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De l'informatique au numérique, du XXe au XXIe siècle

 

Le monde des technologies de l’information est en train de vivre une révolution qui est tout sauf tranquille. Depuis des années, les techniques issues du web, historiquement reléguées à la sphère privée, grignotent le monde de l’informatique d’entreprise. Pour certains il faut s’en inquiéter, pour d’autres s’en réjouir, internet et le web sont en passe de devenir le moteur central du système d’information de l’entreprise. La "consumérisation de l'IT" est un processus de déstructuration /reconstruction d'une puissance considérable comme toutes les grandes transformations techniques de l'histoire.  Mais, cette fois, elle concerne instantanément tous les habitants de la planète. Cette accélération dans le temps et dans l'espace alimente une vague de transformations sans précédent.

Dans quelques années, toutes les applications, tous les services, tous les accès pourront emprunter les techniques et les modèles d’affaire inventés par le web. Dès lors l’informatique ne sera plus un élément d’infrastructure, piloté par les coûts, mais sera devenue l’essence même de l’entreprise, se confondant avec ses processus, nourrissant par un flux constant d’informations complexes tous les rouages de l’organisation. Le phénomène d'ancilarisation de l'informatique, traitée sans ménagement comme un pur centre de coûts taillable et corvéable à merci laisse exangues les budgets informatiques, mais ouvre largement le champ de l'innovation aux métiers. Car pour beaucoup de dirigeants, l'innovation, ce n'est pas de l'informatique et il est légitime de laisser s'ouvrir des centres de compétences "digitaux" en dehors de la DSI. Les métiers ont besoin de cette capacité de créativité que donne l'usage pertinent des techniques de traitement de l'information. Si la DSI, contrainte, ne peut leur donner cet oxygène, ils vont le rechercher par leurs moyens propres à travers leurs budgets de marketing, de communication, d'investissement...Cet éclatement, subi plutôt que conscient, met à mal la cohérence du système d'information et fractionne les données qui sont le capital central de l'entreprise.

Il est encore possible de réconcilier les deux dimensions dans une vision unifiée, tonique et cohérente, des actifs numériques de l'entreprise démarche novatrice qui sera la signature des entreprises du XXIe siècle.

Il s’agit là d’une autre aventure qui dépasse le champ de la technique et impose un changement radical dans l’attitude des dirigeants. Ils ont pu pendant des décennies déléguer la construction et le pilotage de  la « mécanisation » des processus manuels historiques des entreprises, couches d’activités régaliennes, logiques transactionnelles  que les ERP ont réussi à traiter efficacement  non sans douleur initiale. La révolution informatique est ponctuée depuis cinquante ans  de grandes phases de rupture où se mêlent innovation réelle et souvent emphase marketing. Mais le PC, les ERP, les logiciels de CAO ont changé de nature  le traitement de l’information. Ces révolutions passées n’ont pas toutefois changé la nature de l’entreprise. Elles n’ont pas altéré le fonctionnement historique en silos et en pyramides, ni la segmentation des compétences.

Cette fois, ce sont les dirigeants et les métiers qui sont en première ligne. Les directions du marketing ont été les premières à en mesurer la portée. Connaitre et comprendre intimement le client est devenu le ressort vital de la compétitivité. Les entreprises nées dans le monde du web pour faire de l’e-commerce pratiquent à merveille la symbiose entre leur modèle marketing et les techniques du web. Les webanalytics sont le symbole de cette cohérence intime. L’information, minute après minute, est l’actif majeur de l’entreprise qui pilote son chiffre d’affaires comme en régate.

Jamais l’humanité n’aura produit, échangé, stocké autant d’informations. Le MIT estime qu’en une année nous produisons cent fois toute l’information produite depuis l’origine de l’humanité et ce chiffre croît de façon exponentielle. Ces informations sont la matière première de la décision dans tous les domaines de l’activité, que ce soit pour le consommateur final devenu son propre expert et s’appuyant sur l’avis de ses pairs, ou pour le fournisseur en entreprise étendue, partenaire en co-design de la conception et de la vente de produits complexes dont la totalité de la gestation est désormais numérique.

