e-Voeux 2007
31 décembre 2006
En caricaturant (légèrement), le rituel des vœux satisfait un plaisir simple et peu coûteux, projeter dans l’année suivante la réalisation de tout ce qu’on a pas pu faire l’année précédente ! Ce mode, bien commode, de l’optatif exprime à la fois les désirs et les espoirs. Dans le domaine des technologies de l’information, la liste est longue !
Mais le passage à l’action se révèle bien difficile. Dans le monde réel, l’atteinte des résultats est conditionnée par la mise en œuvre de trois leviers fondamentaux : vouloir, pouvoir, savoir. Vouloir, c’est fixer des objectifs qui permettent de se rapprocher d’une vision désirable et partagée. Pouvoir, c’est créer les conditions favorables à l’action, c’est valoriser les initiatives et décider en prenant des risques mesurés. C’est aussi contrôler que ce qu’on a décidé sera bien suivi d’effet. Le pouvoir recouvre le vaste champ de la gouvernance qui permet d’assumer des décisions dans le temps en en mesurant et en contrôlant l’impact. Enfin, savoir, c’est partager une culture, un vocabulaire, des connaissances permettant d’étayer la décision sur autre chose que des poncifs, des idées à la mode. C’est aussi faire confiance à la « science », qui ne doit pas se résumer à un recueil de recettes, mais à de véritables connaissances fondamentales étayées par la recherche et l’expérimentation.
Alors établissons la liste de tout ce qu’on a pas fait, ou insuffisamment accompli, et qui devrait changer en 2007 pour le bien commun :
- prendre conscience, une bonne fois pour toute, qu’Internet a tout changé en une décennie dans tous les domaines et que sous-estimer cet tsunami mondial, politique, économique culturel conduit à faire de graves erreurs d’analyse et de politique
- faire admettre partout (entreprises, collectivités, services publics…) que les dépenses consacrées aux technologies de l’information ne sont ni un luxe, ni une dépense fatale, ni un coût injustifié, mais un investissement méthodiquement choisi et contrôlé, piloté dans sa construction et sa mise en œuvre, et suivi dans ses résultats pour créer de la valeur mesurable
- considérer que les acteurs oeuvrant dans le champ des technologies de l’information doivent être des professionnels compétents, certifiés, audités, et qu’il n’y a plus de place dans ce domaine critique pour l’amateurisme et l’improvisation,
- valoriser les outils de conception, de pilotage, de suivi obéissant aux référentiels et normes internationales afin de développer une culture homogène permettant une compréhension des "objets technologiques" en faisant ainsi de la gouvernance des systèmes d'information un outil incontournable d'efficacité et de transparence,
- reconnaître à tous les DSI des entreprises françaises ce que la plupart de leurs homologues anglo-saxons ont obtenu, un statut de dirigeant à part entière. Reconnu et respecté, le DSI est valorisé car capable de faire évoluer leur entreprise, non plus seulement en faisant fonctionner convenablement les infrastructures - ce qui est une figure imposée -, ni même en améliorant les processus actuels, mais surtout en construisant de nouvelles pratiques permettant d’étendre le champ du possible
- dé-diaboliser les solutions ( outsourcing et offshore vs informatique « maison », mais aussi logiciels libres vs Vista… par exemple) pour affronter ces vrais débats, et quelques autres lourds de conséquences comme la modernisation du portefeuille applicatif, avec méthode et prendre des décisions rationnelles, fondées sur des analyses d’impact précises et soucieuses de l’intérêt général à long terme
- développer une véritable culture économique des technologies de l’information qui permette non seulement de connaître les coûts mais surtout de les comprendre pour agir et construire toutes les conditions de la création de valeur lucide et maîtrisée
- réhabiliter le goût de l’innovation, le sens du risque, le plaisir de la créativité pour explorer de nouveaux horizons et changer sans être tétanisé par le futur que, par construction, on a encore un peu de chance de pouvoir influencer !
- former les utilisateurs, les prescripteurs et tous les décideurs pour qu’ils mettent en place tous les préceptes précédents et continuer à apprendre sans cesse
Enfin, faire en sorte que la campagne électorale de 2007 ne soit pas pilotée par un logiciel obsolète, franco-français et antérieur à la société mondiale de l’information pour contribuer à donner à notre pays toutes les chances d'en être un acteur crédible !
Excellente année 2007 !