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Technologie et santé

 

Un des problèmes les plus complexes posés aux pouvoirs publics de tous les pays de la planète est le financement des dépenses de santé sans cesse croissantes. Qu'il s'agisse de subvenir aux besoins d'une population vieillissante qui souhaite bénéficier le plus longtemps possible de conditions de vie agréables et autonomes, ou de permettre aux populations des pays émergents de résoudre  leurs problèmes de malnutrition, d'hygiène et de maladies endémiques, la demande mondiale de soins et de bien-être va croître de façon continue dans les prochaines décennies. Or cette demande génère des dépenses dont le taux de croissance est largement supérieur à celui du PIB mondial, ce qui conduit à une impasse économique.

Ceci appelle une réponse systémique qui doit agir sur tous les paramètres de gestion de la santé :

- des actions collectives qui impliquent la puissance publique : équipements collectifs contribuant à l'hygène publique, notamment  traitement des déchets et des eaux usées, alimentation en eau potable, politiques d'éducation sanitaire, formation des personnels spécialisés, équipements médicaux, politiques collectives de prévention 

- une prise en compte par les individus de leur "capital biologique" : formation individuelle à la gestion de son capital santé, actions sur la nutrition, prévention individuelle des risques tels que le tabac qui produit six millions de morts par an ou la sécurité routière (1,2 millions de morts par an), recours maîtrisé au système de santé, gestion rationnelle de la prise de médicaments...

L'objectif majeure est d'agir en amont sur les facteurs de risques plutôt que d'en traiter en aval les conséquences. Prévention, plutôt que réparation, est le maître mot de la santé moderne.

Il est évident que l'exploitation du potentiel des techniques numériques est une piste qui suscite beaucoup d'attentes et d'espoirs aussi bien des professionnels de la santé que des financeurs publics ou privés. 

Or si le numérique a largement investi les techniques de pointe, et les plateaux techniques lourds, et donc coûteux, on observe que la gestion individuelle de la santé est encore un terrain largement vierge alors même que la demande d'information de santé sur le web connait une croissance exponentielle. Avec les smartphones, et des outils numériques dédiés, il est possible de déporter l'aide au diagnostic vers les personnes elles-mêmes pour ouvrir dans ce domaine comme dans tous ceux qui sont revisités par le numérique un champ de coopération entre les professionnels et les individus, lucides et informés.

Les pistes d'une médecine, et plus largement d'une attitude de prévention, "assistées par le numérique", sont explorés  par de nombreux canaux - industriels de l'électronique, médecins, assurances, institutions de santé, laboratoires pharmaceutiques - pour constituer un nouveau domaine en cours d'émergence, la e-santé. Ce film produit par une start-up issue de la NASA, scanadu, est une illustration de la convergence de ces outils et pratiques dans un futur proche. Il est clair que ceci bouleverse les croyances habituelles en matière de santé et implique des changements culturels majeurs.

Il faut également lire sur ce thème le livre du Dr Eric Topol "The creative destruction of medicine".

http://www.amazon.com/Creative-Destruction-Medicine-Digital-Revolution/dp/0465025501

http://changethis.com/manifesto/91.01.ChangeMedicine/pdf/91.01.ChangeMedicine.pdf


Genève confirme la reconfiguration du marché

Le Salon de l’Auto de Genève a acquis le statut d’institution dont l’influence dépasse très largement le marché suisse. Cette 82ème édition confirme la qualité de cette manifestation qui trouve dans les locaux de Palexpo un cadre sobre, compact et agréable qui contribue à sa cohérence et à sa lisibilité. Genève est un terrain neutre pour les constructeurs et contrairement à Paris ou Francfort c’est un salon qui présente leurs offres de façon équilibrée. De plus c’est un salon annuel, le premier de l’année qui intéresse les constructeurs pour se positionner leurs nouveaux au printemps, période propice aux achats de voitures. 200 premières ont ainsi été présentées. Depuis trois ans un Pavillon vert met en évidence toutes les innovations concernant les motorisations alternatives et s’est enrichi en 2012 d’une piste d’essais convaincante où le public a pu essayer les premières voitures électriques présentes sur le marché et découvrir des concepts en rupture.

Quel message retenir de Genève 2012 ? Si le marché européen est morose en ce début d’année 2012, après une brillante année 2011, l’industrie automobile européenne n’a pas perdu son dynamisme et lutte avec énergie pour développer son attractivité à la fois par l’intérêt de ses nouveaux modèles, par l’innovation sur les motorisations et par la large palette de son offre. L’industrie cherche avec brio à développer une offre attractive qui prend en compte une des préoccupations majeures des clients, le coût du carburant. La bataille pour la réduction de la consommation de carburant est engagée sur tous les fronts : allégement de la structure, pneumatiques basse consommation, réduction de cylindrée des moteurs thermiques, améliorations aérodynamiques, et bien sûr gamme élargie de motorisations alternatives… Peu de stands, en dehors des « supercars », ne mettent pas en valeur les vertus écologiques de leurs véhicules. S’il est désormais une information qui ne peut plus passer inaperçue, c’est bien l’émission de CO2 au kilomètre. Et la surenchère n’est pas loin…

Les voitures électriques occupent désormais tous les créneaux

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Les voitures électriques sont présentes sur tous les grands stands. Evidemment l’Alliance Renault Nissan, pionnier en la matière, met en valeur son offre commerciale avec la Nissan Leaf, les Renault ZE Kangoo, Fluence et Twizy, très demandée sur le stand d’essais. Mais aussi montre son savoir faire avec l’attractive Zoé, petite berline quatre portes entièrement conçus pour l’électrique, dotée d’un système télématique très avancé. Nissan présente aussi un concept de véhicule familial ou utiliataire, l’e-NV200 tout électrique. La Chevrolet Volt, qui a également engagé sa carrière commerciale, est mise en valeur sur le stand GM comme sa déclinaison Ampera chez Opel. Les grands berlines électriques, superbes, de Tesla et de Fisker sont enfin visibles en Europe en attendant le SUV de Tesla, le Model X , prévu pour 2013. La Fisker Karma dispose de 8O km d’autonomie électrique , relayée ensuite par un moteur thermique alimentant les moteurs électriques comme la Volt.

