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Chronique des salons automobiles : Bruxelles 2010

Le monde de l’automobile prise ses salons qui, une fois par an, rassemblent curieux et passionnés autour de la culture automobile. A  l’ère du web, des blogs et des forums où l’on peut tout apprendre sur les voitures,  les salons pérennisent au-delà des modes la réalité bien tangible de l’automobile, la courbe d’une carrosserie, l’habitabilité réelle et la nature de la finition. Un salon, c’est un rituel où l’on se presse pour admirer la dernière Ferrari ou Rolls Royce, aussi bien que pour étudier sous tous ses angles une plus modeste Fiat ou Opel. Tout est fait pour que le public puisse célébrer les charmes de l’automobile,  s’extasier devant les concept-cars aussi bien que se livrer à une analyse comparative  des astuces plus basiques des constructeurs pour attirer le chaland, distribution de goodies et  hôtesses soigneusement choisies. Aussi, il est frappant, et réconfortant pour l’industrie, de voir un jour de semaine une foule populaire se presser dans un salon automobile. Le salon de Bruxelles a ainsi attiré plus de 600000 visiteurs.

Mais cette fête est aujourd’hui ternie par la crise automobile. La crise, en cassant le rêve, fait éclater l’absurde des sur-motorisations  et surconsommations et rappelle durement que la voiture est avant tout  pour chacun un objet utilitaire et coûteux qui impose le réalisme. Les salons actuels mettent en exergue la faible consommation et  vantent les solutions de propulsion alternatives « vertes », hybrides, électriques et aussi  le gaz naturel. Ils mettent en avant le sens des responsabilités des constructeurs soucieux d’environnement et de sécurité.

Le ton est partout à la rigueur et à la discrétion. Les budgets marketing sont plus serrés. Les stands sont plus sobres, les voitures plus humbles, les concept cars ont déjà été vus. Après Detroit qui du 11 au 18 janvier a mis en scène la résurrection de l’automobile américaine, et avant Genève, en mars, le salon de Bruxelles remplit une fonction intéressante et bien triviale, vendre des vraies voitures à un vrai public. Bruxelles, dont c'était la 88e édition, a toujours été un salon commercial et permet au marché européen de prendre le pouls de la demande en début d’année.

Mais 2010 est assez cruelle pour l’industrie automobile en Belgique, pays qui avait su attirer en terrain neutre les usines des grands constructeurs européens, et qui voit se rétrécir son industrie automobile, car il est plus facile pour un constructeur de se retirer d’un pays tiers que de son pays d’origine. Ainsi après la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde en 1997, le ralentissement d’activité de l’usine Volkswagen de Bruxelles, c’est au tour d’Opel d’annoncer en janvier 2010  la fermeture de l’usine d’Anvers avec ses 3500 salariés.

Il a aussi dans ce salon des signaux tristes. Saab présente sa nouvelle hypothétique berline 95, tant attendue mais qui apparaît au moment où la marque est cliniquement morte, abandonnés à son sort par GM. Le stand arbore fièrement des panneaux avec un cœur et un slogan presque touchant  « We love Saab ». Chrysler présente une gamme surannée et inadaptée, là encore en sursis.

Mais Bruxelles ouvre aussi des voies d’espoir dans la transformation du marché. Une partie importante est consacrée, sous l’égide de GDF Suez, au véhicule électrique. On peut essayer une Volvo C 30, une Mini-E, une Mitsubishi i-Miev, et contempler le déjà mythique roadster Tesla. Sur une courte piste, l’essai routier permet de confirmer qu’un véhicule électrique est une voiture agréable et séduisante. Totalement silencieuse, elle offre des accélérations remarquables et un confort tout à fait conforme au modèle d’origine. Si la Mini électrique est encore un prototype et exhibe une motorisation de 200 cv, la i-Miev, déjà en vente au Japon, est désormais aboutie. On peut d’ailleurs observer à quelques pas sur les stands du groupe PSA, en première présentation mondiale, ses cousines Citroën C-Zéro et Peugeot Ion, qui seront sans aucun doute les vedettes du Mondial de Paris cet automne.

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C’est d’ailleurs le groupe PSA, que l’on disait timide sur le véhicule électrique, qui déploie  le plus d’effort pour démontrer son engagement sur ce segment nouveau, présentant notamment un concept car, BB1, équipé du système de roues arrières à moteur électrique intégré développé par Michelin. 