Ce monde que l’on commence à caractériser par l’appelation Big data a généré ses nouveaux outils : appareils mobiles surpuissants, réseaux à haut débit ultra-performants, cloud computing. Un iPad est aujourd’hui aussi puissant que la machine de calcul mythique des années 85, le Cray. L’informatique du nuage est un ensemble  de solutions qui associe la fourniture d’un programme applicatif et sa mise à disposition à travers internet. Il suffit à l’entreprise d’y intégrer ses propres données – organisation, produits, clients, fournisseurs – pour que l’application soit mise à la disposition de tous ceux qui en ont besoin et constamment adaptée, et ce sans investissement en capital ni délai.

Poussées par la consumérisation massive de l’informatique, ces solutions sont éprouvées par des centaines de millions d’utilisateurs quotidiens et font preuve dans les usages les plus courants, comme la messagerie, d’une fiabilité sans défaut  majeur.

L’informatique d’entreprise s’est construite en additionnant des couches de complexité, liées aux choix d’organisation et aux évolutions techniques, qui en font souvent un écheveau coûteux à entretenir, impliquant des compétences multiples. La révolution numérique apporte une décomplexification majeure du traitement de l’information mais remet les données au cœur de la compétition économique. Or la maîtrise des données n’a pas fait l’objet des soins nécessaires. Beaucoup d’incohérences subsistent, compensées à grand frais par des usines informatiques.

Aujourd’hui le marché ne propose pas encore de solution globale. Il y a des réponses partielles intéressantes et éprouvées, comme la messagerie, les outils collaboratifs, voire certains champs applicatifs comme le CRM. Mais sur le plan fonctionnel beaucoup de problèmes internes restent actuellement et transitoirement sans réponse du marché. 

 Il sera nécessaire encore longtemps d’assembler les solutions issues du nuage et les systèmes existants pour reconstituer le système d’information unifié, assurer la cohérence des données internes et celles traitées à l’extérieur en toute sécurité. Il faut également garantir la sécurité des données et leur rapatriement en cas de défaillance du fournisseur ou de réversibilité du contrat. Le nuage n’est pas non plus un ensemble homogène. Face à un marché naissant, il faut être en mesure d’exercer des choix documentés et de les  contrôler. C’est un exercice méticuleux qui implique de nombreuses compétences internes.

Mais rien ne pourra ralentir la transformation en cours. Elle est radicale. Elle va alimenter une nouvelle ère de performances économiques basée sur le rapprochement fertile d’informations naguère isolées et ignorées. Non seulement les hommes échangeront les informations pertinentes pour prendre, à chaque instant, des décisions informées, et en rendre compte, mais ils le feront en compagnie de machines elles-mêmes connectées en réseau, l’internet des objets. La mise à disposition d’informations contextuelles à chaque niveau de l’organisation, comme de la société, percute le modèle classique, déjà ébréché, de la descente d’informations filtrées. Chacun a pris l’habitude d’accéder à toutes les informations dans sa vie quotidienne et attend de l’entreprise de lui fournir tous les moyens de travailler efficacement sans délai inutile.

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Exemple d'architecture intégrant des capteurs au système d'information de l'entreprise

Source : http://rfid.net/



Aussi, la révolution de l’information ne peut plus être poussée par la seule technique. Elle rend indispensable l’implication personnelle des dirigeants pour en prendre le leadership. Il ne s’agit plus de choisir entre un Blackberry ou un iPhone, mais entre un modèle dépassé d’organisation et de gestion, et des modèles novateurs riches en promesses.

C’est l’affaire des seuls leaders.

 


Véhicule électrique, an I

Au moment où l’on pense à établir les bilans d’une année économique que beaucoup souhaitent rapidement oublier, il faut saluer, le 11 décembre, dans cette ambiance morose une bonne nouvelle pour l’industrie automobile, le premier anniversaire de la première voiture électrique produite en grande série et qui demeure, à ce jour,la seule : la Nissan Leaf.