La Tesla model S affiche jusqu’à 480 km d’autonomie en configuration de batteries à 85 kWh (version haute des trois configurations proposées) et est équipée d’un très large écran tactile de 17 pouces. Très symboliques de l’ambition électrique dans le haut de gamme, leur carrière commerciale risque également de n’être que symbolique compte tenu des prix annoncés, bien au-dessus de 50000 $.

L’électrique se fait séducteur avec les voitures sportives dont Tesla a été précurseur. BMW propose son concept i8 Concept, électrique assisté par un trois cylindres essence, alors que Nissan n’hésite pas à montrer une étude de supercar à moteur central aux lignes épurées, l’Emerg-E embarquant deux moteurs électriques de 150 k W avec un couple exceptionnel de 1000 Nm ! Mais l’électrique concerne aussi les utilitaires, avec le mini-bus Mercedes Vito E-Cell, Kangoo ZE ou le Ford Transit Connect. Le développement des flottes électriques et des utilitaires électriques, outils performants de la logistique urbaine, se confirme comme le moyen le plus rapide de décollage à court terme du parc de véhicules électriques. Dans le même souci de mobilité décarbonée, Mia propose sa gamme de voitures urbaines, dont la commercialisation a commencé à trouver une réalité tangible en France..

La consécration des solutions hybrides

Les différentes déclinaisons de motorisations hybrides envahissent tous les stands… Les constructeurs adoptent tous cette solution de continuité qui présente beaucoup d'avantages client, une consommation moindre pour des performances élevées et un confort d'usage qui se rapproche de l'absence de bruit et de vibration des électriques pures. On a dénombré 24 modèles commercialisés en Suisse.

Hommage doit être rendu à Toyota qui présente entre ses gammes Toyota et Lexus un ensemble de véhicules à la mécanique parfaitement éprouvée depuis plus de dix ans : autour de la Prius, on trouve désormais l’Auris, la Yaris et la Prius+, version monospace. Les plug-in hybrides sont également annoncés avec la Prius Plug-in. Toyota présente avec son concept avec sa FT-Bh une évolution majeure de ses véhicules hybrides pour descendre à 2,1 l/100 de conommation et 49 g/km de CO2. Honda poursuit la démonstration de son engagement en faveur de l’hybride engagé également il y a plusieurs années. Le groupe PSA s’engage résolument dans le monde de l’hybride diesel et valorise son système HYbrid 4, qui permet de disposer de quatre roues motrices, avec une large offre : Peugeot 3008, qui démarre en France sa carrière en battant en janvier la Prius et l’Auris, berline 508 et break 508 RXH et sa novatrice Citroën DS5. Volvo s'engage également dans cette voie avec une hybride diesel plug-in. BMW décline sur sous sa gamme, les serie 7, 6, 5 et 3, le système Active Hybrid.

L’hydrogène, qui est testé sous des formes diverses depuis une dizaine d'années, n’est pas absent de ce salon. Bien naturellement Honda montre une fois encore sa Clarity qui tourne en Californie. Audi présente une étude de moteur à hydrogène, ainsi que Toyota qui estime que cette technologie pourrat être disposnible dès 2015. Son concept hydrogène FCV-R présente les nouvelles lignes de la marque, très aérodynamiques. C'est un modèle à pile à combustible, avec deux réservoirs d'hydrogène sous pression de 700 bars, destiné aux moyennes et longues distances, avec une autonomie affichée de 700 km, où l'électrique à batteries montre ses limites actuelles. Le groupe VW présente sur le stand Audi un groupe motopropulsuer à hydrogène. Il fait circuler en Californie un Touran équipe de sa technologie HYMotion. GM s'intéresse également de façon continue à l'hydrogène, et puisuers Opel circuleent en Europe. 

Des moteurs thermiques frugaux

Les motoristes poursuivent leur travail de downsizing des moteurs. On voit ainsi chez Renault , fort de ses succès comme motoriste de Formule 1, le futur trois cylindres turbo essence de 900 cm3 de 90 ch prévu pour la fin 2012 sur la Clio 4, comme chez Suzuki un concept, la Regina, également dotée d’un trois cylindres annoncé avec une consommation de 3,1 l/100. Ford équipe son nouveau « minispace » B-Max d’un moteur trois cylindres de 120 cv annoncé pour 114 g/km de CO2. 

Le marché des voitures désormais classiques est aussi très actif

Des nouveautés comme l’Audi A3, la BMW Serie 3 6e du nom, la Peugeot 208 et la Mercedes Classe A montrent l’affermissement d’un style automobile marqué par la recherche de lignes sculptées. Le Gran Coupé Serie 6 de BMW inaugure avec style les coupés quatre portes de la marque. Lancia a fini d’absorber sous son blason les modèles Chrysler. Fiat part à la conquête de la Mini avec une Fiat 500 L, comme Large, ambitieuse mais très éloignée par ses propositions de minispace familial de la 500, et rénove sa Panda. Le groupe Volkswagen met en valeur sa prometteuse Up ! en version quatre portes, en version Eco ou encore badgée Skoda sous le nom de Citigo. Il montre également un break Passat Alltrack à transmission intégrale aux airs de baroudeur, bien que VW s’engage à ce que tous ses véhcules neufs n’émettent en 2015 que 120 g/km de CO2. Dacia, enfin, continue l’expansion de sa gamme à succès et présente son Lodgy monospace de 5 ou 7 places de 4,5 m au prix agressif.

