Retour aux sources de l'innovation
15 juillet 2009
Pour les jeunes de la génération Y, l'informatique n'est pas un sujet d'histoire. Néanmoins, pour comprendre d'où viennent les objets d'aujourd'hui et à quoi vont ressembler les objets connectés de demain, il est indispensable de jalonner l'histoire de cette jeune technique, qui bien que courte, est fertile en transformations rapides. Ce n'est que le début...
L’évolution de l’informatique a été marquée par trois tendances lourdes aux cours des trente dernières années. L’addition de ces transformations ouvre la voie à un changement total dans la nature même de l’informatique et du traitement de l’information dont nous ne percevons encore aujourd’hui que de prometteuses prémices :
- Accélération exponentielle des performances
- Conquête de la « mobiquité » = mobilité + ubiquité
- Démocratisation
1/ L’accélération exponentielle des performances
Que ce soit dans la puissance des processeurs, la capacité des mémoires, la bande passante des télécommunications, les progressions exponentielles des performances de chaque composant de la chaîne de traitement de l’information a permis de découvrir et de s’approprier des usages de plus en plus confortables, diversifiés et imaginatifs . La leçon de cet apprentissage est que l’innovation va toujours au-delà de ce qu’imaginaient ses promoteurs dès lors qu’elle répond à un besoin latent. Les sceptiques sont vite débordés par la puissance de la vague d’adoption d’usages nouveaux , les délais se raccourcissent entre les annonces techniques et la mise en service commercial.
Prenons trois exemples:
- La téléphonie mobile
- La premier téléphone mobile analogique, dit de première génération 1G, Radio Com 2000, né en 1986, était limité aux véhicules, avec des appareils encombrants : Il y eut 60000 abonnés. C’était un produit élitiste.
Radiotéléphone mobile Sagem de première génération
- La première génération de téléphones mobiles numérique avec la norme GSM, 2G, adoptée en 1982, a commencé à se diffuser en France à partir de 1991 avec une bande passante de 9,6 kbit/sec
- La troisième génération numérique à haut débit , ou 3G, est annoncée en 2002 et l’offre commerciale démarre dès 2004 avec 384 kbits/sec débit largement suffisant pour commencer à exploiter les services de mobilité astucieux, incarnés dans l’iPhone né seulement en juillet 2008
- La 4G avec 1 Mbit/sec est annoncée pour 2010
- La capacité de stockage
Il en est de même avec les capacités des stockages des mémoires flash dont les performances sont à la base des succès que sont les baladeurs numériques, les appareils photos , les outils de stockages mobile. La première clef USB a été commercialisée en décembre 2000 avec 8 MB de mémoire, soit 5 fois plus que les disquette de l’époque, limitées à 1,44 Mo. Aujourd’hui les modèles courants de clefs USB contiennent 4 à 8 GigaBit pour moins de trente euros.
- Les micro-ordinateurs portables et l’accès à l’internet
Si globalement la micro-informatique, depuis 1981 et le premier IBM PC, a représenté en soi une révolution dans l’accès à l’information numérique, c’est sûrement l’ordinateur mobile qui en a radicalement changé l’usage. Le premier portable fut créé en 1981, l’Osborne 1, et pesait 11 kg avec 64 ko octet de mémoire. C’était une impressionnante valise . Il se vendait 1800 $, soit l’équivalent actuel de 2200 €. Un netbook de 1200 g avec 1024 Mo de mémoire coûte moins de 300 €.
Ordinateur (trans)portable Osborne 1 de 1981
2/ La conquête de la « mobiquité »
Pendant près de quarante ans, l’informatique était pour la plupart de ses utilisateurs confondue avec le terminal d’accès aux services, le couple écran/clavier qui reproduisait la machine à écrire et un mode d’organisation du travail statique, assise et hiérarchique. Parce que la technique a permis d’alléger les machines, de les rendre plus fiables, plus autonomes, on dissocie désormais l’accès à l’information de son support matériel. On a conquis le droit de travailler, de s’informer, de se distraire où on veut, quand on veut, avec n’importe quel objet communiquant. Ainsi l’informatique se dilue dans les usages que l’on en fait, de façon contextuelle. Il suffit de prendre le TGV pour voir que chacun dispose maintenant d’une forme diversifiée de terminal, aux services multiples… La notion de poste de travail unique, qui a été une première conquête des DSI pour rationaliser leur parc en vue d'améliorer la qualité de service est en train de se dissoudre.
Les objets communicants se multiplient et internet est désormais accessibles à partir de plusieurs plate-formes, donnant le choix de la disponibilité d’accès et de la forme de l'objet communicant. Ceci se résume dans l'acronyme ATAWAD, cri de guerre de la génération Y : AnyTIme Any Where Any Device !
3/ Démocratisation
Le moteur technologique est tellement puissant que les performances doublent tous les dix-huit mois à prix constant. De plus la technique facilite l’interface homme/machine, abaissant sans cesse la barrière de l’accès technique qui se banalise. De ce fait l’accès à la technologie se diffuse dans toutes les couches de la société, permettant des usages inimaginables il y a encore 15 ans .
Il y a aujourd’hui 58 millions d’abonnés au téléphone portable en France, 4 milliards dans le monde ! On dénombre 1,7 milliards d’accédants à internet. Évidemment la démocratisation conduit au développement d’une immense capacité non seulement de « réception » de message comme ce fut le cas avec la presse écrite, la radio et la télévision mais d‘émission ce qui inverse le flux historique de diffusion de l’information et de la connaissance. Parce que la technique autorise une vraie démocratisation, on peut concevoir, écrire, diffuser textes, images, vidéos documents multimédia avec des moyens financiers très limités et un bagage technique tellement minimal qu'il devient entièrement intuitif.
Ce texte sert de trame à mon intervention pour « Les dossiers de BFM » consacrés à l’innovation, en compagnie de Nicole Aubert, professeur en Psychologie et Sciences sociales à l’ESCP-EAP, Rafi Haladjian, co-créateur de la société Violet, pionnier de l’internet des objets avec notamment son fameux lapin Nabaztag, et Jean-Philippe Vanot, directeur exécutif de France Télécom en charge de l’innovation, de la R&D et du marketing de l’opérateur.
L’émission sera diffusée une première fois le samedi 18 juillet à 14 heures, puis les dimanches 2 et 23 août à 13 heures.
Elle sera également disponible en podcast dès le 20 juillet sur bfmradio.fr