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 BB1 est destiné à être  produit en série. Plus encore Peugeot dévoile son 3008 Hybrid4  à motorisation diesel hybride électrique (2l diesel, 163 cv et 37 cv électrique), un quatre roues motrices promis pour 2011 aux performances prometteuses (99 g/CO2/km) ainsi que le coupé RCZ hybride, ave un taux d’émisison de 95 g/CO2/km présenté en tant que concept car mais très proche du modèle définitif. Mais la préoccupation de la consommation et des rejets est aussi très mise en évidence sur les véhicules classiques, la nouvelle C3 et la tonique DS3 se flattant de descendre au dessous du seuil de 100g/Co2 par km. Peugeot a lancé à Bruxelles son challenge « Peugeot Eco Cup » concours destiné à sensibiliser les conducteurs européens à une conduite responsable.

Renault largement engagé sur le véhicule électrique présente à nouveau le concept de recharge rapide par remplacement du pack de batteries en trois minutes, le système QuickDrop, et met en valeur la Fluence, berline au design flatteur qui sera, dans sa version électrique, au cœur du projet BetterPlace en Israël et au Danemark.

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 Renault tient également à participer à l’effort global de réduction des consommations des moteurs conventionnels avec sa Clio équipé du Dci 90 cv qui affiche 99 g CO2/km.

Volkswagen croit, comme BMW, à l’avenir du moteur à combustion interne optimisé en déployant son offre BlueMotion à travers sa gamme de petites voitures, Polo  (moteur diesel 1,2 l, 87 g CO2/km) et Golf (99 g CO2/km) et moyennes (Passat BlueMotion 118 g CO2/km) dont les performances élevées  en matière d’émission de CO2 sont dues à l'adoption du système Stop-Start, de boîtes au rapport long, de peneumatiques à faible résistance et d'un design aérodynamique soigné.

BMW décline sur toute son offre son approche « Efficient dynamics » et présente un X6 hybride encore bien gourmand et son concept car hybride et électrique Vision aux lignes futuristes.

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Le groupe Toyota peut se flatter d’avoir été le premier à industrialiser un véhicule hybride dans l’indifférence générale. Toyota met justement en valeur le niveau de compétitivité globale atteint par son modèle emblématique, la Prius, qui entre dans sa douzième année et a déjà été livré à plus de 1,2 millions d’exemplaire, ce qui représente évidemment un banc d’essai considérable qui donne à Toyota une longueur d’avance sur ses tous ses concurrents, y compris Honda  dont la nouvelle  berline Insight est jugée moins accomplie. 

De salon en salon, on peut évaluer les progrès de l'industrie qui joue actuellement une partie économique difficile pour se renouveler, faire évoluer les goûts des consommateurs par des produits attractifs et performants et créer une nouvelle dynamique industrielle. Les motorisations électriques commencent à devenir une solution de court terme, puisqu'en 2010 et 2011 vont s'affronter sur le marché européen plusieurs modèles occupant divers segments du marché. Mais les solutions hybrides ont également de solides arguments pour séduire avec une capacité d'autonomie rassurante pour les clients. Enfin, l'optimisation des motorisations diesel contribuent à baisser efficacement le taux moyen d'émission de CO2. Il est indéniable que l'industrie réagit vite au nouveau contexte environnemental. Il reste à observer les réactions des clients qui ont besoin de comprendre ces nouvelles offres qui, de fait, rendent les choix plus complexes. Les signaux de prix résultant des efforts de constructeurs et des incitations gouvernementales devront être clairement lisibles par le marché, tant en coût d'acquisition que d'usage.

Prochaine étape : Genève en mars.


Un CES 2010 tonique en dépit de la stagnation du marché

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Si le rendez-vous annuel de l’industrie mondiale de l’électronique grand public à Las Vegas était marqué en janvier 2009 par la crise et l'absence de perspectives claires, le CES 2010 veut renouer avec l’optimisme. L’innovation est plus que jamais  le mot d’ordre. La poussée numérique reste constante dans tous les segments de l'industrie.  Si le CES présente depuis l'origine en 1967 toute l’industrie électronique dans un format unique, l’analyse  des enjeux devient de plus en plus difficile tant l’électronique grand public recouvre désormais des champs de nature différente. Ainsi l'électronique de loisir partage les allées de cet immense salon avec les outils les plus pointus de la communication et de l'informatique. Les accessoires prennent une place importante et les gadgets sont nombreux, le kitsch voisinant le design le plus réussi. Le mélange des genres est inévitable. Il faut donc trier, organiser les informations collectées, hiérarchiser pour comprendre les lignes de force de l'évolution de ce puissant marché dans tous les domaines d'activité.