Déplorons la disparition de Saab, qui en cinquante ans avait marqué l’histoire de l’automobile avec créativité. Notons aussi l’absence du constructeur chinois BYD qui en 2011 avait pourtant présenté une gamme de voitures électriques et hybrides intéressantes et ambitieuse. Les résultats économiques ne semblent pas, en Chine, être à la hauteur de ces ambitions, mais les perspectives grises du marché européen peuvent aussi tempérer son enthousiasme.

Supercars cherchent amateurs très fortunés

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Cherchant désormais à cultiver la raison, l’automobile peut-elle encore vouloir jouer sur la passion et l’image ? Il y a encore place pour une offre exubérante comme le démontre Bugatti, ultime vision de la puissance brute avec son roadster Veyron Grand Sport Vitesse qui exhibe son moteur en W 16 et ses 1200 ch vendus 1,9 million €, Koenigsegg avec son Agera R dotée d’un 8 cylindres de 960 ch. Bentley avec un prototype de SUV de 5 m de long, l’EXP 9F équipé d’un moteur W 12 cylindres, Aston Martin présente une V12 Zagato vendue, seulement, à 150 exemplaires pour 395000 € ! Dans le champ des superlatifs automobiles, Ferrari présente sa F12 Berlinetta de 740 ch, la plus puissante jamais produite. Les quelques dizaines de véhicules livrés par dans le monde de ces véhicules hors norme, au milieu des 80 millions de voitures vendues en 2011, suffisent à alimenter la légende automobile. La pérennité de ce secteur est assuré par quelques passionnés fortunés qui entretiennent un artisanat de très haut niveau.

Genève 2012, qui se clot le 18 mars, est donc un salon intense et innovant qui confirme la volonté des constructeurs, engagés dans une compétition mondiale, de continuer à occuper tous les créneaux, classiques ou innovants. Si la crise annoncée en Europe risque de casser la dynamique du marché, le monde entier a encore besoin d'automobiles. Plus que jamais, les innovations en matière de motorisations alternatives vont devoir créer une dynamique permettant de réconcilier automobile et environnement. Leur marché, jusqu'alors bien timide, ne sera convaincu que lorsque prix et facilité d'usage seront au rendez-vous.


La mobilité décarbonée, un défi complexe

Changer de modèle de déplacement pour résoudre les problèmes d'encombrement urbain, de coût et de disponibilité de l'énergie et d'émission de C02 représente un enjeu collectif majeur pour les décideurs. Les paramètres sont multiples, les acteurs sociaux sont tous impliqués dans cette transformation qui modifie les habitudes de transport des personnes et des biens, la localisation des activités et les comportements individuels. L'agglomération de Rennes, Rennes métropole, a engagé depuis longtemps un travail de fond sur la planification urbaine.

Cette étude, menée avec le concours de Sia conseil, est à la fois une réflexion prospective sur plusieurs scénarios d'évolution de la mobilité décarbonée, et une réflexion collective sur l'impact de cette transformation sur l'emploi et les compétences. C'est un exemple de réflexion stratégique menée avec toutes les parties prenantes locales dans le cadre d'un programme national lancé par l'Association Villes Emploi et l'ADEME.


L'AIE inquiète pour les véhicules électriques

Il semblerait que la tension redescende autour des véhicules électriques et le salon de Genève, en dépit de l'existence depuis trois ans d'un hall qui leur est consacré, met moins en évidence le caractère révolutionnaire de ce mode d'énergie. Cette situation est d'autant plus paradoxale que les premiers véhicules sont sortis du stade de concept cars pour entrer sur le marché. Ainsi la Mitsubishi Miev, la Nissan Leaf, la Chevrolet Volt, les Renault Kangoo et Fluence ZE sont désormais en vente et connaissent un début de carrière commerciale qui n'est pas fulgurant mais respectable.

Nous sommes bien en présence de l'illustration classique de la courbe du hype technologique. A l'état de laboratoire, puis de prototypes, les nouveaux produits font toujours beaucoup de buzz, situation qui se calme dès qu'ils abordent la réalité commerciale du marché. En ce qui concerne les chances du véhicule électrique, les fondamentaux n'ont pas changé depuis 2008, année où, crise du pétrole aidant, on a assisté à une course aux annonces des constructeurs sur le thème des motorisations alternatives, les uns privilégiant la filière hybride, les autres, comme l'Alliance Renault Nissan, mais aussi GM, se lancant dans l'électrique.

Le marché de l'automobile est moins "liquide" que celui de l'électronique grand public. Le prix des produits est bien sûr la principale différence. Une voiture coûte quand même beaucoup plus cher qu'un smartphone ! Mais surtout les cycles d'achat et de renouvellement de parc sont beaucoup plus longs, d'autant plus que la distance parcourue se réduit chaque année et qu'une voiture moderne peur durer sans problème dix ans en roulant, ce qui est la moyenne constatée, moins de 10000 km/an. Ensuite la performance attendue d'un véhicule ne change pas substantiellement de nature. On veut aller sans souçi d'un point A à un point B... et en revenir. Cette proposition de valeur basique, l'industrie automobile a mis 120 ans à la garantir. Et le fait aujourd'hui très bien, mais le véhicule électrique introduit un doute sur ce service minimal...