2011 constitue un banc d’essai attendu qui permet de tirer des leçons précieuses de l’usage d’un véhicule électrique à grande échelle, notamment en matière d’autonomie et de fiabilité. Bien entendu l’Alliance Renault Nissan, qui est pionnière en matière de véhicule électrique, est très attentive à ces résultats. Elle vient de lancer à l'automne sous la marque Renault plusieurs véhicules, comme Fluence ZE ou Kangoo ZE, et bientôt l'intéressante Twizy. Certains visent la grande série comme le Kangoo ZE ou Zoe prévue en 2012.  Les autres constructeurs, généralement sceptiques, et tous les candidats à l’achat, gestionnaires de flottes comme particuliers, regardent avec intérêt ces conclusions.

Leaf  047

La production mondiale de la Nissan Leaf s’est élevée à 19000 unités ce qui pour une berline, classique dans la forme mais révolutionnaire dans le concept, est une performance très honorable d’autant plus que le périmètre géographique de vente était très limité.  10000 voitures ont été vendues aux Etats-Unis, dans seulement 30 états, et 60% en Californie. Nissan Leaf est maintenant vendue dans tous les pays, et 2012 sera évidemment pour le constructeur le véritable test de volume. Voiture de l’année au Japon et en Europe, la Nissan Leaf collectionne les trophées. Les Nissan Leaf auront  parcouru en un an 56 millions de kilomètres et démontré que la distance moyenne parcourue est de moins de 16 km et pour les utilisateurs pendulaires quotidiens environ 60 km. La durée de charge moyenne est de 3 heures. L’autonomie étant le seul point faible des véhicules électriques, ces chiffres sont de nature à rassurer les constructeurs.

Nissan a fêté cet anniversaire par une campagne de publicité amusante qui souligne avec talent et humour l’importance de l’événement.

http://www.nissannews.com/pressrelease/3088/238/nissan-leaf-celebrates-first-birthday-singing-sockets

La Nissan Leaf, qui s’est faiblement vendue en Grande-Bretagne avec 800 exemplaires, sera produite en 2013 dans l’usine britannique de Nissan à Sunderland avec une capacité de production annuelle de 50000 véhicules avec le soutien de la Banque Européenne d’Investissement à hauteur de 420 m£ et du gouvernement britannique (20, 7 m£).

Nissan, particulière soucieux de la disponibilité des stations de charge rapide, multiplie les accords avec les producteurs de ces équipements et en propose un modèle à 1800 $ aux USA. La Nissan Leaf est vendue aux Etats-Unis 35200 $ et bénéficie d’une aide fédérale de 7500 $, donc 27700 $ net soit moins de 21000 €. Par comparaison Fluence est vendue en France 21000 € après aide publique, et 82 € de location de batteries par mois.

Quelle comparaison possible avec les concurrentes ?

Les concurrentes de la Leaf aujourd’hui sont rares car simplement il n’y a pas de voiture électrique de cette catégorie en vente dans le monde. La Mitsubishi iMiev est une petite voiture urbaine. Elle s’était vendue dans le monde à 17000 exemplaires en octobre 2011, dont la Citroën C-zéro et la Peugeot iOn.

Pour trouver une analogie il faut remonter aux débuts de l’hybride. La Toyota Prius s’est vendue la première année au Japon seulement à 17700 exemplaires et il a fallu sept ans pour atteindre les 60000 exemplaires par an.

La vraie concurrence de la Leaf pourrait venir des berlines hybrides plug-in, comme la nouvelle Prius ou la Honda hybrid électrique présentée à Tokyo et annoncée pour 2012. Ce sont des voitures qui visent une autonomie en tout électrique de l’ordre de 20 à 25 km, avec le confort du recours automatique au moteur essence lorsque les batteries sont épuisées.

