La révolution numérique, grande absente de la campagne électorale présidentielle
L'AIE inquiète pour les véhicules électriques

Le soir du 6 mai 2012...

Le 6 mai 2012, à 20h00, un homme (il est peu probable, cette fois, que ce soit une femme) aura une profonde satisfaction, celle de se (re)trouver à la tête d’un des grandes nations de la planète, membre du Conseil de sécurité, détentrice d’une force nucléaire de dissuasion. Il pourra se  pencher sur les sensations de ses prédécesseurs au même instant magique de couronnement d’une carrière politique. Il se souviendra sûrement des images du 10 mai 1981 et de la Place de la Bastille noyée sous l’orage, ou encore de Jacques Chirac, parcourant Paris dans sa Citroën CX, le bras à la portière dans la chaleur du printemps.

 

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Il devra savourer intensément cet instant d’apesanteur, sans négliger de choisir avec soin l’endroit symbolique où il ira partager le champagne de la victoire. Car très vite les ennuis commenceront. Derrière l’instant magique de l’élection, les faits se rappelleront vite à lui…

 

 

Arton487



 

Le temps a pesé sur situation du pays. « Vieux pays perclus d’épreuves », la France ne cesse de se faire peur. Cette fois, les nuages sont bas… mais comme dit le proverbe angais "every cloud has a silver lining".

Le 10 mai 1981, François Mitterrand, après deux tentatives infructueuses, arrivait au pouvoir dans cette situation jubilatoire. Il allait « changer la vie » plein d’ambition pour cette vieille France qu’il avait le sentiment d’arracher à des années de conservatisme pour la propulser dans la modernité.  Si cette référence mitterrandienne est choisie, c’est qu’elle fait l’objet d’un retour en grâce sur le devant de la scène. Il est toutefois peu probable qu’elle évoque quelque chose au moins de quarante ans…

Car peu de choses subsistent aujourd’hui de cette époque. A quoi ressemblait le monde d’alors ?

D’abord il y avait une claire séparation entre deux systèmes politiques dans le monde : l’Ouest, capitaliste et libéral, synonyme de liberté et de prospérité pour le plus grand nombre, l’Est, communiste, égalitaire, totalitaire. Les Jeux Olympiques de Moscou, en 1980, avaient une fois encore démontré la force du bloc de l’Est. On ne mesure pas aujourd’hui quel poids faisait peser sur la vie politique ce clivage. Le modèle alternatif au système occidental séduisait une partie de l’opinion française qui faisait confiance à hauteur de 20 % à un parti se recommandant du modèle communiste, ce qui rendait obligatoire une alliance entre la gauche socialiste et la gauche communiste, infléchissant le discours vers la radicalisation qu’incarnait le programme commun. Certes Georges Marchais ne recueillit que 15,3% des votes au premier tour de la présidentielle.

Par ailleurs la France ne comportait que 53,8 millions d’habitants, contre 65 millions aujourd'hui. Le chômage représentait 1,4 millions de personnes, soit 6,1 % de la population active. Il y avait encore 8% d'agriculteurs dans la population active (contre 3% actuellement) .

La voiture la plus vendue en France était la Renault Cinq qui représentait 16% du marché des voitures neuves. Renault et PSA produisaient 3 ,3 millions d’automobiles dans le monde, dont 2,6 millions en France, contre 6,4 millions en  2011 pour 1,9 millions voitures en  France. 850000 salariés travaillent dans l’automobile, dont 245000 dans le groupe Peugeot et 225000 chez Renault, dont 400000 en France, soit 7% de l’emploi industriel... En 2010, les constructeurs n'emploient plus en France que 161000 personnes. Il n’y avait que trois chaînes, toutes publiques, de télévision après le démantèlement de l’ORTF en 1974. La guerre des radios libres faisait rage, avec une répression sévère des pionniers. La presse écrite était encore le moyen privilégié d’accès à l’information et vivait ses dernières belles années. France-Soir, Le Quotidien de Paris existaient encore…

Le nombre de téléphones mobiles était de... zéro ! Le premier portable analogique, Radiocom 2000, est apparu en 1983, et le Bipop en 1991. La microinformatique n’existait pas dans les entreprises et seuls quelques passionnés commençaient à utiliser des engins artisanaux aux performances anémiques comme le TRS 80.  Rappelons que le PC a été présenté par IBM en 1981…

