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Mondial 2012 : quelle crise ?

Crise de l’automobile ? Quelle crise ? A en croire la presse unanime, les salons s’enchainent depuis 2008 dans un contexte de crise sévère du marché. Les dirigeants des constructeurs française tempêtent, menacent d'auto-disparaître " sous leur forme actuelle" si on ne baisse pas le coût du travail. Les salariés se battent pour conserver leur emploi et un gouvernement impuissant, mais vindicatif contre "les constructeurs étrangers", air connu, leur promet de faire quelque chose... C'est donc un Mondial curieux qui ne donne pas envie d'acheter des voitures car tout le monde parle d'autre chose que du produit lui-même. Pourtant il y a dans ce Mondial de vraies innovations, la voiture électrique connectée devient enfin une réalité, l'hybride est omniprésent, et abordable, les moteurs thermiques sont de plus en plus petits et consomment moins, et les supercars dans leur niche dorée continuent à faire rêver. Business as usual pourrait-on dire.

Mais ce mot cinglant, crise, ne résume ni n’explique ce que l’industrie automobile vit actuellement. Faute de diagnostic robuste, la thérapie ne peut qu’échouer. Car l'industrie automobile ne  fait que vivre ce que vivent toutes les activités en ce début du XXIe siècle, une mutation plus ou moins violente qui marque la fin d'une époque et le début d'une autre...

Chaine-automobile-chez-PSA

Chute des volumes

En premier lieu, la crise au sens quantitatif de la baisse des ventes, ne sévit en 2012 vraiment qu’en Europe. Mais la chute est sévère. Il se vend en 2012, au vu des données des huit premiers mois, 7,1 % de véhicules en moins par rapport à 2011. Mais c’est 18% de moins qu’en 2007, soit près de 2 millions de voitures disparues. La Grèce et le Portugal plongent de plus de 40% et même l’Allemagne est en rouge. La Chine, avec + 4%, la Russie, le Brésil ont vu leurs ventes continuer à augmenter même si le rythme se ralentit, et la production mondiale devrait croitre de 3% en 2012 comme en 2013.

Crise du désir d'automobile

La crise de l’automobile est en fait un phénomène plus large et plus ancien. C’est la crise du désir d’automobile. Automobile plaisir ou automobile pratique, depuis quinze ans, la voiture est passée subrepticement du statut de plaisir digne de tous les sacrifices financiers à celui d’objet à l’utilité froidement mesurée en termes de rapport coût/valeur. Ce phénomène s’étend dans tous les pays matures, y compris au cœur même de la civilisation automobile, les Etats-Unis. Une étude montre que partout l’attrait de l’automobile individuelle diminue. Ceci se traduit par de multiples symptômes convergents sur lesquels les constructeurs automobiles sont restés étonnement aveugles. En premier lieu le kilométrage annuel parcouru diminue régulièrement. En France il a baissé entre 1980 et 2010 de 3500 km par an, et ne cesse de baisser chaque année. Ensuite le taux de renouvellement des véhicules se ralentit. Le consommateur garde plus longtemps sa voiture (8 ans contre 5,5 dans les années 80) car elles ont gagné en fiabilité et en confort, et aucune innovation spectaculaire ne les conduit à anticiper un renouvellement. Les modèles les plus récents n’ont rien de véritablement révolutionnaire et l’hyper-segmentation des gammes jette un sérieux doute sur la valeur de revente. Les cas d’échecs des nouveaux modèles se multiplient.

Même les réels progrès de consommation ne suffisent pas à déclencher l’achat car un simple calcul permet de montrer qu’un gain de consommation de 4 litres pour 100 km de, ce qui est un cas extrême, ne génère qu’un gain annuel de 540 € pour 9000 km parcourus. Le retour d’investissement justifie difficilement un nouvel achat, ce qui d’ailleurs pénalise même le véhicule électrique. Seules les mesures gouvernementales prises en 2009-2010 ont artificiellement gonflé le marché, aux frais des contribuables, poussant les automobilistes à renouveler plus vite leur voiture pour bénéficier d’un effet d’aubaine. Mais on a ainsi fabriqué une bosse de surconsommation de l’ordre de 500000 véhicules pour la France que le marché va mettre dix ans à résorber.