Prius Hybrid  046

Le statut de la Chevrolet Volt est particulier. Il s’agit d’une voiture électrique dotée de batteries lui conférant 60 km d’autonomie, mais qui bénéficie d’un moteur essence d’appoint pour produire l’énergie électrique nécessaire. Les commentaires aux Etats-Unis présentent la Volt comme la conuurente directe d ela Leaf et suivent mois après mois leurs courbes de ventes respactives, et encore assez erratiques pour tirer des conséquences fiables.

Le prix de la Volt est de 41 000$ US, moins une subvention fédérale américaine de 7500$ US ce qui est largement supérieur à une Leaf et très éloigné des prix habituels des Chevrolet. GM visait un niveau de ventes en 2011 de l’ordre de 10 à 12000 unités aux Etats-Unis, et 16000 dans le monde ; or les ventes devraient plutôt se situer aux USA autour de 7000 (6142 au 1er décembre).

Dans tous les cas, les chiffres s’ils marquent un réel décollage en 2011, sont très loin des ventes de voitures conventionnelles avec moteur thermique. On estime en effet que les ventes de l’année 2011 devraient atteindre 59 millions de véhicules !

Le chemin sera long à parcourir pour transformer la paysage automobile, d'autant plus qu'il est évident que les Etats ne continueront pas à subventionner massivement un produit comme le véhicule électrique quels qu'en soient les mérites. Mais un premier pas, décisif, est franchi, la réalité du marché.

Photos : Salon de Genève 2011, JP Corniou

 


La France s'ouvre à l'open data

Comment dit-on "open data" en français ? Voici ce qu'il nous faudra rapidement établir pour faire comprendre cette transformation majeure de la relation entre les Etats, les collectivités territoriales et les citoyens. Le "partage des données publiques" est en effet une vraie révolution. Mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg. La démocratie y gagne, mais c'est l'économie qui devrait être la véritable bénéficiaire de cette capacité nouvelle à appuyer les décisions individuelles sur des informations qui jusqu'alors n'étaient pas disponibles ou  inexploitables.

Ene effet la philosophie ultime de l'open data est d'inciter les acteurs privés à exploiter ces données publiques pour proposer des services nouveaux à caractère marchand. En effet, la valeur vient non pas de l'accès à la donnée brute, mais résulte d'un process de traitement des informations, de leur rapprochement et de la mise à disposition du client de clefs de décision inédites. 

Le portail francais vient rejoindre un grand nombre d'initiatives mondiales  et régionale, comme Bordeaux ou Rennes. C'est une initiative qu'il faut louer, mais surtout amplifier par une prise en compte par  les entrepreneurs de cette nouvelle opportunité de création de service.

 

Portail open data


Les priorités 2012 des DSI, vues des Etats-Unis...

Alors que sur cette rive de l’Atlantique on parle beaucoup de restrictions budgétaires, comme si le budget informatique des entreprises était infiniment compressible et représentait un fardeau considérable pour les entreprises, quels sont les thèmes mis en avant sur l’autre rive de l’Atlantique ?

A quelques heures de la cérémonie de remise du prix du directeur des systèmes d’information de l’année 2011, le 7 décembre, treizième édition, par 01 Business & Technologies, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’éditorial du président du magazine américain CIO, Michael Friedenberg.

Voici la liste de ses priorités pour les CIOs  en 2012.

10. Data becomes liquid. It will flow like water downhill, in the path of least resistance. Data management must be pervasive and protective.

9. Consumerization of IT explodes. Far beyond device management and bring-your-own-technology, businesses will feel the force of social, mobile, cloud, UI design and gamification. Emerging players such as ­Box.­net, ­Dropbox, Jive and ServiceNow will be surprisingly relevant.

8. UI becomes UE. The comsumerization of IT will also quickly shift attention from the user interface to user engagement. You’ll be measured on how well employees and customers engage with your solutions.

