Le véhicule électrique accélère !
Volvo, entreprise chinoise, un choc pour l'industrie automobile mondiale

Le XXI siècle boucle sa première décennie. Peut mieux faire.

Déjà la fin de l'année 2009. Une année qui sera pour beaucoup à oublier !  Si l'actualité au fil des jours n'apporte guère de motifs de satisfaction - croissance en berne, chômage en hausse, endettements records - les facteurs plus structurants de notre devenir collectif ne sont pas non plus très euphorisants. L'échec de Copenhague nous renvoie à une dure réalité que l'on avait pensé devoir oublier, non sans naïveté, avec l'élection de Barack Obama. Il n'y a pas de gouvernance mondiale, et notre singulier vaisseau spatial, avec ses 6,7 milliards de passagers, n'a ni plan de vol, ni équipage, ni commandant de bord. Plus exactement ceux qui aspirent à en devenir les pilotes se battent comme des chiffonniers dans le cockpit. Curieuse découverte que de constater sur un des sujets les plus globaux, les plus engageants quant à l'avenir de notre population de terriens, qu'il est impensable pour un dirigeant de transcender les oppositions immédiates - celles de son opinion publique, celle de son Congrès -  pour se centrer sur l'essentiel, le long terme. Ce qui est vrai des dirigeants politiques est également vrai pour les dirigeants d'entreprise. La décennie 2000-2009, qui s'achève dans le naufrage de Copenhague est également celle où l'on a sacrifié des milliers de milliards de dollars au culte du court terme, au nom de spéculations vaseuses mais d'enrichissement bien tangible pour une petite minorité.

Mais pourquoi attendre des dirigeants un autre comportement que le notre ? Comme écrivait  Corneille dans le Cid " Pour grands que sont les rois, ils sont ce que nous sommes; ils peuvent se tromper comme les autres hommes".  Se tromper est admissible. Le faire avec un acharnement égoïste l'est un peu moins. Mais une à une les barrières de l'élégance de la pensée, du respect, de la décence, de la pudeur, voire même du droit, se sont affaissées.  

L'opinion souhaite, semble souhaiter si l'on croit les spin doctors, des gens normaux, près du peuple, qui se trémoussent dans des publicités vidéos, qui jouent au peuple, sans cravate, sans cette distance hiératique qui marquait les puissants de naguère. Et bien nous les avons. Pipoles affectant de parler mal, de vivre comme tout le monde, de penser argent, coteries, copains. Gens qui se déchirent pour faire la une des médias, usant jusqu'à l'écoeurement du "je" sans jamais valoriser le nous, ne négligeant ni la provocation, ni la vulgarité pour le plaisir d'un bon mot. Nous pensions avoir des femmes et hommes politiques, nous avons des show men et women, le talent en moins. Pourquoi les amuseurs publics ont-ils tant de succès ? Ils dépassent leurs modèles, sans devoir trop forcer le trait, et puis cela a moins de conséquences funestes sur nos vies. A force de faire sembler de penser mal, on pense mal. Le verlan n'est pas là où on le blâme. Nous sommes dans la surface des choses, dans le culte de l'événementiel. Et vogue la galère. 

Bon. Soit ! Et alors ? Encore un peu de culture classique, même si cela va bientôt être proscrit. "Gémir, pleure, prier est également lâche, fais énergiquement ta longue et lourde tâche ". Il y a sûrement une autre voie. Transformer son indignation en action. Créer chaque jour un peu de sens autour de soi. revaloriser l'engagement, le respect de la parole donnée, éclairer, expliquer, écouter, se frayer un chemin digne entre les tentations de l'abandon, redonner à la vertu républicaine tout son sens : un peu d'abnégation, la capacité de fabriquer du long terme au-delà des passions et des intérêts du moment, penser "intérêt général"... mais je m'égare ! Nous sommes là pour parler de technologie, non ? 

