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Prochaine publication

LeWeb15ansdéjà

Le projet de livre que j'avais provisoirement intitulé  "La République de l'internet" est entré maintenant en phase de fabrication et sera disponible en librairie le 14 janvier 2009.

Ce blog changera le même jour. Il permettra une mise à jour, plus fréquente et plus visuelle (note personnelle à l'attention de Louis Naugés), des informations contenues dans l'ouvrage "papier", pour devenir, je le souhaite, un authentique lieu de débat sur l'évolution du web dans toutes ses dimensions économiques, sociétales et politiques. Le blog permettra aussi de traiter d'autres sujets, comme les "nouvelles technologies de l'énergie", qui vont être très proches des "nouvelles technologies de l'information" dans leur esprit de décentralisation et d'innovation. La mutation que les Etats-Unis vont engager dès le 20 janvier avec l'arrivée de l'équipe de Barack Obama sera l'opportunité pour nous tous de capter l'esprit de transformation pour l'intégrer dans notre vieille Europe plus que jamais coincée entre les nouvelles puissances du BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine - et des Etats-Unis blessés à la recherche d'une nouvelle donne.

Ce blog restera personnel, donc indépendant et libre de toute contrainte. Mais il sera aussi plus intimement lié à la production et à l'expérience du jeune cabinet de conseil avec lequel je coopére comme directeur général adjoint, Sia conseil. Sia a fait le choix, avant mon arrivée, d'une stratégie originale de partage de la propriété intellectuelle sur le web. Je m'inscris parfaitement dans cette orientation stratégique. "Conseiller" est un mot fort que beaucoup de consultants avaient oublié. Sia conseil... conseille ! Je suis donc profondément en phase avec ce que nous produisons chez Sia, ce qui est à la fois un plaisir intense et aussi une responsabilité. Nous souhaitons devenir le cabinet de référence du "consulting 2.0", celui de l'innovation, de la créativité et d e la transformation. Ce blog fera donc parfois référence à ce que nous produisons chez Sia, dans un souci de cohérence et d'éthique intellectuelle.

Le blog changera donc de forme mais restera aussi fidèle, pour une partie de son contenu, à la réflexion sur la maîtrise et l'impact des technologies de l'information dans l'entreprise. Il est évident pour beaucoup d'entre nous que l'avenir de l'informatique professionnelle se situe dans l'exploitation des techniques issues du web. Cette mutation prendra du temps et nous devons l'accompagner avec discernement. 


Obama, la science et les technologies de l'information

 

Barack Obama a exploité mieux que tout autre Internet et les ressources du web 2.0 pour déployer une campagne électorale exemplaire de rigueur et de méthode. Il en a également fait un moyen de financement redoutablement efficace en privilégiant le nombre de donateurs,notamment jeunes internautes, au volume.

 

Homme d’une nouvelle génération, Obama ne considère pas Internet et le web comme des outils auxiliaires mais il les place au cœur de son action politique. Cette compréhension intime de la technique ne se limite pas aux techniques de l’information et de la communication, mais touche la science en général dont il veut faire le levier de transformation de l’économie des Etats-Unis. Bien entendu, dans un monde «Hot , flat and crowded », comme le décrit dans son dernier ouvrage Thomas Friedman plaidant pour « une révolution verte » , Obama a bien compris que cette nouvelle frontière de l’énergie qui permettrait de « guérir l’Amérique de son addiction au pétrole » serait aussi, et surtout, un moyen de développer les investissements dans les richesses et les emplois de l’avenir.

Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube le 3 novembre, quelques heures avant son élection, et intégrée dans son programme intitulé « The Blue Print for Change » Barack Obama détaille son projet politique envers  la technologie. Il a compris la profonde logique de la grande convergence du XXIe siècle qui associe les industries du traitement de l’information - l’écosystème informatique - et celles de la mise en relation - les télécommunications- aux "fabricants" de contenu, émetteurs et récepteurs. Il y intégre un volet énergétique qui aux Etats-Unis est très directement associé aux technologies de l'information, la Silicon Valley mettant son expérience entrepreuriale et ses réseaux de financement au service de cette industrie nouvelle.

