La république de l'internet ... Suite !
25 août 2008
Très occupé pendant cet été par la mise au point du manuscrit sur "La République de l'internet", j'ai délaissé ce blog que je retrouve avec plaisir.
Mon investigation sur l'impact d'internet et du web dans nos vies m'a conduit à revisiter plusieurs domaines que j'avais déjà abordés dans ce blog et à mettre en cohérence mes observations et analyses. Cet exercice salutaire donne naissance à un manuscrit épais, riche de 450000 signes et 285 pages, qui couvre un vaste champ. Découpé en onze chapitres, le livre cherche à montrer comment internet et le web touchent chacun des aspects de la vie sociale. Le citoyen, le consommateur, le producteur ne fonctionnent plus dans ce monde informé en temps réel comme il y a dix ans. Des seuils insensibles, mais irréversibles, ont été franchis dans le domaine des consommations culturelles, de l'organisation des voyages, des achats courants et même des relations avec l'administration. La communication interpersonnelle est totalement bouleversée par l'utilisation systématique du courriel et du SMS qui ont balayés tous les autres supports.
D'autres secteurs font apparaître des bilans plus nuancés. L'éducation n'a pas été transformée par internet. Non pas que les élèves et étudiants en sous-estiment l'usage, dont ils ont bien compris les mérites et les facilités, mais l'insertion du web dans le processus pédagogique est encore très superficielle. Le monde de la santé hésite encore alors même qu'en recherche médicale internet a démontré son efficacité. Mais la relation avec les malades est encore peu outillée.
Quant à la politique, on est dans un vaste tourbillon paradoxal. Le personnel politique a bien compris l'usage de l'internet comme moyen de promotion personnelle, et éventuellement, de production d'idées. Mais la compréhension des transformations induites dans l'exercice même de la démocratie, dynamisée, rééquilibrée par internet et le web reste très marginale.
Au départ de ce parcours de réflexion, je pensais qu'internet pouvait jouer le même rôle de déclencheur vertueux que le mouvement des encyclopédistes au milieu du XVIIIe siécle. En mettant le point final, je suis plus sceptique. Puet-être d'ailleurs me suis-je laissé emporter par mon optimisme sur la portée réelle de l'Encyclopédie ? Il ets patent toutefois que le web 2.0 n'apporte pas que de l'intelligence en ligne ! Les roueries de l'esprit humain ont su s'approprier ce nouvelle espace que la technologie nous apporte.. Il y a, avouons-le, beaucoup de bêtise, de naïveté, de vulgarité, de manipulation sur le web. C'est aussi normal que frustrant. Ouvrir les vannes de l'expression ne révèle pas que les talents !
Favoriser le débat, faire émerger les idées dont nous avons besoin pour résoudre les terribles problèmes de notre petite planète ne suffit pas à faire germer la créativité et la responsabilité. Et le bon vieux réflexe totalitaire des états a su contrôler ce qui paraissait aux pionniers utopistes une terre nouvelle échappant aux poids de l'histoire.
Oui, les Jeux de Pékin ont été une belle fête du sport. Rien à signaler. On y met des blogueurs en prison. Rien à signaler. Quelqu'un attendait autre chose ?
Se résoudre à voir les utopistes céder devant les coups de boutoir de Big Brother n'est certes pas la solution du coeur. Mais il faut admettre que la fête de l'internet céde tout doucement la place à la realpolitiik qui répond si intimement aux voeux de tous les pouvoirs que personne vraiment ne s'en offusque. Le bon vieux combat, âpre, des républicains contre la facilité et la démagogie a devant lui un nouveau terrain d'exercice. Puisse cette réflexion sous la forme d'un bon vieux livre imprimé y contribuer. Puisse le prolongement naturel du débat sur ce blog enrichir ce substrat pour nourrir l'action !
Big Brother contre les utopistes ? Il faut sûrement tracer cette dificile voie de la raison : ni désordre, ni totalitarisme, mais un chemin exigeant et vertueux.