Paris capitale du libre
Usuals suspects ?

Léthargie estivale : fin de l'épisode !

Merci aux fidèles de ce blog de l'avoir quand même consulté assidûment depuis la publication de mon dernier papier le 28 juin dernier alors qu'aucun nouveau texte n'a été mis en ligne, consacrant mon temps à d'autres activités plus physiques et manuelles. C'est aujourd'hui chose faite avec une réflexion sur le monde du libre qui ne manquera pas, je l'espère, de susciter des commentaires. Et un retour à un rythme de publication plus régulier ! Et si nous lançions une réflexion sur la place de l'économie de la connaissance et du numérique en général dans la campagne présidentielle ?
Bonne rentrée à tous et à très bientôt sur le net ou IRL !

Commentaires

Denis Szalkowski

Excusez-moi tout d'abord pour le retard que j'ai pu mettre à vous répondre.

Le conservatisme que j'évoquais dans le post que j'ai mis en lien recouvre, en matière informatique, plusieurs aspects.

Les infogérants auxquels vous avez faits appel sont des sous-traitants comme les autres, puisqu'en réalité, ils font eux-mêmes appel à de très nombreux sous-traitants. Le choix de l'infogérance est donc le plus souvent un choix d'organisation en terme de gestion de la relation au personnel, en terme de relation fournisseurs par la volonté de diminuer les interlocuteurs (un souci historique chez Renault).

Dans la réponse à mon billet, vous évoquez le fait que Renault n'avait pas la maîtrise d'oeuvre et d'ouvrage d'applications métier. Deux grandes interrogations m'étranglent : comment est-ce possible et, avant toute considération de rationalisation, n'était-ce pas là la priorité des priorités ? Je pense tout de même qu'aujourd'hui, après votre passage, les choses ont dû changer sur ce terrain.

Ce que, fondamentalement, je conteste dans l'infogérance, c'est qu'elle broie la culture d'entreprises qui est un élément différentiel fort structurant de l'identité de l'entreprise, voire de la marque. Les infogérants amènent leurs méthodes et leurs outils qu'ils déploient à tour de bras, y compris chez le concurrent. Dans ce contexte, l'entreprise a de plus en plus de mal à se différencier et la destruction de la valeur peut s'opérer à grands coups de budgets publicitaires. Recourir à la sous-traitance, c'est avant tout renoncer à financer de nouveaux emplois, l'augmentation des revenus salariaux et, par la destruction de la valeur liée à la pub, des investissements. Le conservatisme est sur ce point idéologique.

En transférant le travail vers les infogérants, la volonté est avant tout de standardiser le système d'information, parfois diminuer les gros salaires des informaticiens maison. L'informatique est vue avant tout comme un centre de coûts. Le paradoxe de Sollow s'applique toujours à la vision majoritaire des DSI de notre pays, qui restent majoritairement éloignés de toutes considérations techniques souvent de par la formation qu'ils ont reçue et la mission qui leur est confié. Pour ma part, je préfère la recherche de gains de productivité en tant qu'objectif prioritaire. Certes, elle peut revêtir la forme de la rationalisation à court terme que vous évoquiez. Je ne le conteste pas. A moyen terme, l'infogérance totale est un gouffre par la sur-intermédiation qu'elle génère en amont et bon nombre d'entreprises font au moins le choix d'un retour en arrière partiel. Par ses choix en formation, en personnel, la recherche de la productivité par l'infogérant n'est pas souvent une priorité. Le salut passe alors par Bengalore !

J'ai vu, avec grand intérêt, que vous intéressiez désormais à l'Open Source. Sur mon blog, vous avez peut-être pu constater que c'était un de mes sujets de prédilection. Dans votre responsabilité de Dsi, quelle est la place que vous avez donnée à l'Open Source ? Quelle est la place que les infogérants lui ont donnée ? Etait-ce d'ailleurs leur intérêt ? N'y avait-il pas pourtant des économies à faire, substituant du travail humain, de la formation, des compétences et des savoir-faire, de la production à l'achat des logiciels des éditeurs ? Or, si on en juge le cas de Microsoft, très présent chez votre ancien employeur, les profits servent-ils à investir ? En 2004, Microsoft a pris la décision de distribuer 75 milliards de bénéfices à ses actionnaires. Et l'innovation dans tout ça ?

Pour ces quelques raisons, je reste persuader que, par mimétisme ou par conservatisme, le choix de l'infogérance n'est pas un choix pertinent. Une autre informatique reste toutefois possible. Mais il est très difficile de se faire entendre, sur ce terrain, dans le contexte des médias et des pouvoirs de la France d'aujourd'hui.

jpcorniou

Merci pour votre réponse courtoise, documentée et argumentée. Il y a effectivement matière à un débat serein sur ce sujet difficile ! Je ne me classe pas parmi les ayatollah de l'infogérance car cette solution recouvre en fait une infinité de situations et il faut à chaque fois un diagnostic clair et un "ordonnance" très adaptée au problème à résoudre. Nous avons consacré beaucoup de temps et de soin à cette phase amont de diagnostic. Le système que j'ai conçu et cherché à mettre en oeuvre essayait de concilier culture d'entreprise et recherche de gains d'efficacité, dosage salué par les experts extérieurs comme novateur. C'est effectivement là l'équation de base : on ne sous-traite pas son système nerveux central, mais on peut faire faire par des professionnels extérieurs des tâches bien identifiées et contrôlées qui s'intégrent dans une architecture générale. C'est bien à l'entreprise, et à elle seule, de concevoir cette vision globale et de répartir les tâches d'exécution. C'est ce qu'on appelle désormais gouvernance mais qui finalement n'est qu'une forme organisée ettransparente de saine gestion des ressources.

Quant à l'innovation en informatique, c'est un sujet capital qui mérite une réflexion apporfondie. ma conviction - etc'est un des thèmes de mon ouvrage "La société de la connaissance", est que l'informatique se pare des atours de la modernité alors que les vraies innovations y sont fort rares, et que les innovateurs ont souvent connu l'échec. mais c'est un autre sujet...

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