Un blog de neuf ans d'âge !
29 septembre 2014
Vivre avec son blog
17 décembre 2006
Lorsque j'ai commencé cet exercice solitaire , bien peu de mes amis DSI s'étaient engagés dans cet exercice. Deux fidèles, Louis Naugés et Yves Caseau, avaient également commencé à écrire sur ce support, et d'ailleurs tous les trois nous continuons activement. Neuf ans plus tard, 254 notes ont été écrites, 182 558 pages ont été lues. Ceci représente plusieurs livres. Un d'ailleurs a été tiré de ce blog à l'initiative du regretté Nicolas Manson, et publié en 2008 chez Hermès Lavoisier, "La société numérique". Ce qui est la force du web, c'est la mémoire. Ce blog constitue ainsi une archive vivante d'un regard sur le monde des technologies de l'information qui est le mien depuis 25 ans. Travail continu, forcément inégal, mais qui livre un regard continu sur l'évolution du monde... Commencé avant l'iPhone, il a célébré les innovations techniques mais surtout les transformations sociales, trop lentes dans notre société française frileuse encore empêtrée dans son" paradoxe" : usage actif des tcehnologies de l'information par les particuliers, atermoiements et inquiétudes chez les entreprises ! Au fond, en parcourant ces pages, on peut constater que les évolutions sont beaucoup moins rapides que nous n'aurions pu l'imaginer... Il est plus facile de changer la taille d'un écran de smartphone que de changer la société ! L'aventure du blog continue, la révolution numérique va peut être trouver en France, terre révolutionnaire et curieuse, un terreau fertile quand nous aurons dépassé les 2000 milliards de déficits publics.. Il ne sera peut être pas trop tard ?
Rencontré lors de la remise du prix du DSI de l’année, le 14 décembre, mon ami Louis Naugès, qui jette sur le monde des technologies de l’information un regard aussi passionné que féroce, me faisait gentiment remarquer que mon blog ne bougeait pas assez vite, en soulignant qu’un blog lent était un blog mort ! Cette apostrophe m’a fait réagir, et j’ai esquissé ma défense en mettant en avant le manque de temps, le conflit entre priorités, justifiés par ma récente prise de fonction dans un nouveau métier et un nouvel environnement de travail. Bref, beaucoup d’arguments justes, certainement, mais qui sur le fond ne démentaient pas la pertinence de sa remarque.
Après cet échange, piqué au vif, j’ai cherché à rassembler mes idées sur le blog après un peu plus d’une année de pratique de cet exercice. Il est vrai que je ne suis pas tendre non plus envers ceux qui prétextent du manque de temps pour expliquer leurs relations douloureuses avec l’apprentissage et l’utilisation des technologies de l’information. Il paraît tellement évident que nous sommes tous conduits à utiliser de façon permanente ces outils que la technologie nous a fabriqués. Ceux qui restent l’écart de cet irrésistible mouvement paraissent d’obstinés conservateurs, hors du temps, condamnés à rester en marge de la société moderne comme ceux qui n’ont jamais réussi à obtenir leur permis de conduire.
Quand nous voyons les jeunes adultes et encore plus les adolescents jongler entre le chat, Skype, l’iPod, leur téléphone portable , surfer sur internet pour faire du copier/coller dans leur traitement de texte ( Open Office plutôt que Word, trop daté et trop monopolistique), tout en téléchargeant le dernier James Bond en DivX, on est fasciné par leur aptitude à jongler avec ces outils. Cependant on reste dubitatif sur leur capacité à faire un tri un peu organisé entre tous ces media et tous ces messages, et ce doute fugace nous donne un coup de vieux, nous qui avons été en tête de tous les combats pour le numérique !
