ou un acte législatif adopté par le Parlement dès lors qu’il peut recueillir 50000 signatures en cent jours.  Et ce système fonctionne : entre 1981 et 2015, sur 176 référendums d’initiative populaire facultatifs, 59 ont été approuvés et 26 rejetés. Le doit d’initiative existe aussi au niveau cantonal et communal sur des sujets les plus larges. Pour faciliter l’expression du vote populaire, un système de vote électronique est graduellement mis en place à travers des pilotes dans toute la Suisse.

Contrairement aux légendes qui expliquent que le système des votations est peu suivi, le taux de participation est significatif, autour de 50%.

C’est probablement dans le système politique suisse qu’il faut chercher les sources de cette sérénité. La Suisse est une vieille démocratie, la plus ancienne, qui a su en 800 ans construire patiemment un système consensuel, fédéral, multiculturel, multilingue, dans un pays  de 41285 km2 c’est à dire moins que la région Rhône-Alpes (43 698 km2).

Solar-Impulse-

C’est surtout une économie prospère et compétitive qui attire les frontaliers dans de nombreux emplois de services mais aussi des emplois techniques fournis par son industrie qui représente  26  % du PIB, contre 19% en France. La Suisse est régulièrement leader mondial de l’innovation selon le classement du World Economic Forum. L’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL) et celle de Zurich attirent les talents du monde entier et sont au cœur d’une pépinière de start-up. 15000 étudiants et enseignants de 120 pays fréquentent le campus de Lausanne de l’EPFL dont la capacité d’innovation, symbolisée par le programme de l’avion solaire Solar Impulse, se situe au tout premier rang mondial.  Le salaire  médian est en Suisse de plus de 5000 € contre 1730 € en France. Le PIB par tête est de 55000 $, 8e de la planète et l’IDH de 0,917, 3e au monde. Le système de transport suisse est reconnu comme un des plus performants au monde. Il englobe dans une tarification unique et des horaires coordonnés tous les systèmes publics et privés, ferroviaires et routiers par bus. 400000 Suisses sont titulaires de  l’abonnement général, qui donne accès à tous les  transports publics, et 2,5 millions ont un abonnement demi-tarif. Les Suisses sont les Européens qui voyagent le plus souvent en train : 47 voyages par an et par habitant, d'une longueur moyenne de 42 km, contre 15 voyages par an en France. 

Pour un petit pays montagneux, ces résultats sont plus qu’honorables et méritent le plus grand respect.  

Il est évident que la Suisse, pas plus qu’aucun autre, n’est un pays parfait. Toute médaille a son revers. Si les salaires sont élevés, la vie est chère notamment le logement et l’alimentation.  Pays neutre et accueillant, l’image du pays a été entachée par sa complaisance fiscale envers les plus puissants. Ses banques ont traversé une grave crise de crédibilité, mais n’ont pas été les seules La Suisse fait l’effort de retrouver une place dans la communauté internationale. Elle a su résoudre son problème fiscal en se rangeant à la discipline de la transparence. Le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales, qui dépend de l’OCDE, a salué en avril 2015 les progrès de la Suisse pour améliorer son cadre juridique et réglementaire.

Comme partout dans la vieille Europe, la place des étrangers fait débat. Ils représentant le quart de la population, mais ce sont les cantons ruraux qui y sont le plus hostiles, alors que Genève, Zurich et Bâle, comme les milieux d’affaires, comprennent parfaitement l’apport de cette population dans le bien-être national.  Un parti populiste, l’UDC, exploite les réactions nationalistes contre « l’invasion étrangère » et a été à l’origine d’un référendum contre l’immigration de masse approuvé en février 2014 par 50,3% des voix.

Comme partout, il existe aussi en Suisse des exclus, des travailleurs précaires, qui souffrent particulièrement du coût de la vie. Le miracle suisse n’existe pas pour tout le monde.

Si les Français considèrent hâtivement que les Suisses manquent d’ambition, ce jugement arrogant et parisiano-centrique fait beaucoup sourire outre Jura quand on compare les performances sociales et économiques des deux pays. En effet par ses performances économiques et scientifiques, par la robustesse de son système politique, par l’esprit démocratique qui y règne depuis si longtemps, la Suisse mérite qu’on s’y intéresse activement. Elle ne prétend pas, elle, être un modèle, mais peut inspirer ses voisins en panne d’idées et surtout de démocratie.