J'ai beaucoup d'admiration pour les savants et inventeurs qui ont passé des années de leur vie à surmonter les sarcasmes de leur entourage, mû par une idée, souvent obsessionnelle. Rares sont ceux qui ont fait fortune avec leur vision, leur talent. Souvent même ils ont englouti leurs ressources dans leur rêve. J'ai une affection particulière pour l'un d'entre eux, un des pères lointains de l'informatique moderne, Charles Babbage. Il consacra sa vie entière à mettre au point sa "machine à différences", capable de calculer et surtout d'imprimer les résultats, le plupart des erreurs de calcul se produisant à la transcription. Il ne parvint jamais à faire fonctionner cette machine. L'ironie de l'histoire est que les ingénieurs du Science Museum de Londres ont réussi en 2002 a construire cette machine avec les plans de l'époque. Elle fonctionne ! Le problème se trouvait non pas dans la conception, mais dans la capacité des matériaux et des tolérances d'ajustement de l'époque. Cherchons un peu du côté des savants, inventeurs et entrepreneurs d'aujourd'hui ceux qui bravant le culte du court terme et de la gloire éphémère des magazines préparent les réponses de demain. Et souhaitons leur de réussir maintenant à percer pour faire avancer la science et la raison autrement que dans les chroniques de Stéphane Guillon.

PS : Pour ceux qui n'ont vraiment pas le moral, je ne conseille pas de lire la dernière livraison de Courrier International qui publie un dossier spécial, comme si l'actualité ne suffisait pas, sur "Prophéties, apocalypses & fins du monde". Pour ceux qui, ayant échappé à la grippe H1N1 (non ce n'est pas R2D2) et à la grève du RER A, qui sont sortis vivants de l'Eurostar, mais qui croient sincérement que la fin du calendrier maya en 2012 signifie la fin du monde, je vous invite à profiter pleinement du réveillon, des dernières huîtres (elles disparaîtront en 2010), du dernier champagne (avec le réchauffement climatique, il faudra le produire en Norvége, mais je doute du bien fondé de l'appelation), du dernier foie gras (car il faut en finir avec les traitements inhumains des animaux), des derniers voeux du Président (il fait en finir avec cette tradition idiote, l'année prochaine ce sera un petit film amateur avec une webcam publiée en catimini sur Facebook par un jeune populaire introduit subrepticement dans les cuisines de l'Elysée pour faire du buzz)... Courage !

 

Commentaires

Hubert Vaudaux

Superbe article, je partage votre point de vue:)

Xicor

Repassez dans un an...

La première décénnie du XXI siècle a commencé le 01/01/2001 et se terminera le 31/12/2010.

Ce n'est pourtant pas compliqué : pour compter une dizaine de bonbons, on compte de 1 à 10 et non pas de 0 à 9 !!!!

JPC

Il y a débat, certes, sur ce vieux problème d'intervalle... On a fêté le passage à l'an 2000 le 1er janvier 2000, non ? Donc de 2000 à 2009 il s'est bien écoulé dix ans, soit en français une décennie. CQFD. On fête bien son premier anniversaire au terme de ses 365 premiers jours, entre 0 et 1 ? Ceci dit, on s'en fout un peu... L'essentiel est de capter l'essence de cette période et on aime bien les symboles pour marquer le temps avec des jalons.

Benoît Héricher

"On a fêté le passage à l'an 2000 le 1er janvier 2000", certes mais on a fêté le passage au XXIème siècle un an après!
L'an 1 est la première année d'une ère (pour le calendrier grégorien, c'est donc la première année après la naissance du Christ) : il n'y a pas d'année zéro! Sauf pour certains anciens soixante-huitards, mais c'est encore une autre histoire!

Comme vous le dites : "Mais pourquoi attendre des dirigeants un autre comportement que le nôtre ? " : les symboles forts et simples à retenir sont effectivement plus appréciés que la précision et la rigueur

Cela dit, votre article est très intéressant. Bonne année... et bonne fin de décennie!

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