La montée en puissance des motorisations alternatives sera un processus lent si le prix du pétrole n'augmente pas brutalement. Il y a beaucoup d'inertie dans le parc automobile mondial et l'offre de motorisation alaternative demeure très marginale, méconnue du grand public. Nous avons vu jusqu'alors plus de concepts cars que de véhicules dans la rue, et le nombre de gens qui ont effectivement conduit un véhicule électrique, et pu en apprécier l'agrément, est infime. Sur un flux annuel de l'ordre de 80 millions de véhicules neufs, on ne peut imaginer compte tenu de l'offre actuelle et des capacités de production que quelques dizaines de milliers de voitures électriques.  La montée en volume sera lente pour atteindre 8 milions de véhicules par an, soit 10 % du marché en 2020 ce qui apparaît, dans les conditions actuelles, un objectif illusoire.

Le véhicule électrique se heurte à trois obstacles difficiles à surmonter actuellement :
- son prix de revient industriel, compte tenu du coût des batteries, qui conduit les constructeurs soit à vendre sans marge soit à dépendre de primes publiques qui n'ont aucune chance de perdurer si les volumes augmentent
- le caractère brouillon et anxiogène des informations sur l'autonomie dans les conditions réelles d'usage et de la capacité à recharger rapidement son véhicule avec les infrastructures appropriées
- la rude concurrence entretenue par les constructeurs eux-mêmes qui, dépendant à 99% de leur offre conventionnelle, propose des moteurs thermiques optimisés qui, dans un cadre d'usage familier, offrent des performances autonomie/consommation remarquables.

Il faut aussi ajouter que la véhicule électrique souffre du brouillage d'image dû à la production d'énergie électrique elle-même et aux controverses sur le mix énergétique entre les énergies renouvelables, le nucléaire et les énergies conventionnelles à émission de CO2. Il est évident que si l'usage d'un véhicule électrique en ville notamment présente des avantages majeurs en termes d'absence d'émissions toxiques et à effet de serre et de pollution sonore, le problème est reporté au stade amont de la production électrique. Il est certes soluble mais dans un cadre sociétal qui dépasse largement l"influence des constructeurs automobiles et des acheteurs pragmatiques...

Il n'y aura décollage du véhicule électrique, en dehors du marché des flottes captives et des utilitaires légers, qu'à la condition que l'autonomie réelle se situe autour de 250 km, que le temps de recharge tombe autour de 10 mn, soit un plein d'essence, avec des protocoles connus et simples. Para ailleurs les pouvoirs publics doivent clairement indiquer leur préférence pour les véhicules électriques dans la circulation de centre ville... Les acheteurs privés pourraient accepter un surcoût à l'achat de l'ordre de 10% par rapport à un véhicule classique si le coût de possession est analogue à celui d'un véhicule thermique. Or l'entretien, l'énergie sont, de fait, moins onéreux. Il faut donc que les constructeurs et leurs partenaires rassurent sur les performances réelles et le coût total sans insister sur la prouesse technologique qui n'est pas le sujet... Il faut donc que les acheteurs n'aient pas le sentiment de prendre un risque, et pour cela, la solution de la location paraît un moyen efficace et rassurant pour propager l'envie de véhicule électrique. Les constructeurs peuvent se rassurer sur le fait qu'en 2050 tous les véhicules seront électriques... mais il faut tenir bon ! 


Le soir du 6 mai 2012...

Le 6 mai 2012, à 20h00, un homme (il est peu probable, cette fois, que ce soit une femme) aura une profonde satisfaction, celle de se (re)trouver à la tête d’un des grandes nations de la planète, membre du Conseil de sécurité, détentrice d’une force nucléaire de dissuasion. Il pourra se  pencher sur les sensations de ses prédécesseurs au même instant magique de couronnement d’une carrière politique. Il se souviendra sûrement des images du 10 mai 1981 et de la Place de la Bastille noyée sous l’orage, ou encore de Jacques Chirac, parcourant Paris dans sa Citroën CX, le bras à la portière dans la chaleur du printemps.

 

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Il devra savourer intensément cet instant d’apesanteur, sans négliger de choisir avec soin l’endroit symbolique où il ira partager le champagne de la victoire. Car très vite les ennuis commenceront. Derrière l’instant magique de l’élection, les faits se rappelleront vite à lui…

 

 

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Le temps a pesé sur situation du pays. « Vieux pays perclus d’épreuves », la France ne cesse de se faire peur. Cette fois, les nuages sont bas… mais comme dit le proverbe angais "every cloud has a silver lining".

Le 10 mai 1981, François Mitterrand, après deux tentatives infructueuses, arrivait au pouvoir dans cette situation jubilatoire. Il allait « changer la vie » plein d’ambition pour cette vieille France qu’il avait le sentiment d’arracher à des années de conservatisme pour la propulser dans la modernité.  Si cette référence mitterrandienne est choisie, c’est qu’elle fait l’objet d’un retour en grâce sur le devant de la scène. Il est toutefois peu probable qu’elle évoque quelque chose au moins de quarante ans…

Car peu de choses subsistent aujourd’hui de cette époque. A quoi ressemblait le monde d’alors ?