Rappelons que notre monde est désormais classé en trois tribus, les « analogistes » décidemment irréductibles et qui en sont restés sans aucun doute au transistor et à la première chaîne en 819 lignes, « les immigrants numériques » qui sont les nombreuses générations née avant 1990 ( il fallait au moins avoir cinq ans pour entrer nativement dans l’internet), mais qui ont fait l’effort de comprendre la souris, les menus déroulants et la magie du numérique, et enfin les seigneurs de demain, ces mutants inquiétants que sont les « numériques natifs » qui ne peuvent communiquer à deux mètres sans s’envoyer un SMS pour se demander « t ou » avant de se ruer sur le premier micro ouvert pour chater.
Alors, ne pas mettre à jour mon blog à chaque nouvelle impulsion de l’actualité me conduirait à quitter le statut précaire d’immigrant numérique pour rejoindre en fait une nouvelle sous-couche, les « innovateurs numériques prématurément lassés », les INPL, presque taxé de néo- analogiste !
Je reprends mes classiques en rappelant que communiquer est un verbe transitif. On communique quelque chose à quelqu’un ! Un blog, comme un site web, mais en plus facile, est un moyen pour communiquer à un interlocuteur un message, qui peut-être informatif, pratique, culturel, affectif, académique, ou simplement exhibitionniste. Il faut avoir envie de faire partager à ces anonymes qui vous épient sans l’obscurité du web un message qui vous paraît important car il peut les intéresser, les aider à comprendre, leur donner une information utile. C’est un moyen d’influencer l’opinion du petit cercle de vos lecteurs, accessible facilement et de façon peu coûteuse, en cassant ainsi le monopole de ces grands supports d’influence que sont la télévision, la presse écrite et la radio. Autour de vos convictions, vous pouvez séduire, rassembler, et faire naître un courant d’intérêt, un dialogue qui rebondit et permet d’affiner la pensée, d’échanger et de créer un peu plus de sens. Cela peut être aussi tout simplement une moderne bouteille à la mer, moyen sans danger de partager ses sentiments et ses passions de façon d’autant plus impudique que les blogs anonymes permettent de nouer des relations entre anonymes. Ces assidus du blog sont nombreux puisque selon des sources diverses, et contradictoires, il y aurait en France entre 3 et 5 millions de blogueurs, un tiers des blogueurs européens.
Dans tous les cas, quelque soit la motivation initiale, un blog est un travail, il représente un effort d’écriture, de collecte d’informations, de mise en forme rapidement chronophage. Entretenir un blog même si le contenu peut paraître futile est un exercice régulier de concentration et d’écriture qui d’une manière ou d’une autre expose et rend responsable. Quand on cherche à faire un exercice rigoureux sur des sujets de fond, engageant dans le temps – la mémoire du blog est terrible ! – on est obligé de mettre beaucoup de soin dans la cohérence de la pensée et la qualité des informations.
Pour moi, le blog, c’est à la fois un article, un livre, une dissertation, une conversation. Aussi la vitalité d’un blog ne s’exprime pas seulement par le flux de nouveauté, mais également par la robustesse et la pérennité de son propos. Il ne s’agit pas de réagir à l’événement comme le font les agences relayées par les multiples support de presse. Il faut laisser justement le champ de l’instant à la presse. Le blog peut s’autoriser une prise de distance par rapport à l’événement, et donc avancer plus lentement pour faire émerger des réflexions plus matures.
L’immense mérite de cette technique par rapport à celles qui l’ont précédé – notamment la correspondance littéraire destinée à être publiée – est la rapidité et le champ potentiellement infini de diffusion au sein du milliard d’internautes. Mais le support ne doit pas céder le pas au contenu au risque de lasser et de générer ses propres toxines. Ce qui est superbe, au fond, c’est que chacun peut faire comme il le souhaite. Et cette nouvelle liberté est le principal cadeau que nous fait la technologie !
Bon anniversaire donc !
Et merci de partager vos réflexions actuelles, mais également leur cheminement dans le décryptage de l'évolution de l'économie vers l' "iconomie".
Comme "chacun peut faire comme il le souhaite", permettez-moi de proposer à vos lecteurs le blog "Quantum of thoughts matinaux", un journal de commentaires d'articles tiers.
Rédigé par : Tru Dô-Khac | 27 novembre 2014 à 10:52