Crise de l'usage

Les mauvaises nouvelles pleuvent sur l’automobiliste depuis des années. Le centre des villes leur est, sinon interdit ou payant, a minima déconseillé avec de multiples mesures dissuasives : plans de circulation restrictifs, stationnement au coût prohibitif, amendes. La circulation sur route subit également de multiples contraintes, et l’application désormais stricte des limitations de vitesse, qui donne d’excellents résultats en matière de sécurité routière, retire un argument majeur aux constructeurs promoteurs du « plaisir de conduire ». Le prix du carburant, le coût du malus écologique, le prix des assurances comme des pièces détachées occupent régulièrement la scène médiatique pour démontrer que ces coûts induits ne font que progresser plus vite que le pouvoir d’achat. Plus encore, les doutes sur l’innocuité sur l’environnement et la santé des rejets -particules du diesel, CO2, NOx- sont scientifiquement dissipés. Chère, la voiture est de moins en moins indispensable pour une fraction croissante de la population. Celle des villes dispose d’une offre de transports publics de plus en plus attractive. Les villes, même moyennes, sont dotées de métros, de tramways et de bus modernisés. Automobile n’est plus synonyme de mobilité pour les jeunes générations qui préfèrent à l’investissement automobile l’usage pertinent de toutes les formules qui leur sont proposées, dont le covoiturage qui grâce au web connait un succès retentissant. L’autopartage se développe partout avec des enseignes comme ZipCar, Autolib’, Mobility. Et les voyages plus lointains sont le domaine de prédilection de iTGV ou de EasyJet. Car le vrai concurrent de l’automobile est bien le web. La mobilité d’aujourd’hui se joue des distances et des embouteillages pour emprunter, selon l’expression d’Al Gore, les « autoroutes de l’information », devenues « réseaux sociaux ». Le web rapproche, permet de gérer aussi bien les affaires que les activités ludiques et les relations inter-personnelles. On ne se déplace plus qu’à bon escient et de façon rationalisée en exploitant grâce aux données partagées le canal le mieux adapté et le moins cher.

Vers un système de mobilité intelligente

Ce n’est donc pas une crise de l’automobile, mais une mutation profonde qui attaque d’abord son cœur historique, Europe, Etats-Unis, Japon, mais ne laissera pas à l’écart des pays comme la Chine, soucieuse de la maitrise de son développement urbain et du développement de sa propre industrie automobile. Il faut donc repenser le modèle et imaginer l’automobile comme une composante d’un service de mobilité en réseau. Il est temps que Renault et PSA se rapprochent, par exemple, d’Alstom, de la RATP, de Veolia, mais aussi de Bolloré et d’Orange pour inventer ce nouveau modèle de mobilité intelligente.

Hélas, ceci ne règle certainement pas les problèmes d’emploi à court terme en Europe. La mutation ne fait que commencer.


L'iconomie, un nouveau modèle d'analyse de la société

 

Vers une nouvelle organisation productive

Les interventions de la première conférence de l'Institut Xerfi en vidéo sur Xerfi Canal.

Jean-Pierre Corniou, DGA de Sia Conseil, ancien DSI de Renault, ancien président du CIGREF

 

En ce début de XXIe siècle, notre conception du travail n’a pas encore fondamentalement changé. Nous sommes marqués par une vision traditionnelle, celle des manufactures, où on rassemble à heures fixes des gens, sous le même statut, pour effectuer de façon répétitive des tâches pré-définies. Depuis cinquante ans, nous avons pourtant inventé des outils surpuissants pour nous aider à concevoir, produire, distribuer, analyser, mesurer. Avec l’informatique et la robotisation, nous avons commencé à apprendre à faire plus, mieux, plus rapidement tout en minimisant la pénibilité du travail et l’impact environnemental. Mais le système hiérarchique et pyramidal régit encore notre modèle d’organisation du travail.

Passer de la main d’œuvre au cerveau d’oeuvre

Désormais, nous devons dépasser ces performances associées à des outils et à des organisations déjà anciennes. Le PC existe depuis 1981 ! Nous avons appris en 250 ans à décupler l’énergie musculaire des hommes en les dotant de prothèses efficaces, les machines. Nous devons apprendre maintenant à passer de la main-d’œuvre au cerveau d’œuvre pour faire jaillir de la complémentarité entre l’esprit humain et ces prothèses intellectuelles que sont les processeurs et les programmes  des sources nouvelles de créativité.
Imaginer le travail au XXIe siècle, c’est reconnaître et orchestrer cette révolution ! Le travail n’est plus un stock où les nouveaux venus remplacent à l’identique ceux qui partent. C’est un flux constant d’adaptations, de transformations continues, d’innovations mais aussi de remises en cause profondes. Le monde est devenu global, plat, l’information nous connecte en permanence à toutes les idées, tous les produits de la planète. En douze ans, 5,2 milliards de terriens ont accédé au téléphone mobile et 2,2 milliards aux services du web. Nous savons tout et tout de suite, le champ des opportunités individuelles s’élargit, les disciplines scientifiques se décloisonnent et chacun peut désormais accéder en quelques clics à toute la connaissance scientifique et technique.