D’abord il y avait une claire séparation entre deux systèmes politiques dans le monde : l’Ouest, capitaliste et libéral, synonyme de liberté et de prospérité pour le plus grand nombre, l’Est, communiste, égalitaire, totalitaire. Les Jeux Olympiques de Moscou, en 1980, avaient une fois encore démontré la force du bloc de l’Est. On ne mesure pas aujourd’hui quel poids faisait peser sur la vie politique ce clivage. Le modèle alternatif au système occidental séduisait une partie de l’opinion française qui faisait confiance à hauteur de 20 % à un parti se recommandant du modèle communiste, ce qui rendait obligatoire une alliance entre la gauche socialiste et la gauche communiste, infléchissant le discours vers la radicalisation qu’incarnait le programme commun. Certes Georges Marchais ne recueillit que 15,3% des votes au premier tour de la présidentielle.

Par ailleurs la France ne comportait que 53,8 millions d’habitants, contre 65 millions aujourd'hui. Le chômage représentait 1,4 millions de personnes, soit 6,1 % de la population active. Il y avait encore 8% d'agriculteurs dans la population active (contre 3% actuellement) .

La voiture la plus vendue en France était la Renault Cinq qui représentait 16% du marché des voitures neuves. Renault et PSA produisaient 3 ,3 millions d’automobiles dans le monde, dont 2,6 millions en France, contre 6,4 millions en  2011 pour 1,9 millions voitures en  France. 850000 salariés travaillent dans l’automobile, dont 245000 dans le groupe Peugeot et 225000 chez Renault, dont 400000 en France, soit 7% de l’emploi industriel... En 2010, les constructeurs n'emploient plus en France que 161000 personnes. Il n’y avait que trois chaînes, toutes publiques, de télévision après le démantèlement de l’ORTF en 1974. La guerre des radios libres faisait rage, avec une répression sévère des pionniers. La presse écrite était encore le moyen privilégié d’accès à l’information et vivait ses dernières belles années. France-Soir, Le Quotidien de Paris existaient encore…

Le nombre de téléphones mobiles était de... zéro ! Le premier portable analogique, Radiocom 2000, est apparu en 1983, et le Bipop en 1991. La microinformatique n’existait pas dans les entreprises et seuls quelques passionnés commençaient à utiliser des engins artisanaux aux performances anémiques comme le TRS 80.  Rappelons que le PC a été présenté par IBM en 1981…

Les grands noms de l’industrie française étaient la Compagnie Générale d’Electricité, dirigée de main de fer par Ambroise Roux, et dont les filiales étaient Alsthom (sans faute,NDLR) Atlantique et CIT-Alcatel,, Schneider, Pechiney, Usinor, Sacilor, en pleine crise de la sidérurgie, Moulinex, Thomson CSF, Rhône-Poulenc, Elf Aquitaine. Saint Gobain Pont-à-Mousson prenait le contrôle d'Olivetti… Le TGV n’existait pas encore mais allait être mis en service entre Paris et Lyon en 1981. Il n’y avait déjà 5000   kilomètres d’autoroutes en France, contre 11100 en 2012.

La Chine bien lointaine sortait de la mort de Mao, en 1976, et commençait à s’éveiller , mais personne n’en parlait vraiment ! La concurrence venait alors du Japon, ses voitures, ses magnétoscopes…

Le franc était une variable d’ajustement économique et allait être bien malmené dans les premiers mois du septennat.

Tout ceci est bien loin ? Entre trente ans, la France s’est ouverte au monde, même si elle a plutôt tendance à croire que le monde lui en veut. Elle a changé, et si le défaitisme ambiant peint en sombre cette évolution, il faut se garder de ne prendre en compte que les mauvaises nouvelles.

Elle a changé pour le meilleur – sa démographie, la rénovation de ses villes, son réseau ferré à grande vitesse, son industrie aéronautique, son attrait individuel pour des technologies de l’information, son offre de télécomunictaions, une des meilleures du monde, pour qui se souvient du 22 à Asnières, son attractivité dans le luxe, la mode et le tourisme, première destination mondiale, ses entrepreneurs du web, mais aussi ses champions à l'international dans toutes les verticales métier sans oublier son agriculture efficace qui   16% de la superficie agricole de l'Union Européenne au moment où le foncier agricole se fait rare dans le monde -.

Pour le pire les délocalisations industrielles non compensées par la création d’activités neuves, le bégaiement grandiloquent de sa classe politique, qui a vraiment raté la mondialisation, le manque de pédagogie de ses journalistes fascinés par le monde politique, au point parfois d'en devenir courtisans, son parisianisme, son élitisme désuet, sa relation paradoxale à l’argent, son incapacité à aimer l'entrepreneuriat, son arrogance qui agace le monde entier.

Aujourd’hui l’endettement, la crise de l’euro, ont remplacé la faiblesse du franc, mais ne sont plus un phénomène isolé, la vieille Europe toute entière ayant perdu son leadership. La crise de la dette, qui va impliquer une sévère ponction fiscale, ne laisse guère entrevoir de  perspective immédiate d’amélioration des situations individuelles, en particulier d’accès à l’emploi. L’anémie de la croissance ne réjouit même plus les partisans d’une croissance douce, plus ou moins verte, enfermés dans un discours sans vision qui d'ailleurs ne séduit plus.

Où sont les projets de demain ? Le concept même de « réforme » est sérieusement démonétisé et les programmes et promesses ne font guère recette dans l'opinion. Le mode d'abattage des animaux est devenu un sujet de conversation majeur... Quelle est la projection collective dans un futur désirable qui peut aujourd’hui stimuler l’envie individuelle de transformation ?