De la performance à l'usage 

Il y a naturellement au coeur de cette manifestation qui su depuis ses origines identifier les courants porteurs de cette industrie une réelle fascination technologique. La surenchère marketing impose à tous les acteurs de déployer leur savoir-faire technique à ses  limites extrêmes. Néanmoins le CES sait faire une place significative aux courants sociaux qui  s'interrogent sur les conséquences de ce développement massif des produits électroniques, tant sur l'environnement que sur les comportements. La réflexion sur les usages est de plus en plus dynamique. Il n'y avait ainsi pas assez de places pour accueillir toutes les personnes intéressées par les thèmes de l'électronique et de la santé. Ce CES qui se positionne comme « post-crise » exhibe la technologie dans sa puissance et parfois sa démesure mais aussi rappelle que ces progrès ont pour finalité ultime de rendre plus facile la vie des hommes et pas seulement à séduire les passionnés de prouesse technique. Aussi les thèmes mis en valeur dans les conférences comme sur les stands insistent sur la dimension sociétale de le technologie et sur la responsabilité sociale  de chaque acteur de la chaîne. 

Ainsi au-delà des figures désormais imposées autour du "green", l’énergie est devenue une préoccupation centrale. Comment consommer moins au niveau de chaque appareil et surtout comment utiliser l’électronique pour rationaliser et piloter la consommation d’énergie des réseaux domestiques est la question abordée par tous les acteurs. Dépassant la seule logique de la prouesse technique, l’électronique apparaît de plus en plus comme un puissant accélérateur de performance dans chaque domaine d’activité, santé, éducation, sécurité des personnes, sécurité routière.

Aussi la lecture du CES 2010 doit se faire sous ces deux angles, les potentiels techniques et les logiques d’usage.

Or l’évolution des bases techniques qui sont les moteurs de cette industrie ne se ralentit pas et la poursuite de la transformation des performances comme leur démocratisation  conduit l’industrie à se place dans une logique de croissance continue, chaque nouvelle étape technique ayant pour objectif de relancer  l’intérêt des consommateurs par des produits plus performants et plus attractifs. C’est parce que la haute définition numérique s’est imposée en télévision que la 3D devient désormais possible à grande échelle.

Une croissance modérée tirée par l'Asie

Il faut dire que pour l’industrie électronique, les chiffres 2009 n’ont pas été aussi médiocres que ceux de la plupart des grandes industries. Toutefois le marché américain accuse en 2009  une baisse de 7,8%  en valeur ( 164,9 milliards $) qui le ramène au niveau de 2007. On tablait il y a un an sur une croissance zéro et ce chiffre représente une déception pour l’industrie qui plus prudemment évoque une hausse timide de 0,3% en 2010. Les données disponibles font apparaître au plan mondial une baisse globale de 2% du chiffre d’affaires de l’industrie, soit 681 milliards $. Le marché mondial sera tiré par la Chine, avec une croissance de 10%, et les autres pays asiatiques. En 2010, ce sont les écrans LCD haute-définition, connectés à internet, les lecteurs Blu-ray, les tablettes, eBook et autres appareils connctables au web, les ordinateurs portables qui vont tirer le marché. Les téléphones portables représentent un segment toujours très actif du marché. Il s’est vendu 1,142 milliard de téléphones portables en 2009 et les prévisions s’établissent à 1,169 milliard en 2010. La croissance du chiffre d’affaires de l’industrie est néanmoins ralenti par la baisse continue des prix unitaires. Un ordinateur portable valait en moyenne 1200 $ en 2005 et moins de 800 $ en 2009 pour des performances sans équivalent.

Il est évident que ce marché est tiré par l’innovation accessible au plus grand nombre. Comme la demande s’est détournée en 2008/2009 des objets les plus coûteux - logement, automobile -  elle se concentre sur les multiples promesses de plaisir accessible offertes par l’industrie des biens et services numériques.  La spectaculaire démocratisation du progrès alimentée par la baisse des prix permet de déployer les outils de la société numérique au plan mondial et dans toutes les couches de la société. Le symbole de cette généralisation est le téléphone mobile  dont la croissance est sans équivalent. Le taux d’équipement des pays matures a dépassé 100% et les pays émergents représentent encore un réservoir de croissance considérable. Avec la montée en gamme des appareils, tirée par le déploiement de l’internet mobile, le marché  sera encore en croissance pour de longues années.