La révolution  informatique est derrière nous, pourrait-on désormais penser.  Place à la transformation de notre vie quotidienne grâce aux techniques désormais aussi invisibles qu’omniprésentes. Place au sens dans une démocratie numérisée où la construction de la pensée et de l’action politiques se font grâce au débat contradictoire et informé. Obama retrouve, quelques années plus tard, mais avec désormais le recul de l’expérience à grande échelle de quinze années d’internet, l’inspiration d’Al Gore et de Bill Clinton quand au rôle majeur dans la transformation de la société du  développement des usages des technologies de l’information, de la communication et de la connaissance

Le premier axe des ambitions d’Obama  est d’abord de doubler les crédits fédéraux pour la recherche et de rendre permanent le dispositif de crédit impôt recherche, car la science et l’innovation sont  la clef des transformations à venir, de la compétitivité et des emplois. Il veut protéger le développer des start-ups de demain en renforçant les dispositions anti-trust et continuer à attirer les meilleurs talents mondiaux par une politique attractive de l’immigration. Il est admis que 50% des produits, et des emplois, qui seront courants dans vingt ans n’existent pas encore. Seul l’investissement dans la recherche, le développement  et les compétences peuvent les faire émerger. La compétition économique ne se joue pas sur le seul coût de la main-d'oeuvre mais sur l'innovation.  La résolution des problèmes de société n'est pas un coût, mais une opportunité de croissance à valeur ajoutée plus utile socialement que les produits financiers dits "structurés", bel euphémisme...

Fort de son expérience du web au cours de sa campagne, Barrack Obama veut créer « une démocratie transparente et connectée » permettant aux citoyens de disposer d’un accès en ligne à tous les documents publics, sans culte du secret. Les contrats fédéraux, les financements publics, les actions des lobbies seront rendus publics sur le web. Les citoyens pourront également poser des questions en temps réel, proposer des suggestions et émettre des commentaires sur les projets de lois. Ce serait ainsi un forum public permanent qui permettrait au législateur de connaître et surtout comprendre les aspirations de l’opinion avant de prendre leurs propres responsabilités.

Il considère qu’une des premières finalités des technologies de l’information est de résoudre les problèmes des gens, en premier lieu la santé et l’éducation. Il faut que les lieux publics, écoles, universités, bibliothèques, hôpitaux soient tous reliés par des réseaux haut débit. Il est essentiel de redonner goût aux enfants et étudiants pour les matières scientifiques en développant une culture technologique permettant de faire naître les scientifiques et ingénieurs de la prochaine génération.

Le développement d’une infrastructure médicale informatisée permettra de baisser les coûts de la santé, exorbitants aux Etats-Unis, de réduire les erreurs et d’améliorer le niveau général de santé grâce, notamment, au dossier médical informatisé. Il faut rappeler que la France, après en avoir brillamment lancé l'idèe, à laisser se dissoudre le projet de DMP dans les méandres du corporatisme, de la bureaucratie et de l'impuissance publique.

Citant Google et son implication dans l’énergie solaire, Obama conclut son intervention sur  l’énergie verte, propre et renouvelable, désormais pleinement intégrée dans la révolution technologique, qui  sera un vecteur d’innovation et de transformation des habitudes énergétivores des américains.

Bien entendu, cette transformation radicale des usages implique que le haut débit soit accessible à tous et en tous lieux, et à un prix que chacun puisse payer. Mais c’est un moyen, pas une finalité.

Barack Obama sait que les Etats-Unis, aujourd'hui blessés dans leur économie comme dans leur honneur, ne sont jamais meilleurs que dans l'épreuve. En faisant de la science et de la technologie un de ses thèmes prioritaires, il reprend à son actif l'aventure spatiale comme celle des "autoroutes de l'information" qui avaient marqués l'action de ses prédécesseurs. Aux antipodes de Joe Six Pack et des hockeys mums, il souhaite mettre encore plus haut la barre pour continuer à permettre aux Etats-Unis de développer et renouveler leur leadership mondial.

POur l'Europe, et la France, c'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle car cette dynamique accélérera la sortie de la crise mondiale autour de thèmes d'action innovants et prometteurs. Une mauvaise nouvelle car l'agenda de Lisbonne, à qui il ne reste que deux petites années pour se concrétiser, va prendre un vrai coup de vieux. Une mauvaise nouvelle encore car les Etats-Unis restent une puissance redoutable et que le rééquilibrage atlantique que leur faiblesse aurait pu un temps faire espérer à certains n'est vraiment pas au coin de la rue avec une nation galvanisée par un Barack Obama porteur d'espoir et de... compétence.

Yes, we can... A nous de ne pas attendre que la puissante machine américaine, après voir un moment douté d'elle même, se remette brillamment en route. N'oublions jamais qu'Obama, même plébiscité par plus de 85% des français, est d'abord et avant tout un américain. Il fera ce qui est nécessaire dans l'intérêt supérieur des Etats-Unis. Il aura raison. Faisons la même chose, mais plus vite encore !  Oui, nous le pouvons !