Et bien, soyons optimistes. pensons l'impossible. Et si les choses n'étaient pas écrites ? Et si le peuple, las du déclinisme de ses élites, de la trahison des clercs, en décidait autrement ? Il est possible - et ce blog contient de nombreuses pistes - de penser l'avenir sans utopisme, mais avec ce volontarisme qui a marqué de grandes étapes dans la progression de la France. Ne pas se résigner, mais construire ensemble avec nos atouts, notre courage, nos compétences. Il vaut mieux être tiré par le futur que poussé par le passé !

Car pour les élections de 2032 le monde aura encore considérablement changé, beaucoup plus encore que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui. Autant s'y habituer et y travailler à chaque instant, sans croire aux miracles ni s'enfermer dans le désespoir.

 


La révolution numérique, grande absente de la campagne électorale présidentielle

Il est bien difficile dans la bruit de la campagne électorale de discerner la place attribuée par les candidats à la science et à la technique. Tout se passe comme si la parole seule, de préférence incantatoire, péremptoire, réductrice, puis quelques promesses de textes législatifs, pouvaient suffire à imprimer à notre pays une nouvelle dynamique de croissance.  Les tribuns n'ont plus de remède miracle à proposer au pays et c'est une bonne nouvelle qui incite au réalisme. Mais on pourrait attendre des candidats au rôle le plus structurant de la politique française à  ce qu'ils exploitent leurs talents pour réveler les potentiels de transformation de la société et orienter résolument les acteurs vers les investissements, les comportements et les compétences les mieux adaptées au XXIe siècle naissant. Pour le moment, on ne voit pas vraiment émerger ce souffle créatif, remplacé, pour la plupart, par un désolant sens de l'invective...

Or il est clair que les solutions du passé sont totalement inadaptées à la complexité des problèmes que nous devons collectivement résoudre. Il faut se projeter dans le futur et rechercher dans l'analyse des transformations récentes de la planète, et dans les potentiels que proposent les recherches scientifiques et techniques, de nouvelles solutions.

Il faudrait donc que nos "leaders", comme notre "élite", acceptent de reconsidérer leur vision du monde. Il en est ainsi dans la plupart des questions évoquées dans la campagne, pression fiscale, réindustrialisation, revenus de solidarité, "valeur travail", sécurité, santé, exercice de la souveraineté populaire... Ce n'est pas parce que ces questions sont récurrentes qu'il faut les traiter avec les outils du XXe siècle qui ont démontré leurs limites.

En effet, beaucoup de choses ont changé sur notre petit vaisseau spatial Gaia, avec ses sept milliards de passagers qui ont maintenant presque tous un téléphone mobile et pour un tiers d'entre eux accès au web ! La compétition économique mondiale est entrée avec le web dans une phase nouvelle.  Ce ne sont plus les facteurs matériels qui vont permettre aux entreprises et aux nations de se différencier, mais leur capacité à gérer données et information pour les transformer en connaissances. L’agrégation continue, créative et impertinente, de ces composants permet de construire un flux permanent d’intelligence compétitive qui constitue désormais le vecteur majeur de la performance.

Ce passage massif de l’économie du XXIe siècle de la main-d’œuvre au « cerveau-d’œuvre » constitue une chance unique pour la France. Il ne s’agit plus en  effet uniquement de réduire les coûts des fonctions opérationnelles classiques de l’entreprise et le l’Etat, mais d’imaginer des produits et services nouveaux pour répondre aux besoins profonds de la société, résoudre les défis de l’éducation, du vieillissement, de la raréfaction des ressources et du réchauffement climatique. Il s’agit d’ouvrir les voies de nouveaux modèles économiques et politiques du XXIe siècle.

 

Parmi les axes clefs de la transformation numérique, trois légitiment une attention particulière :

- La compétitivité des entreprises françaises et la contribution du numérique à la réindustrialisation

- L’exploitation des potentiels numériques dans une stratégie de croissance décarbonnée respectueuse de l’environnement

- Le développement  de la démocratie numérique

 

La nouvelle donne compétititive qui bouleverse les avantages acquis

Il faut rappeler que le moteur  des technologies de l'information est tellement puissant que les performances doublent tous les dix-huit mois à prix constant. Ceci facilite l’interface homme/machine, abaissant sans cesse la barrière de l’accès technique qui se banalise. L’accès à la technologie se diffuse dans toutes les couches de la société, permettant des usages inimaginables il y a encore 15 ans.

Il y a aujourd’hui 62 millions d’abonnés au téléphone portable en France, 5 milliards dans le monde ! Il y a plus de 2,2 milliards d’accédants à internet, dont plus du quart à travers un objet mobile. Cette démocratisation, technique et économique, conduit au développement d’une immense capacité non seulement de « réception » de message, comme ce fut le cas avec la presse écrite, la radio et la télévision mais « d‘émission » ce qui inverse le flux historique de diffusion de l’information et de la connaissance des « sachants » vers la population. Parce que la technique autorise une vraie démocratisation, on peut désormais concevoir, écrire, diffuser textes, images, vidéos documents multimédia avec des moyens financiers très limités et un bagage technique minimal. On peut échanger entre pairs, construire de nouveaux vecteurs d’opinion et faire naître des idées neuves.

Nous avons construit pour la simple année 2010 cent fois le volume d’informations créées depuis l’origine de la civilisation.  Nous ne sommes qu’au début d’une aventure humaine exceptionnelle où la mise en connexion par le web de milliards d’êtres humains constitue une expérience cognitive sans aucun équivalent dans notre histoire. Nous sommes sortis d’une vision linéaire, prédictive du progrès de connaissances pour entrer dans un modèle à la fois systémique et exponentiel, où chaque discipline se nourrit et alimente les progrès des autres disciplines. De cette croissance sans limite  vont émerger des produits et services aujourd’hui simplement inimaginables. 50% des produits et services que nous utiliserons couramment en 2020 n’existent pas aujourd’hui.

