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Salon de Genève : entre raison et déraison, la recherche de l'équilibre

Dans un marché automobile européen convalescent, Genève est plus que jamais un salon passionnant car il se positionne au carrefour de toutes les tendances qui façonnent l'offre automobile. D'un seul regard, il offre en effet la possibilité d'appréhender ce qui marque ce marché qui émerge de six années troublées depuis cette année 2008 qui allait connaitre à la fois au printemps  le paroxysme d'une crise pétrolière rampante et une crise financière  sans précédent à l'automne. En 2014, même si l'industrie ne peut se guérir de sa tendance à feindre de négliger les problèmes de la société en continuant à concevoir des véhicules extravagants,  il y a incontestablement une évolution vers des véhicules moins lourds, moins encombrants et moins gourmands. Cette vers cette approche raisonnable de l'automobile et des défis que son usage doit affronter que l'industrie doit faire converger ses talents et sa recherche. Genève 2014, 84e salon, en apporte de témoignages encourageants.

 2014 apporte une note d'optimisme pour les constructeurs qui non seulement se réjouissent de la performance des marchés américains et chinois mais aussi misent sur le lent réveil du marché européen. Mais dans ses nouveaux modèles, l'industrie démontre également son réalisme. La population mondiale sera urbaine, la place et l'énergie manquent, l'attractivité de l'automobile est contestée et subit la concurrence de multiples autres formes de dépenses de plaisir. Il faut s'adapter ! 

 Genève permet d'observer l'évolution des quatre vecteurs du marché :

- l'ultra luxe extravagant

- le haut de gamme statutaire

- le moyen de gamme raisonnable

- les citadines modernes.

Évacuons rapidement la démonstration de puissance du secteur de l'ultra luxe qui est un marché de très petits volumes mais dont l'image attire encore de nombreux commentaires et visiteurs. Ces voitures hors du commun, gouffres à énergie, vertiges techniques, ne servent à rien d'autre qu'à offrir à leur propriétaire le miroir de leur richesse. Elles sont en effet quasi-inutilisables sur route et totalement inappropriées à la ville. Micro-marché mais vecteur d'image, l'ultra-luxe et les super-cars sont toujours bien représentées au Mondial de Genève pour attirer une clientèle mondiale. On retrouve les constructeurs d'exception, comme  Koenigsegg, Bugatti, Maclaren les préparateurs comme Brabus ou Carlsson, et enfin les marques établies comme Ferrari, Bugatti, Maserati, Bentley et Rolls Royce dans la surenchère du luxe, des chevaux et des accélérations. Brabus présente ainsi un véhicule 6x6, le Brabus 700, pour la modique somme de 852 000 CHF !

Le haut de gamme statutaire est dominé comme à l'accoutumée par Mercedes, qui montre son coupe Classe  S au sommet de sa gamme avec une pléthore d'équipements électroniques. BMW et Audi sont également présents dans la compétition mondiale pour le haut de gamme et les puissants moteurs. NISSAN essaye d'y figurer avec son concept  Infiniti Q50 Eau rouge et plus de 500 ch. Les trois marques cherchent à offrir une alternative raisonnable aux modèles phares de leurs gammes avec des véhicules plus modestes qui ont un double mérite : faire baisser la moyenne de consommation de la gamme pour se rapprocher des exigences européennes de 2020, et d'autre part attirer des conducteurs plus jeunes et des familles vers leur offre. Ainsi BMW présente une traction avant familiale de 4,34 m, la Série 2 équipée d'un trois cylindres 1,5 l turbo. Porsche  mise sur un "petit" Cayenne, Macan de 4,68m,de long  mais très puissant et affichant les bien inutiles vitesses de pointe supérieures à 250 km/h. Le réveil de Maserati, à qui Fiat prête de grandes ambitions, se traduit par la nouvelle Quatrocento et par la plus compacte et  très réussie  berline Ghibli.

Le sgement B et C des berlines moyennes a beaucoup souffert de la concurrence des SUV, puis des cross-over. La créativité dans ces segments essntiels pour les constructeurs y est très intense comme le montre la concurrence franco-française entre Renault Captur et Peugeot 2008.

Les citadines sont très nombreuses à Genève. On assiste à un vrai réveil de ce marché avec de très nombreux nouveaux modèles attractifs. La nouvelle Renault Twingo marque le retour à la créativité du constructeur sans ce créneau qui lui est associé depuis des décennies et dont il revendique l'héritage dans une exposition dans son stand. Voiture urbaine futée, maniable, accessible, elle adopte une motorisation essence novatrice de 900 cm3 de cylindrée avec un niveau d'émission très faible.