Une révolution du réseau et de l’intelligence partagée


L’ouverture d’esprit, la flexibilité, la prise d’initiatives, la collaboration spontanée doivent être développées et encouragées.  Ce ne sont plus les mêmes profils de compétence et de comportement qui sont nécessaires. Réinventer les parcours de travail au cours de la vie à l’ère du numérique implique de multiples changements dans les organisations et la culture managériale mais aussi dans l’affirmation de la responsabilité individuelle dans le développement de son parcours professionnel. C'est un double mouvement radical qu'il faut initier : le " lâcher prise" des managers, le "rendre compte" de chacun !
La reconnaissance par les pairs, l’image et le leadership deviennent plus important que le seul travail fourni. Le numérique fabrique et se nourrit de nouvelles logiques d’interaction entre  les acteurs. Au siècle des réseaux et du cerveau d’œuvre, alors que la dématérialisation multiplie à l’infini, idées, sons et images, produire du sens devient aussi important que produire des biens. La production intellectuelle échappe aux contraintes habituelles du travail : le contrat, le lieu, le statut, les horaires et la rémunération. Le web en rendant possible chacune de ces transgressions est un puissant outil de déstructuration des formes anciennes et de réinvention de nouveaux rapports de création.
La société en réseaux s'appuie sur le constat lucide que seul on ne peut rien. Affranchie des contraintes conventionnelles issues de la fragmentation de la société, la mise en synergie des talents peut trouver des réponses radicalement nouvelles aux problèmes de notre société et combler les lacunes des mécanismes classiques. L’entreprise doit donc réinventer des modes de fonctionnement novateurs pour réconcilier performance collective et accomplissement individuel. 

Les 6 axes d’une stratégie vers l’Iconomie

Six axes doivent être explorés de façon simultanée afin de définir le champ d’une stratégie numérique menant à l’iconomie. Ce sont ces six sentiers qu'il faut défricher sans crainte :

- Porter le client comme  l’usager et le citoyen au cœur de nouvelles interactions numériques, en misant sur la capacité d’initiative de ces « experts » utilisateurs et en sollicitant leurs réactions et contributions
- Faire de l’entreprise étendue un écosystème efficient, fondé sur la richesse des interactions entre partenaires et le respect mutuel des talents
- Intégrer la mobilité spatiale et culturelle des collaborateurs comme un vecteur majeur de performances
- Recomposer de façon permanente les combinatoires de compétences au sein du cœur stabilisé de l’organisation, mais aussi du réseau élargi en misant sur la « sagesse des masses »
- Faire émerger les nouvelles valeurs du manager numérique, leader plus que patron, coach plutôt que chef
- S’insérer dans la mondialisation numérique en pratiquant ces nouvelles règles en cercles concentriques à partir du territoire

Le management collaboratif de la connaissance est donc une opportunité majeure. La technologie ne peut être qu’un adjuvant pour replacer le travail dans une dynamique positive. C’est une opportunité de réinvention de la place de l’homme dans l’économie pour inciter les êtres humains à avancer ensemble et résoudre les défis de la planète.

La vidéo : http://www.xerficanal.com/jean-pierre-corniou-vers-une-nouvelle-organisation-productive-525.html?PHPSESSID=e35e07e5b567408a0da615dd35cf51cd

L'avenir de l'automobile : la mobilité intelligente

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L'automobile européenne est en crise, mais l'automobile reste un objet de désir dans le monde. Les projections d'évolution du parc mondiallaissent entrevoir une croissance continue qui va dans les pays émergents poser de multiples problèmes d'encombrement urbain et de nuisances. Dans les pays matures les pouvoirs publics mais aussi les constructeurs sont en train d'imaginer des solutions pour s'affranchir progressivement de la contrainte du pétrole et de rendre la ville à ses habitants. Le développement des formes nouvelles d'autopartage complète le renouveau des transports poublics.

C'est dans ce paysage  contrasté que s'ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l'automobile mondial dont cet ouvrage trace les grandes étapes dès le XIXe siècle, en développant les relations étroites et complexes entre automobile et pétrole. Mais au-delà de l'objet automobile, c'est la mise en place de systèmes de mobilité intelligents, nourris par la puissance des réseaux, qui va retenir l'attention des élus, des industriels et des consommateurs. Ce livre analyse les perspectives d'une cohabitation maîtrisée entre l'automobile individuelle non polluante et des systèmes cohérents de gestion de la mobilité.

 


De l'économie à l'iconomie : une stratégie pour la compétitivité, la croissance, la renaissance de la France

Un groupe d'experts indépendants s'est formé au sein de l'association « Institut Xerfi ». Il s'est donné pour but de stimuler la réflexion stratégique des décideurs des entreprises, des pouvoirs publics et de nos dirigeants politiques sur les enjeux de la révolution de l'iconomie, de proposer des solutions pour nos entreprises, pour retrouver notre compétitivité, construire un nouvel équilibre économique, restaurer enfin la place de la France dans le monde.

Je participe à cette réflexion qui le 19 septembre donnera lieu à un important séminaire... A suivre !

Il faut réinventer le monde, c'est l'affaire de chacun...