7. E-commerce doubles down on social and mobile. Following the arc of user behavior, social and mobile commerce will expand to make up 20 percent to 30 percent of your overall e-commerce transactions.

6. Virtualization goes viral. Server and storage virtualization? Done. Now the focus moves to desktop, data and mobile virtualization—while addressing security needs, of course.

5. Operationalize cloud. Moving from hype to adoption, cloud conversations now center on implementing, managing and securing solutions.

4. Befriend or battle the CFO and CMO. Given economic pressures and the movement toward automated marketing, you’ll spend more time with these peers. Do you want to compete for cash or collaborate? Your choice.

3. Internal and external growth intensifies. One focuses on transforming internal business processes while the other looks to IT to improve customer engagement and increase revenue. Do you and your team have the skills to drive both?

2. The global economy looms larger. Whether the malaise lingers or disperses, you’ll be forced to rethink and re-examine everything in light of the mega-trends of mobile, social, cloud, big data and consumerization. Freedom and flexibility are the watchwords here.

1. CIO relevance is tested again. CIOs in every industry must master these 10 trends and help your business benefit from them. Move decisively to secure the influence and power you’ve rightfully gained in the past decade. Jump in and add value.

Pour le secteur public américain, les priorités identifiées par l’Association des CIO des états, créée en 1969, une année avant le CIGREF, the National Association of State Chief Information Officers (NASCIO) recoupent largement les précédentes en mettant toutefois plus l’accent sur les infrastructures.

1. Consolidation / Optimization: centralizing, consolidating services, operations, resources, infrastructure, data centers, communications and marketing "enterprise" thinking, identifying and dealing with barriers

2. Budget and Cost Control: managing budget reduction, strategies for savings, reducing or avoiding costs, dealing with inadequate funding and budget constraints

3. Governance: improving IT governance, data governance, partnering, inter-jurisdictional collaboration, industry advisory boards, legislative oversight - achieving proper balance, agencies participating as members of a "state enterprise"

4. Health Care: the Affordable Care Act, health information and insurance exchanges, health enterprise architecture, assessment, partnering, implementation, technology solutions, Medicaid Systems (planning, retiring, implementing, purchasing)

5. Cloud Computing: scalable and elastic IT-enabled capabilities provided "as a service" using internet technologies; governance, service management, service catalogs, platform, infrastructure, security, privacy, data ownership, vendor management, indemnification, service portfolio management

6. Security: risk assessment, governance, budget and resource requirements; security frameworks, data protection, training and awareness, insider threats, third party security practices as outsourcing increases; determining what constitutes "due care" or "reasonable"

7. Broadband and Connectivity: strengthening statewide connectivity, public safety wireless network/interoperability, implementing Broadband Technology Opportunities Program (BTOP) grant

8. Shared Services: business models, sharing resources, services, infrastructure, independent of organizational structure, service portfolio management, marketing and communications related to organizational transformation

9. Portal: maturing state portal, e-government, single view of the customer/citizen, emphasis on citizen interactive self-service, accessibility

10. Mobile Services/Mobility: devices, applications, workforce, security, policy issues, support, ownership, communications, wireless infrastructure

Ces listes font émerger beaucoup de points communs entre les  centres d’intérêt des deux communautés, DSI des entreprises ou du secteur public.

Il est clair que l’informatique du nuage s’impose comme thème fédérateur. Dans le monde de l’IT, concentration, virtualisation, optimisation des infrastructures et des services sont au cœur de la performance économique mais aussi de la flexibilité du service, opéré par des services partagés efficaces. L'optimisation technique et économique passe par l'exploitation pertinente des potentiels du nuage. Cet optimisme tranche avec le réel scepticisme qui demeure en France, peut-être devant le manque de maturité des offres européennes actuelles et le flou de leur modèle économique mais aussi juridique.

