Retour vers le futur
15 février 2009
Mon disque dur est intraitable : il garde tout ! Ranger n'est pas inutile et je découvre chaque fois quelques raisons de m'attrister sur les singulières répétitions de l'histoire. Le 13 octobre 2003, je publiais ce texte auquel je n'ai pas changé une ligne. Ce n'est, hélas, pas nécessaire. On peut tout simplement craindre que cela ne soit encore plus difficile.
Pour une relance sélective de l’investissement
informatique
Au moment le plus sombre de l’offensive allemande de septembre 1914, Foch déclare : « Mon centre cède, ma droite recule : situation excellente. J’attaque ». En ces temps de croissance zéro et de doutes sur notre capacité à relever les défis de notre époque, il est temps d’arrêter de gémir pour réagir et saisir toutes les opportunités d’offensive.. Et si nous prenions conscience collectivement que le futur ne dépend que de notre capacité à tirer profit d’une matière première infinie, insuffisamment exploitée : la matière grise ? En misant sur l’intelligence, la créativité, la connaissance, on pourrait redonner confiance à l’Europe des générations montantes et retrouver le chemin de la croissance et de l’emploi. C’est une longue et rude tâche, mais seul le premier pas coûte. Il faut se (re)mettre en marche dès maintenant
Depuis près de trois ans, les lampions de la fête de la nouvelle économie sont éteints, mais les potentialités des nouvelles technologies demeurent largement inexploitées. Or le développement de l’intelligence aujourd’hui implique la mise en mouvement de toutes les compétences reliées par le réseau mondial que constitue Internet. Le grand mérite de la nouvelle économie est d’avoir financé des infrastructures performantes. Nous avons – presque tous - désormais à notre portée un ordinateur individuel, relié au monde par des réseaux haut débit, et doté d’une interface enfin standard, celle du navigateur web. Il faut maintenant exploiter cet outil pour en tirer la dynamique de changement que depuis son origine l’informatique a toujours recélé tant dans les entreprises que dans les administrations.
Mais instruit par l’expérience, il ne faut pas se précipiter dans le désordre. Une relance sélective et pragmatique des investissements est la voie que nous devons instruire. Elle sera financée par une sélectivité méthodique et l’abandon sans nostalgie des outils obsolètes.
Quatre étapes
s’imposent :
- d’abord il est indispensable qu’au plus haut niveau
de l’entreprise, comme des structures publiques, les dirigeants établissent un
bilan sans fard des investissements informatiques des cinq dernières années. Il
faut revisiter les budgets en bannissant les « services votés », examiner
l’état des grands projets, faire le diagnostic de l’infrastructure et relever,
avec les acteurs de terrain, ce qui marche, ce qui est améliorable et ce qu’il
faut jeter sans acharnement thérapeutique ;
- ensuite il faut établir une matrice des thèmes
d’action en classant les sujets selon
un indice de criticité et un indice de faisabilité, pour privilégier les
victoires rapides ;
- en troisième lieu, il faut construire un plan
d’action daté et chiffré sur les 24 prochains mois avec l’engagement commun
responsable opérationnel / informaticien de livrer chaque trimestre un système ou
des actions de valorisation des outils existants transformant effectivement les pratiques. Evitons les
cathédrales technologiques pour se concentrer sur l’essentiel, les processus de
travail, les ruptures dans l’usage;
- en dernier lieu, il faut mettre les équipes au travail en choisissant des couples utilisateurs/informaticiens, toniques et compétents, et en leur donnant un budget limité pour lancer des projets à impact rapide. Ce peut être aussi bien la suppression des applications inutiles que l’on maintient par routine, que la simplification des applications anciennes grâce au web, l’enrichissement des contenus de l’intranet et des sites web ou le déploiement de l’entreprise étendue vers les clients et les fournisseurs.
Il faut redonner aux
équipes, notamment les plus jeunes brisées par le pessimisme ambiant, le goût
d’entreprendre, de bousculer les routines et les citadelles, pour transformer les
sempiternelles critiques contre « l’informatique » en propositions
d’actions. Rien ne va. J’attaque.
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