La  capture de données, la recherche d’informations et l’élaboration de connaissances constituent les fondements d’un nouveau cycle économique impliquant nouveaux acteurs, nouvelles disciplines, nouveaux modes de gestion et de management.

C'est là où se joue vraiment l'avenir des entreprises : concevoir et mettre sur le marché des produits innovants, attractifs, en ligne avec les besoins des clients  est la vraie -et seule- finalité des entreprises. Le faire en disposant d'un moyen ultra efficace pour rapprocher des informations structurées issues du système d'information interne, et les informations non structurées internes comme externes, donne une efficacité accrue au système de conception, qui bénéficie d'une nouvelle qualité d'exploitation du stock d'informations et de connaissances, souvent dormant. Il s’agit non seulement de gérer des données structurées, mais surtout non structurées, dont des images 3D. Veille technologique, analyses concurrentielles, suivi en temps réel du cycle de vie des produits, analyses fines de la réaction des clients sont les nouveaux outils de la performance. Ce qui naguère fut un exercice souvent négligé, la gestion et l’archivage des données numériques devient désormais un outil incontournable d'efficacité dans tous les métiers.

Le numérique au service de l’industrie française

La France, par la qualité de son enseignement, par la persistance d’une industrie numérique qui a su résister dans les applications professionnelles, même si elle a quasi disparu dans les applications grand public, par l’existence d’une génération d’entrepreneurs numériques audacieux, par une infrastructure numérique de qualité  peut retrouver une dynamique de croissance économique alimentée par un usage pertinent du potentiel numérique dans l’entreprise.

 Produire dans l’ère numérique c’est bien évidemment s’adapter en temps réel à la  demande par une analyse continue de l’évolution de la demande finale, des stocks et des encours de production. Le cycle de conception, production, distribution est désormais ramassé dans le temps ce qui offre de nouvelles perspectives de réindustrialisation des territoires. Cet exercice est sous-tendu par la capacité de gérer les approvisionnements en flux tendu grâce à une logistique précise. Passer de la conception numérique à la maquette numérique puis au  process numérique devient naturel grâce aux outils de PLM (« product life management ») qui permettent de rassembler dans un référentiel unique l’ensemble des informations nécessaires à la conception, à l’évolution et à la production. Selon Dassault pour son Falcon 7X la conception entièrement numérique  a permis des gains considérables dans les phases d'industrialisation et de production : élimination des retouches et problèmes de fabrication, qualité maximale atteinte dès le premier appareil, temps d'assemblage divisé par deux, outillage de production réduit de plus de 50%. Ainsi, l’avantage lié au coût de la main-d’œuvre disparaît si les gains obtenus par la vitesse de conception et de déploiement des produits, la réduction des stocks et la limitation des coûts logistiques.

Cette logique s’applique également aux produits dont toute la chaîne de conception est numérique, qu’ils adoptent une forme matérielle (le journal papier) ou immatérielle (l’image du même journal sur internet). Cette continuité protéiforme qui conduit d’ailleurs à remettre en cause l’opposition duale matériel/immatériel s’applique à de nombreux produits comme par exemple un prêt bancaire ou un voyage où la chaîne de conception et de décision purement numérique s’incarne dans une réalité physique. Ces outils permettent un gain de temps et d’efficacité considérables par rapport aux circuits fragmentés de décision. Leur mise en œuvre est de plus en plus simple et accessible, même aux petites entreprises.

Longtemps handicapées par une moindre propension que leurs compétiteurs à maîtriser l’exportation lointaine, les PME françaises ont en mains avec le commerce électronique sur le web un outil surpuissant qui leur permet de rivaliser sans complexe. Avec 37,7 milliards d'euros de ventes pour le e-commerce en 2011, le chiffre d'affaires du secteur est en hausse de 22% par rapport à 2010. Sur un an, les acteurs du commerce en ligne ont gagné 3 millions de clients et le e-commerce concerne directement 30 millions de français. Cette pratique crée une nouvelle norme de comportement du consommateur, désormais informé et documenté et sensible  à la concurrence et à la qualité du service, qui induit de nouveaux comportements dans le commerce traditionnelle.

Les prémices d’une nouvelle économie respectueuse des ressources naturelles

Les succès de l’espèce humaine dans l’exploitation de l’énergie conduisent aujourd’hui à une impasse. Les alarmes s’allument sur tous les fronts : réchauffement climatique, pénurie d’eau douce, surexploitation des ressources halieutiques comme des sols, encombrement urbain, empoisonnement chimique, épuisement programmé des sources d’énergie fossile. Le rêve prométhéen de la maîtrise de forces de la nature s’est bien réalisé, mais les outils de notre compréhension du monde se sont révélés moins efficaces. En optimisant chaque levier de performance technique et industrielle sans prendre conscience des interactions, nous avons été trop loin dans notre ambition. Les signaux contradictoires sur les causes ne conduisent plus à sous-estimer l’étendue des conséquences. Nous ne savons pas tout, mais nous constatons les  effets de dérèglements qui commencent à nous dépasser.