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PSA et Toyota renouvellent  également leurs petites d'entrée de gamme, 108, C1 et Aygo. Moins récentes, mais  imaginatives, les Opel Adam, Volkswagen Up  et la déjà classique Fiat 500 offrent un panel de solutions séduisantes  aux citadins en quête de couleurs et d'originalité. Mais la palme de la créativité revient à Citroën, qui sur un stand très réussi mettent en scène l'artisanat de qualité à la française comme la technologie, présente un véhicule véritablement novateur. il s'agit de la C4 Cactus. Véhicule très habitable mais léger, il demontre un savoir faire en métiers de conception de véhicules à la fois simples et agréables à utiliser. 

IMG_5645 Daimler a soigné la présentation de son stand Smart en présentant son véhicule comme la solution à la mobilité urbaine et en offrant au visiteur un très épais "guide de la mobilité urbaine" qui détaille les mérites de la Smart thermique ou électrique et des applications mobiles qui lui sont associées. 

Genève a toujours attiré les constructeurs marginaux qui cherchent à tester ce marché européen très concurrentiel. Du côté des constructeurs chinois, Genève ne montre plus leur envie farouche d'en découdre sur le marché européen avec leurs concurrents. Bien isolé, Qoros s'y essaye toutefois avec une berline sans éclat au goût européen mais qui met en avant ses performances 5 étoiles aux tests de sécurité Euro cap, une finition de qualité et une électronique au meilleur niveau. Est-ce suffisamment convaincant ? Geely et BYD ont disparu mais Volvo est bien là. 


Quelle place offerte aux motorisations alternatives ?  Il se confirme que tous les constructeurs ont engagé un vaste programme tant de downsizing des moteurs thermiques, les trois cylindres turbocompressés sont partout, que de diversification de leur offre vers l'hybride et l'électrique !  L'hybride est présent partout plus souvent pour accroitre les performances que pour réduire la consommation. Les voitures électriques ne sont plus une curiosité, elles ont dans la rue  avec  notamment Renault Zoé, Smart et BMW i3 mais leur place dans les ventes reste très marginale, la crainte d'une autonomie insuffisante pénalisant les ventes aux particuliers. Le prolongateur d'autonomie vanté  par BMW peut dissiper cette inquiétude. Le nouvel utilitaire de NISSAN vient rejoindre au sein de l'Alliance l'offre du Kangoo. Seul Tesla intrigue encore avec sa berline S et son réseau qui étend à l'Europe son programme d'autoroutes électriques permettant de recharger 50% de la capacité des batteries en 20 mn. Kia propose pour la première fois une version électrique de son petit cross-over  Soul. L'hydrogène est également présent, comme d'habitude chez Toyota et Honda, avec deux concept cars aux lignes tendues et futuristes, la FCV et mais aussi chez Hyundai.

 

Soulignons, au gré des stands, quelques découvertes qui mettent en valeur l'innovation pure, ces audaces étant rares chez les constructeurs soucieux d’industrialisation rapide. Harman, l’équipementier audio et « infotainement » propose une plate-forme Linux et HTML5 pour équiper les systèmes  électroniques  de bord encore massivement propriétaires et coûteux en développement. Cette standardisation offre de nombreux avantages, permet une adaptation aux marques sans coûts élevés et offre le meilleur de la technologie avec une intégration facile et protégée contre les risques d’effraction.  Cette logique permet de prévoir rapidement une diffusion de tous les avantages de systèmes évolues  de distraction à bord comme de fonctions avancées de sécurité sur les modèles d'entrée de gamme.

En matière de recherches sur l’énergie, la firme suisse QUANT présente une étude, la QUANT e-Sportlimousine, impressionnant  véhicule à quatre roues motrices, chaque roue ayant son propre moteur électrique. La révolution provient de l’utilisation pour le  stockage de l’électricité de batteries à électrolytes liquides (« nano flow cell ») qui autoriseraient une autonomie de 600 km et une recharge rapide par simple changement de l’électrolyte. L’Université d’Helsinki présente un prototype de véhicules construits avec des matériaux biodégradables, la Biofore Concept Car.

Chez les équipementiers, Magna propose une plateforme de véhicule allégée de 670 kg, 300 kg de moins qu’un véhicule de segment A comparable, la MILA Blue. Cette réflexion, qui remet à plat tous les éléments du véhicule - la conception, les matériaux, la réduction de taille de chaque composant- est d'intérêt majeur pour l'industrie car le poids conditionne la consommation et donc les émissions. Une voiture légère consomme moins de matières premières et produit moins d'émissions. C'est bien le sujet fondamental du XXIe siècle.

 

La voiture à conduite autonome est probablement le buzz le mieux orchestré de l’année 2013. Tous les constructeurs ont adopté des positions enthousiastes sur ce thème nouveau pour ne pas laisser Google occuper ce terrain. On en trouve quelques échos sur le salon, notamment chez NISSAN. Sur le fond, cette technique coûteuse, complexe et posant de sérieux problèmes de responsabilité n'aura dans la prochaine décennie que des usages limités, valet de parking ou conduite en situation d'embouteillage.