Que ce soit pour le consommateur ou le citoyen l’accès libre et facile à tous les services informationnels est devenu une évidence. Tout doit être pensé pour faciliter la vie de l’utilisateur externe. Ceci est d’autant plus nécessaire que la consumérisation de l’IT donne au client l’accès, par les réseaux sociaux, aux avis multiples des pairs. Il ne s’agit plus d’informer les clients ou les citoyens mais d’obtenir leur engagement. Le web est devenu un « medium chaud », qui séduit, convainc, force à l’adhésion. Ceci est aussi crucial pour les équipes internes qui doivent retrouver dans leur entreprise ce dont ils bénéficient à l’extérieur… La mulitplication des outils mobiles d'accès à l'information renforce le besoin de disponibilité, de fiabilité de la distribution de l'information. Le domaine de la santé est mis en évidence dans le secteur public, les Etats-unis ayant pris conscience que seule une rupture technologique permettra de faire avancer leur système de soins, à la fois très coûteux et inéquitable.

Notons que pour le secteur public, la dimension sécurité joue un rôle majeur, comme le développement de la qualité des infrastructures, ce qui laisse penser que les réductions budgétaires ont pu avoir dans ces domaines des résultats néfastes. Les contraintes budgétaires restent bien présentes : la rationalisation des dépenses est toujours une figure imposée. Mais globalement ressortent de ces préoccupations un souci d’investissement dans l’avenir, un avenir informé où consommateurs, collaborateurs, citoyens partagent des flux d’information continus pour prendre, en fonction du contexte, les meilleures décisions. Applications et infrastructures se fondent dans un environnement virtuel de traitement de l’information puissant, fiable, efficace dans lequel chacun peut puiser à sa guise selon ses besoins pour agir.

Au moins autant que les thèmes mis en évidence dans ces deux listes complémentaires, il est intéressant de mentionner les sujets qui n’y apparaissent plus : ERP, desktop, réseau, développement, et plus curieusement compétences… Tout se passe comme si le temps des questionnements sur les infrastructures techniques et applicatives classiques était révolu. Cela doit fonctionner ! L’énergie informatique est largement disponible avec le niveau de qualité et de coût attendu, même s’il faut continuer à faire des efforts de maîtrise et rationalisation des coûts et de qualité de service. Le manque de compétences ne semble plus un obstacle.

Le DSI doit donc consacrer beaucoup plus de temps encore à intégrer dans sa stratégie les vecteurs de transformation de son entreprise et de son organisation pour coller aux besoins des métiers et des clients et exploiter la masse considérable d’informations générée par l’activité économique et par les réseaux sociaux.

Ce qui est vrai de l’autre côté de l’Atlantique ne peut être inutile de ce côté-ci…

Il y a une constante : dans tous les cas, le DSI est soumis à la pression du résultat pour démontrer sa pertinence…

http://www.cio.com/article/695458/Top_Ten_Tech_Predictions_for_2012

Et pour les irréductibles, ici sont listées tous les sites se prêtant à l’exercice de prédictions…

http://www.enterprisecioforum.com/en/blogs/jdodge/my-top-six-top-10039-it-and-technology-p

 


Automobile : Tokyo entre utopie et réalisme

Le salon automobile de Tokyo n’est ni fastueux ni spectaculaire comme ses homologues européens, américains et maintenant chinois. Il ne cherche pas non plus à être exhaustif. Mais c’est le seul salon à être totalement centré sur les seules technologies automobiles et sur des exercices de style parfois extrêmes et insolites. Aussi, chaque édition apporte une vision futuriste de l’industrie automobile qui permet de réfléchir à son évolution possible, voire même probable. L’éventail des motorisations, hybrides et électriques, ne fait que confirmer une tendance observée de salon en salon depuis 2008, alors que le marché, même au Japon n’est pas spontanément acquis à ces solutions. La pile à combustible est toujours présente chez Honda. Et, les voitures deviennent des écrans, intérieurs et extérieurs, pour communiquer entre conducteurs ou servir de support publicitaire comme  chez Toyota avec l’interactive  Fun V-ii ( ii pour « internet interactive »).