Or le progrès ce n’est pas seulement la force musculaire amplifiée par les machines. Ce n’est pas la puissance  brute. C’est aussi la capacité à représenter le monde pour en assurer la pérennité à très long terme. Depuis le siècle des Lumières nous avons certes progressé, mais de façon encore éclatée, fragile, dispersée entre les disciplines, les techniques, les chapelles. L’émergence d’un outil mondial unique, fédérateur de savoir, peut changer la donne. Internet et le web nous apportent des moyens de compréhension et d’interaction sans aucune mesure avec ce que nous avons connu jusqu’alors. Au moment où les menaces physiques s’accumulent sur notre futur, nous avons forgé un outil qui peut justement créer les conditions d’une prise de conscience planétaire de la fragilité de notre environnement. Cette conscience partagée par des milliards d’êtres humains peut déclencher les réactions rendues indispensables par notre vulnérabilité actuelle.

Rechercher des solutions nouvelles dans une gestion parcimonieuse de l’énergie, et de façon plus générale des ressources naturelles, changer nos comportements pour plus de frugalité sans perdre le plaisir, ne sont plus simplement des postures  dites « écologiques », privilèges d’une poignée de nantis, mais aujourd’hui un angle indispensable d’approche de la complexité systémique de notre environnement. Pour que le bénéfice des siècles de progrès industriel ne soient pas compromis pour ceux qui en bénéficient, et interdit à ceux qui y aspirent, il est clair qu’une réaction collective s’impose pour pratiquer, à tous les niveaux, l’efficience plus que l’efficacité. C’est parce que le coût d’acquisition du progrès s’est révélé beaucoup trop élevé en consommation de ressources non renouvelables et en déséconomies externes que le gain net obtenu paraît aujourd’hui, avec le recul, trop faible.

Face au retour en force des questions énergétiques alimenté par les tensions durables sur la demande et les conséquences de l’abus d’énergie carbonée, la compréhension des enjeux par le public devient un impératif sociétal. Le débat sur l'énergie nucélaire face aux énergies renouvelables ne doit pas se cantonner à des schémas sommaires. Car l’énergie reste mal comprise, mal expliquée, mal pilotée par des acteurs qui ne disposent pas d’une responsabilité globale. Il faut changer de modèle et la maîtrise des informations, à travers le réseau internet et les capteurs intelligents constituent une solution très prometteuse.

L’énergie redevient donc problème politique qui doit conduire à piloter la qualité et continuité du service, garantir l’interopérabilité des systèmes et des sources, donner de la transparence aux prix. La capacité à gérer de façon décentralisée et efficiente la production et la consommation de toutes les sources d’énergie, au plus près des capacités et des besoins,  est l’ambition des réseaux intelligents, qui intègrent les producteurs et les consommateurs pour optimiser en temps réel la production et la demande. L’usage de moyens de transport plus efficients, dont le véhicule électrique, la gestion des circulations sont favorisés directement par l’exploitation en temps réel de toutes les informations sur les flux de circulation et d’échanges, aussi bien pour les personnes que pour les produits. L’énergie devient pour le chef d’entreprise un facteur majeur de compétitivité qui s’intégre dans sa stratégie numérique.

La recherche de l’efficience devrait donc être la nouvelle règle économique du XXIe siècle. Pour cela nous devons développer, échanger et mettre en œuvre de nouveaux savoirs, irriguant  tous les acteurs à travers ce vecteur universel qu’est le web. Energie et information se confondent dans une nouvelle synthèse qui caractérise le XXIe siècle. Le temps est compté pour construire cette nouvelle dynamique salvatrice.

Une voie révolutionnaire où la France peut s’illustrer par son audace créatrice

La numérisation ne consiste plus à plaquer des solutions nouvelles sur des situations anciennes, mais à repenser l’ensemble du cycle de vie des produits à partir des processus numériques. Concevoir des systèmes synchronisés en temps réel, partager l’intelligence à chaque étape et à chaque niveau hiérarchique pour construire des systèmes intégrés et reconfigurables n’est pas un exercice facile dans un monde profondément marqué par le taylorisme et la pensée managériale classique, héritière de Fayol. Si l’efficience est incrémentale, l’innovation se nourrit de ruptures, et donc de prise de risque. Cette réflexion doit redonner à tous les acteurs, internes et externes, une responsabilité réelle sur la production et la livraison des services et le contact client. Pour cela, le management nouveau doit s’appuyer sur la compétence de chacun dans une logique de confiance dans le cadre d’une cohérence globale contrôlée de façon pertinente, c’est à dire non intrusive et non réductrice.

Cette dynamique doit également imprimer la vie publique. La démocratie de l’internet doit favoriser une prise de décision participative, ouverte à toutes les sensibilités, documentée de façon approfondie et contradictoire. Les générations de l’internet se méfient des slogans, des dogmes, de la pensée unique et recherchent dans un échange non biaisé les voies de décryptage et de solutions de réalités dont ils mesurent sans illusion la complexité.

Repenser la démocratie en s’appuyant sur les pratiques nouvelles issues de ce foisonnement est un impératif.

Quelques pistes pour approfondir la vision du numérique par la classe politique :

- http://bayrou.fr/article/retrouvez-en-direct-le-dialogue-autour-du-numerique-avec-francois-bayrou

- un dialogue entre François Bayrou et Tzvetan Todorov sur léloge de la modération dans Philosophie Magazine de mars 2012

- http://www.rue89.com/2011/06/22/la-france-connectee-une-tribune-de-martine-aubry-210341

- http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/06/la-politique-numerique-de-nicolas-sarkozy-plombe-l-innovation-francaise_1614004_3232.html

- http://www.clubic.com/internet/actualite-476298-nicolas-sarkozy-bilan-numerique.html

- http://www.lafranceforte.fr/bilan/economie-numerique

- http://www.marianne2.fr/Sarkozy-et-Hollande-sont-d-accord-le-patron-geek-est-un-must_a215896.html