Les grands noms de l’industrie française étaient la Compagnie Générale d’Electricité, dirigée de main de fer par Ambroise Roux, et dont les filiales étaient Alsthom (sans faute,NDLR) Atlantique et CIT-Alcatel,, Schneider, Pechiney, Usinor, Sacilor, en pleine crise de la sidérurgie, Moulinex, Thomson CSF, Rhône-Poulenc, Elf Aquitaine. Saint Gobain Pont-à-Mousson prenait le contrôle d'Olivetti… Le TGV n’existait pas encore mais allait être mis en service entre Paris et Lyon en 1981. Il n’y avait déjà 5000   kilomètres d’autoroutes en France, contre 11100 en 2012.

La Chine bien lointaine sortait de la mort de Mao, en 1976, et commençait à s’éveiller , mais personne n’en parlait vraiment ! La concurrence venait alors du Japon, ses voitures, ses magnétoscopes…

Le franc était une variable d’ajustement économique et allait être bien malmené dans les premiers mois du septennat.

Tout ceci est bien loin ? Entre trente ans, la France s’est ouverte au monde, même si elle a plutôt tendance à croire que le monde lui en veut. Elle a changé, et si le défaitisme ambiant peint en sombre cette évolution, il faut se garder de ne prendre en compte que les mauvaises nouvelles.

Elle a changé pour le meilleur – sa démographie, la rénovation de ses villes, son réseau ferré à grande vitesse, son industrie aéronautique, son attrait individuel pour des technologies de l’information, son offre de télécomunictaions, une des meilleures du monde, pour qui se souvient du 22 à Asnières, son attractivité dans le luxe, la mode et le tourisme, première destination mondiale, ses entrepreneurs du web, mais aussi ses champions à l'international dans toutes les verticales métier sans oublier son agriculture efficace qui   16% de la superficie agricole de l'Union Européenne au moment où le foncier agricole se fait rare dans le monde -.

Pour le pire les délocalisations industrielles non compensées par la création d’activités neuves, le bégaiement grandiloquent de sa classe politique, qui a vraiment raté la mondialisation, le manque de pédagogie de ses journalistes fascinés par le monde politique, au point parfois d'en devenir courtisans, son parisianisme, son élitisme désuet, sa relation paradoxale à l’argent, son incapacité à aimer l'entrepreneuriat, son arrogance qui agace le monde entier.

Aujourd’hui l’endettement, la crise de l’euro, ont remplacé la faiblesse du franc, mais ne sont plus un phénomène isolé, la vieille Europe toute entière ayant perdu son leadership. La crise de la dette, qui va impliquer une sévère ponction fiscale, ne laisse guère entrevoir de  perspective immédiate d’amélioration des situations individuelles, en particulier d’accès à l’emploi. L’anémie de la croissance ne réjouit même plus les partisans d’une croissance douce, plus ou moins verte, enfermés dans un discours sans vision qui d'ailleurs ne séduit plus.

Où sont les projets de demain ? Le concept même de « réforme » est sérieusement démonétisé et les programmes et promesses ne font guère recette dans l'opinion. Le mode d'abattage des animaux est devenu un sujet de conversation majeur... Quelle est la projection collective dans un futur désirable qui peut aujourd’hui stimuler l’envie individuelle de transformation ?

Et bien, soyons optimistes. pensons l'impossible. Et si les choses n'étaient pas écrites ? Et si le peuple, las du déclinisme de ses élites, de la trahison des clercs, en décidait autrement ? Il est possible - et ce blog contient de nombreuses pistes - de penser l'avenir sans utopisme, mais avec ce volontarisme qui a marqué de grandes étapes dans la progression de la France. Ne pas se résigner, mais construire ensemble avec nos atouts, notre courage, nos compétences. Il vaut mieux être tiré par le futur que poussé par le passé !

Car pour les élections de 2032 le monde aura encore considérablement changé, beaucoup plus encore que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui. Autant s'y habituer et y travailler à chaque instant, sans croire aux miracles ni s'enfermer dans le désespoir.

 

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