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Dans ce pays meurtri il n’y a que quelques mois par un triple drame – tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire – la foi en l’avenir est intacte. Le Tokyo Motor Show 2011, qui se tient du 2 au 11 décembre, consacre, à l’instar des salons concurrents,  un espace dédié aux systèmes de mobilité du futur, Smart Mobility City 2011, vision où l’automobile  s’intègre dans un système cohérent de transport connectés en réseaux par des flux d’informations. La convergence des points de vue à travers la planète, consacrée notamment lors de Shanghai Expo 2010 « Better city, better life », confère à ce modèle de plus en plus de légitimité et de robustesse. Les constructeurs s’y rallient progressivement même s’ils considèrent que les évolutions seront lentes et que les solutions alternatives au moteur thermique classique, optimisé, resteront longtemps encore minoritaires. Tous les véhicules essence classiques font l’objet d’un travail aérodynamique et de recherches sur les moteurs pour alléger considérablement la consommation. C’est la cas de la Mazda 6Néanmoins tous proposent des solutions  qui allient à la fois un groupe motopropulseur électrique, des capacités de connexion très enrichies et une taille compatible avec la circulation urbaine congestionnée. C’est le cas de la Nissan Pico 3 concept, de la Honda Micro Commuter Concept qui s’apparentent à la Renault Twizzy. Les constructeurs tentent également de séduire sur des schémas classiques de voiture plaisir en proposant un grand nombre de concepts de petits véhicules sportifs électriques, tels le coupé Honda EV-STER, à l’issue commerciale incertaine…

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Le Japon a inventé la motorisation hybride et reste le pays où cette technologie rencontre le plus de succès. Il est naturel que tous les constructeurs, suivant les pas du pionnier Toyota, dévelopent leur expertise en matière de blocs moteurs hybrides essence. Toyota avait vendu début 2011 plus de trois millions de véhicules hybrides dans le monde, dont un million aux Etats-Unis et un million au Japon. Conformément à son plan de marche, Toyota a présenté une version  de sa technologie phare initiée il a maintenant 14 ans sur Prius, HSD Hybrid Synergy Drive, adaptée au segment C. Cette petite Prius, appelée Aqua, est une voiture plus courte et plus sportive que sa grande sœur Prius et destinée à une clientèle jeune. Elle émet 76 g de CO2 par km avec sa motorisation combinée de 100 ch. Les ingénieurs de Toyota ont adapté le bloc de la Prius pour l’alléger et le rendre compatible avec les contraintes d’un chassis plus petit comme celui de l’Aqua ou de la Yaris. La Prius hybride est commercialisée dès janvier 2012 en version définitive avec désormais  23 km d’autonomie et donc une émission de CO2 ramenée à 49 g/km. La IQ électrique semble désormais prête pour une commercialisation prochaine.

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Honda compte sur ce segment sur son avance avec la Jazz hybride (au Japon Fit) déjà lancée sur le marché. Néanmoins le marché japonais ne réussit pas très bien aux modèles hybrides de Honda. Le coupé  CR-Z et l’Insight y subissent en 2011 de graves revers : -73% pour le coupé sorti en 2010 et 1500 ventes par mois, contre 8000 en 2010, pour la berline, alors que la Prius se vend  dix fois plus. Honde fidèle à son engagement envers  l’hydrogène présente une nouvelle berline FCV-R (Fuel Cell Vehicle – Reality & Revolution) annoncée pour… 2015.



Le salon de Tokyo  démontre une fois encore qu’entre le rêve des designers et la réalité de la rue il a un pas immense à franchir. Dans le contexte déprimé des économies occidentales, l’automobile n’est pas dans la situation d’effondrement de 2009, mais l’enthousiasme n’est pas là et le réalisme des acheteurs confrontés à des budgets restreints les cantonne à des choix éprouvés et prudents.

NB : les photos n'ont pas été prises sur place, hélas, mais empruntées notamment au très fiable site "blog auto".