On retrouve le même enthousiasme dans l’industrie des écrans. Il n’a pas fallu plus de dix ans pour enterrer le tube cathodique et aujourd’hui les modèles présentés sont de plus en  plus minces, de moins en moins consommateurs d’énergie et apportent une qualité d’image dont les limites sont sans cesse repoussées.

Si la valeur unitaire de chacun de ces objets numérique baisse, leur multiplication permet encore aux producteurs des marges satisfaisantes, même si la concurrence fait rage.

Ecrans, mobilité et énergie

Le CES 2010 confirme et amplifie plusieurs tendances lourdes déjà identifiées.

1/ Le marché renforce sa bipolarité Etats-Unis /Asie au détriment de l’Europe.

C’est le cas dans le secteur de la téléphonie mobile alors même que l’Europe, où est né le standard GSM et qui est encore la région du monde où la téléphonie mobile est la plus diffusée,  avait réussi à maintenir son leadership dans les équipements d’infrastructure et les terminaux.  dont le géant Nokia, malgré ses performances ( 40% du marché mondial) semble ne pas avoir capté l’essence de l’internet mobile. Son président, Olli-Pekka Kallasvuo, dans une intervention remarquée, explique toutefois que l’essentiel du marché de la téléphonie mobile se trouve dans les pays émergents où ni l’infrastructure, ni la solvabilité des clients ne permettent d’exploiter la 3G. Nokia table sur sa popularité dans ces pays pour faire graduellement évoluer le marché par une approche « low cost » fondée sur son architecture de services OVI en visant 300 millions d’utilisateurs  de services en 2011.

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Bien entendu l’iPhone d’Apple qui a crée les conditions de développement de ce marché grâce à son ergonomie et à son écosystème applicatif, les « Apps », est la cible de toutes les attaques, menées par Google  qui cherche à prendre pied sur le marché prometteur de l’internet mobile tant en multipliant les partenariats (le plus spectaculaire étant celui avec Motorola, star déchue de la première vague de la téléphonie mobile, pour le Droid) que sous sa propre livrée avec le Nexus One.

2/ La mobilité est une préoccupation  omniprésente dans tous les segments du marché. Tous les appareils sont désormais mobiles et connectés en réseau. La continuité numérique n’est plus un sujet de débat, c’est une évidence qui s’impose dans chaque offre. Le "Mobile Internet Device", permet de se connecter à internet en tous lieux et offre une fonction de géolocalisation qui se généralise dans tous les objets, menaçant le marché jusqu'alors très dynamique des outils dédiés de géolocalisation incarné par Garmin et Tom-Tom.

3/ La gestion optimale de l’énergie n’est définitivement plus une revendication militante isolée, elle est désormais une composante incontournable de chacune des offres. 

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 Les grandes firmes comme Samsung, LG, Panasonic, Sharp entrent toutes dans le monde de la production de  cellules photovoltaïques. Elles accordent à l'énergie une place déterminante dans leur offre que ce soit au niveau de la production décentralisée ( solaire, éolien, piles à combustible), la modération et la régulation de la consommation et la recherche de produits beaucoup plus efficaces énergétiquement, comme les LED ou demain les écrans OLED.

Les systèmes de gestion automatique des appareils électrique domestiques - la "smart grid" après le compteur - se multiplient comme les systèmes domotiques de plus en plus  intégrés soit en sans-fil (ZigBee) soit par le courant électrique (HD-PLC).

4/ La 3D sort définitivement de sa (longue) niche expérimentale pour devenir une solution industrielle à grande échelle qui dispose maintenant d'une chaîne complète d'acteurs, du matériel de prise de vue, professionnel ou amateur, à la diffusion, du stockage au traitement des images et à la restitution sur écrans ou par projecteur. Les premiers téléviseurs 3D vont apparaître sur les marchés courant 2010.

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Foisonnant et intense, le CES apporte une vision toujours très riche de la contribution de l'électronique grand public à la transformation de notre environnement quotidien. C'est une source incomparable d'inspiration pour ceux qui veulent, d'un seul regard, embrasser la complexité systémique de cette industrie et des usages qu'elle permet de développer désormais dans tous les pays du monde et dans toutes les catégories d'utilisateurs.